Le gouvernement belge a annoncé jeudi avoir choisi le F-35 américain pour remplacer sa flotte vieillissante d’avions de chasse F-16, au détriment notamment du Rafale français, au risque de s’exposer aux critiques des partisans d’une Europe de la défense.
« Une claque », « une très mauvaise nouvelle pour l’Europe de la défense »: des experts n’ont pas tardé à dénoncer ce choix même s’il n’est qu’une demi-surprise tant le F-35 de Lockheed Martin faisait figure de favori depuis des mois.
L’offre américaine était « la meilleure sur le plan du prix et sur le plan opérationnel », a déclaré à l’AFP le ministre belge des Affaires étrangères Didier Reynders, après la conférence de presse ayant officialisé la décision.
De son côté le Premier ministre Charles Michel a d’emblée voulu parer aux critiques en vantant des achats militaires qui s’inscrivent « à la fois dans le cadre de l’Otan et dans le cadre européen ».
Il a expliqué que l’achat des 34 avions F-35, qui remplaceront progressivement les F-16 à compter de 2023 pour participer à des opérations internationales, se faisait en même temps que celui d’autres équipements, européens ceux-là, parmi lesquels des véhicules blindés de fabrication française.
La Belgique avait lancé en mars 2017 une procédure d’achat de 34 avions de combat pour remplacer une cinquantaine de F-16, un achat estimé à 3,6 milliards d’euros.
Les Etats-Unis pour le F-35 et le Royaume-Uni pour le Typhoon – fabriqué par le consortium Eurofighter intégrant aussi l’Allemagne, l’Italie et l’Espagne – ont répondu en bonne et due forme à l’appel d’offres formulé d’Etat à Etat.
Mais le gouvernement français s’est distingué en proposant en septembre 2017 « une coopération approfondie » avec l’armée de l’air belge, dépassant la simple fourniture des Rafale du groupe Dassault.
Une proposition que le ministre de la Défense, le nationaliste flamand (N-VA) Steven Vandeput, a rapidement écartée, la jugeant hors du cadre juridique fixé.
« Nous regrettons que la France se soit volontairement soustraite à l’obligation de présenter une offre dans le cadre de notre mise en concurrence transparente », a-t-il déclaré jeudi.
Didier Reynders a laissé entendre que l’offre française était hors course depuis plusieurs mois.
Une victoire des nationalistes flamands
En Belgique certains voient le choix du F-35 comme une victoire des nationalistes flamands réputés atlantistes.
« Ce n’est pas un choix européen, c’est pire qu’une claque, c’est désespérant pour l’Europe de la défense », a fustigé Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Robert Schuman, un centre de réflexion européen.
Pour cet avion, fait valoir l’expert, « la maintenance et le modus opérandi dépendent d’un contrôle des Etats-Unis, y compris en opérations, avec des logiciels opérés depuis là-bas. C’est une des raisons du refus de l’Allemagne » de l’acquérir (à l’inverse de l’Italie, de la Norvège, du Danemark ou des Pays-Bas, ndlr).
Quant à l’annonce de l’achat de plus de 400 blindés français, Christophe Wasinski, y voit « une opération de communication du gouvernement belge ».
« Il a cherché à noyer le poisson en disant qu’il n’achetait pas que du matériel américain, alors que la star de ces acquisitions est bien le F-35 », estime le professeur des relations internationales à l’Université libre de Bruxelles.
Source: Avec AFP