Sur sa page Twitter, le célèbre blogueur saoudien Moujtahed a estimé probable qu’une personne proche du prince héritier et ministre de la Défense de l’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane, est impliquée dans l’affaire de Jamal Khashoggi, journaliste saoudien porté disparu depuis le mardi 2 octobre.
Dans une série de tweets, ce mardi 9 octobre, le blogueur saoudien, Moujtahed, a écrit :
« Les détails que la Turquie va publier sur le sort de Jamal Khashoggi seraient suffisants pour mettre fin à la vie politique de Mohammed ben Salmane. L’affaire risque de prendre de plus en plus d’ampleur, si bien qu’elle aboutira à des prises de position à l’échelle internationale contre le gouvernement saoudien et son irrespect envers les lois. La personne même de Mohammed ben Salmane, aussi, risque de faire l’objet d’une poursuite judiciaire à la Cour pénale internationale de La Haye (CPI). Cette affaire pourrait même conduire le gouvernement américain et surtout Donald Trump à renoncer à leur soutien à Mohammed ben Salmane, voire à se débarrasser de lui pour éviter des ennuis. »
Le mercredi 3 octobre, la fiancée du journaliste saoudien Jamal Khashoggi a annoncé qu’il s’était rendu au consulat d’Arabie saoudite à Istanbul, dont il n’est jamais sorti.
Alors que les autorités turques ont annoncé trois jours plus tard que tout laissait conclure que M. Khashoggi avait été assassiné, les responsables saoudiens ont prétendu ne rien savoir sur son sort, ajoutant qu’il est sorti du bâtiment du consulat.
Faisant allusion, par la suite, aux documents dont disposeraient les responsables turcs, Moujtahed ajoute :
« Bien qu’ils disposent de suffisamment de documents et d’informations, les autorités turques attendent que le processus juridique, judiciaire et informationnel de l’affaire arrive à son terme, afin que le rapport final permette de traduire Mohammed ben Salmane en justice, en présentant des preuves authentiques et défendables. »
Toujours d’après le blogueur saoudien, « deux facteurs contribuent à ce qu’on puisse parvenir rapidement à un résultat dans l’enquête. Le premier facteur est, selon Moujtahed, l’amateurisme des auteurs de l’événement qui ont utilisé des méthodes rudimentaires de dissimilation. Le deuxième facteur réside dans le fait que les Turcs sont relativement expérimentés dans les affaires sécuritaires parce qu’ils ont déjà eu affaire aux Kurdes, à Daech, au service de renseignement syrien et autres ».
Ces jours-ci, le prince héritier saoudien, Mohammed ben Salmane, vit dans l’angoisse. La nature des demandes élaborées par Ankara aurait fait comprendre à Ben Salmane que les responsables turcs ont accès à des informations bien complètes. Mais ce que, Moujtahed, craint le plus le prince héritier saoudien, c’est la réaction de Washington. Les Américains ayant probablement reçu des informations selon lesquelles leur appui à Mohammed ben Salmane n’aurait plus aucune justification, le prince héritier s’inquiète du moment où il se verrait abandonné par l’allié américain.
Une source sécuritaire en Turquie a annoncé samedi soir que simultanément à la présence de Jamal Khashoggi en Turquie, 15 personnes, parmi lesquelles des responsables saoudiens, se trouvaient eux aussi dans ce pays. Ils étaient venus à Istanbul à bord de deux avions et toutes les 15 personnes ont regagné par la suite les pays d’où elles étaient venues.
À ce sujet, la page Twitter de Moujtahed ajoute :
« L’une des 15 personnes qui, d’après les responsables turcs, étaient arrivées en Turquie et en étaient, par la suite, sorties simultanément à la disparition de Jamal Khashoggi est un individu très proche de Ben Salmane et qui aurait lui-même dirigé l’opération. Si cette information s’avère exacte, cela signifie que l’opération s’est effectuée en recourant à des méthodes absolument pas professionnelles, l’homme en question étant réputé être un imbécile, quoiqu’il soit entré en Turquie en utilisant une fausse identité. »
Les tweets de Moujtahed nous apprennent également que d’autres membres de la famille royale saoudienne sont envahis d’angoisse et d’inquiétude quant à l’avenir du gouvernement ; ils parlent entre eux d’un jeune immature qui, en organisant l’assassinat de Khashoggi au consulat, risque de détruire le royaume.
L’affaire Khashoggi a pris tellement d’ampleur, à tel point que les inquiétudes à son sujet affectent maintenant les Nations unies, Amnesty International et le gouvernement américain. Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a exprimé ses inquiétudes quant à la disparition du journaliste dissident saoudien. Il a même affirmé avoir ordonné l’ouverture d’une enquête à Istanbul.
Presque une semaine après la publication de rapports sur l’affaire Khashoggi et les réactions qui l’ont suivie, le président et le vice-président des États-Unis, Donald Trump et Mike Pence, ont eux aussi décidé d’y réagir.
« Je suis préoccupé par cette histoire. Je n’aime pas ce que j’entends à ce sujet. Pour l’instant personne ne sait ce qui s’est passé. De mauvaises histoires circulent. Je n’aime pas ça », a déclaré lundi Donald Trump.
Pour sa part, Amnesty International a appelé la communauté internationale à mettre fin à la violation de la liberté d’expression en Arabie saoudite avant de préciser :
« La communauté internationale doit rompre son silence assourdissant face à la répression de la liberté d’expression en Arabie saoudite et réclamer aux autorités saoudiennes des explications immédiates quant au sort réservé à Jamal Khashoggi et à l’endroit où se trouve cet homme. Si les informations qui circulent sont exactes, les autorités doivent ouvrir sans délai une enquête indépendante et les responsables présumés doivent être traduits en justice, quel que soit leur rang ou leur statut. »
Source: Avec PressTV