Admettant la remise en cause de son méga plan de 500 milliards de dollars qui visait à transformer un rivage saoudien vierge en un centre commercial futuriste, Mohammed ben Salmane a étonné une délégation d’affaires lors d’une récente rencontre.
Lors d’une réunion privée, Mohammed ben Salmane, le prince héritier saoudien a explicitement parlé des conséquences du meurtre de Jamal Khashoggi dans le consulat d’Arabie saoudite à Istanbul tout en reconnaissant que l’affaire aller nuire au projet ambitieux Neom notamment en chassant des investisseurs étrangers, a rapporté le quotidien économique britannique Financial Times.
« Plus personne ne va investir dans le projet pour au moins des années », a déclaré le dirigeant saoudien, selon un des collègues de ceux qui avait pris part à la réunion.
Les commentaires du prince héritier étaient une reconnaissance du fait que la crise déclenchée par le meurtre de Jamal Khashoggi risquait de saper ses audacieux projets de modernisation du royaume conservateur avec le soutien de capitaux et de compétences étrangers, a indiqué le Financial Times.
Neom, le projet le plus vaste et le plus ambitieux annoncé par MBS, a toujours été considéré comme un risque élevé ; une ville en démarrage fondée sur des technologies de pointe, de la robotique à l’intelligence artificielle.
Mais la crise provoquée par le meurtre de Khashoggi compromet la capacité du royaume à attirer le financement et les compétences en haute technologie nécessaires à la réalisation de ce projet.
« Neom est largement mis en cause, ça c’est sûr », a déclaré un conseiller du secteur privé en ajoutant : « Certes, nos clients [du gouvernement] ne sont pas tournés vers l’extérieur pour le moment. »
Depuis le meurtre du journaliste saoudien, les conseillers de Neom, y compris l’architecte Norman Foster, ont pris leurs distances par rapport au projet, soulignant les risques politique et de mauvaise réputation liés à l’association avec le prince héritier, a fait savoir Financial Times.
L’économie saoudienne était déjà en difficulté avant que le meurtre de Khashoggi en octobre ne déclenche la plus grande crise diplomatique du royaume avec l’Occident depuis les attentats de septembre 2001 aux États-Unis. Les conjonctures actuelles ont contraint MBS à se tourner vers des entreprises locales.
Au cours des dernières semaines, les chefs d’entreprise ont été convoqués à huis clos avec le prince héritier pour relever les défis auxquels ils sont confrontés dans leur lutte contre la croissance économique morose et le sentiment de déprime qui les a gagné, a noté le quotidien britannique.
Situé sur la côte nord-ouest du royaume, Neom ne se compose pour le moment que de deux palais où le roi Salmane a passé ses vacances d’été au lieu de ses escapades habituelles au Maroc et en Europe, a rappelé le quotidien.
Il comprend également un complexe hôtelier qui a accueilli des délégations de financiers et d’experts venus par avion pour échanger des idées autour des plages situées entre des montagnes escarpées et des eaux infestées de requins. Mais il est devenu plus difficile pour le prince héritier d’attirer les investisseurs, a poursuivi le quotidien.
Ben Salmane a dévoilé la ville embryonnaire lors d’une conférence d’investisseurs fastueuse l’année dernière, qui a attiré les banquiers et hommes d’affaires les plus puissants du monde et a été surnommé «Davos in the Desert». Par la suite, l’événement de cette année, le « Davos in the Desert de 2018 » qui s’est tenue trois semaines après le meurtre de Khashoggi a été boycottée par de nombreux financiers internationaux, a évoqué le quotidien.
Masayoshi Son, le fondateur de Softbank, qui s’était fié sur un financement saoudien de 45 milliards de dollars pour financer son fonds « Vision », a déclaré au prince Mohammed ben Salmane que la crise de Khashoggi l’avait mis dans une position difficile, ont indiqué les personnes informées de la réunion ajoutant que le prince entêté avait été amené ensuite à s’excuser.
Par ailleurs, un projet solaire de 200 milliards de dollars avec SoftBank qui était déjà considéré comme insensé et irréalisable selon les habitués du ministère de l’énergie, a été réduit aussi, ont déclaré deux personnes proches de l’accord.
L’entrepreneur britannique, Sir Richard Branson a également suspendu les discussions avec Riyad sur ses projets d’investissements dans des sociétés spatiales, ce qui a incité le royaume à mettre fin aux négociations à venir sur le projet de transport Virgin Hyperloop One.
Plusieurs transactions d’investissements dans l’industrie manufacturière et la vente au détail ont également été gelées, ont déclaré des banquiers et des avocats.
Quant au secteur privé, le climat est frappé par des années d’austérité et ça a touché le fond en novembre dernier, lorsque le prince Mohammed a condamné des bastions du commerce dans sa répression anti-corruption, effrayant ainsi les investisseurs étrangers, a analysé le quotidien.
Il convient de rappeler que l’un des principaux détenus, l’ancien ministre de l’Économie, Adel Faqih, était le pivot du plan de transformation « Vision 2030 » du prince héritier. Sa détention a ralenti le programme de réformes, les effectifs ayant été changés et les plans redéfinis, ont annoncé des conseillers cités par Financial Times.
Source: PressTV