Quelques jours à peine après le début de l’affaire Khashoggi, la Turquie s’est mise à assurer détenir des enregistrements sonores ou vidéos sur les circonstances de son assassinat présumé. Sans jamais les montrer. Naturellement, elle aurait dû en libérer le contenu lors d’un point de presse. Or, via ses médias, elle livre comme argent comptant et au compte-goutte les informations censées émaner de ces enregistrements. Elles sont toutes plus horribles les unes que les autres.
La dernière de ces présumées révélations est que le journaliste saoudien Jamal Khashoggi a été décapité. Bien entendu, elle n’est pas contradictoire avec celle que son cadavre a été découpé avec une scie. Le choix de la scie comme arme du crime est certes judicieux, car il verse dans l’horreur.
Un autre détail est dument propagé sur la scène du crime: « l’équipe de combat a coupé les doigts de Khashoggi puis sa tête », écrit le quotidien Yeni Shafak qui s’est partagé la diffusion des détails de l’assassinat présumée avec Sabah news.
Il est dit aussi selon ce dernier que son assassinat a eu lieu en présence du consul Mohamad al-Otaïba qui aurait protesté qu’il soit perpétré dans son bureau, puis a été sommé de se taire.
« Si tu veux arriver en Arabie saoudite et vivre là-bas, tais-toi », lui aurait dit l’un des auteurs de l’assassinat, révèle le journal turc, à la foi bien sur des enregistrements détenus par les forces sécurité turques.
Le journal réitère que la victime a été torturée « très douloureusement » auparavant. Ces derniers jours, a version de l’acide qui aurait été utilisé pour faire fondre son corps a aussi été avancée.
Des détails d’une nature différente sont aussi divulgués. Entre autre sur les auteurs de l’acte : il s’agirait de l’un des gardes du corps personnel du prince héritier Mohammad ben Salmane qui l’aurait abattu de ses propres mains.
La semaine passée, il a été question dans les médias turcs que c’est grâce à la montre Apple de M. Khashoggi, connectée sur son portable, via le programme ICloud et gardée auprès de sa fiancée que les enregistrements ont été réalisés. Un détail de grande valeur car il réconforte l’histoire des enregistrements.
Force est de constater que les innombrables détails donnés par la presse turque, se complètent et ne se contredisent pas. Il y a dans leur divulgation progressive un effort destiné à tenir le destinataire en laisse : l’Arabie surtout. Mais tant que les enregistrements ne sont pas montrés en bonne et due forme, on peut douter de leur existence.
La Turquie peut se permettre de donner des détails les plus affreux, sans que les saoudiens, les seuls à même de savoir ce qui s’est réellement passé, ne puissent ni démentir ni confirmer.
Le fait que les Turcs n’aient pas divulgué officiellement les enregistrements ni n’en ont exposé le contenu laisse à penser sur leurs réelles intentions.
Soit ils veulent faire chanter les Saoudiens avec lesquels les relations n’étaient pas au beau fixe, pour obtenir un traitement de faveur, bien arrosé.
Soit ils n’ont aucun enregistrement et feignent en avoir, usant de leur imagination pour illustrer le scénario le plus plausible qui aurait pu avoir eu lieu. Le but serait peut-être de pousser les Saoudiens à reconnaitre les faits qui ont eu lieu sur leur sol, et n’en constituent pas moins un affront que seul Mohammad Ben Salmane a le toupet de faire.
Source: Divers