Accompagné par John Bolton, le conseiller à la sécurité nationale de la Maison-Blanche, le président américain est arrivé ce jeudi en Irak pour une visite inopinée.
Le « débarquement » du président américain dans la province d’al-Anbar (ouest) où les États-Unis détiennent une base militaire de plus en plus contestée et de plus en plus large, a provoqué l’ire des officiels irakiens.
Le Premier ministre Adel Abdel Mahdi a refusé de s’entretenir avec le président américain. Un communiqué du gouvernement irakien a évoqué « une divergence de points de vue ».
Ainsi, le président des États-Unis a été largement boycotté en Irak où il a été traité à titre de représentant d’une puissance d’occupation. Des réactions extrêmement hostiles à cette visite ont fusé de tout part.
Tes forces militaires seront retirées contre ton gré
Réagissant à cette visite, le chef du Hezbollah irakien, Qais al-Khazaali, s’est adressé à Trump en affirmant que « la riposte des Irakiens se fera par l’adoption par le parlement d’une résolution exigeant le retrait de tes forces militaires contre ton gré. Faute de quoi, nous possédons l’expérience et la capacité de les faire sortir d’Irak grâce à d’autres moyens que tes forces les savent très bien ».
Pour sa part, le chef du bloc parlementaire al-Islah (Moqtada Sadr) a appelé une session parlementaire urgente pour discuter de « cette violation flagrante de la souveraineté de l’Irak et mettre fin aux comportements agressifs de Trump qui doit savoir ses limites. L’ère de l’occupation américaine de l’Irak est révolue ».
Il en est de même pour le bloc al-Binaa (Hachd al-Chaabi) qui a fermement dénoncé « la violation fragrante des normes diplomatiques…L’administration américaine, qui a été vaincue en Irak, cherche des prétextes pour y revenir. C’est ce que nous n’autorisons jamais ».
L’Irak sera une base pour intervenir en Syrie
Donald Trump qui s’est rendu à la base aérienne d’Ayn al-Asad dans la province d’al-Anbar dans l’ouest irakien, s’est d’ailleurs payé le luxe de menacer la Syrie à peine une semaine après son annonce du retrait de ses forces de ce pays.
À Ayn al-Asad où il a rencontré les soldats US, Trump a très clairement annoncé qu’il n’envisageait pas de retirer les troupes américaines d’Irak mais qu’au contraire il comptait utiliser ce pays comme une « base » si nous souhaitions faire quelque chose en Syrie.
« Daech a été vaincu et le calife est parti et s’il est nécessaire de mener une opération en Syrie, cette opération sera lancée à partir de la base militaire américaine en Irak », a ensuite menacé Trump dont l’armée a multiplié ces derniers temps ses bases de campement à al-Anbar, sur les frontières avec la Syrie où sont déployés les forces de la Résistance irakienne.
Israël ira bien
Plus loin dans ses propos, le président américain est revenu sur le retrait des forces américaines de Syrie, affirmant qu’il n’était pas du devoir des États-Unis de reconstruire des pays (même dans le cas où ils les ruiné ces pays) et que cette tâche revenait aux pays riches de la région, allusion qui renvoie à l’Arabie saoudite qui aurait accepté de prendre en charge financièrement cette reconstruction, à en croire le président US.
Interrogé sur l’impact de ce retrait sur Israël, Trump a estimé qu’ « il ne pense pas que cela affectera Israël ». Et d’ajouter : « j’ai discuté de cette question avec Netanyahu et lui a rappelé que les Etats Unis transféraient des milliards de dollars à Israël chaque année. J’ai transféré l’ambassade à Jérusalem (occupée), nous prendrons toujours soin d’Israël qui ira bien ».
Trump et son épouse ne sont restés en Irak que trois heures au cours desquels ils n’ont pas quitté la base d’al-Anbar où quelque 7 000 soldats US sont stationnés.
Le secrétaire démissionnaire à la Défense, Jim Mattis s’est fait remarquer par son absence aux côtés du président US. Trump a annoncé le dimanche 23 décembre le remplacement par intérim de Jim Mattis, dès le 1er janvier 2019, soit plus tôt que prévu, par son adjoint Patrick Shanahan.
L’escale du président américain en Irak intervient sur fond d’une montée sans précédent des ressentiments anti-américain en Irak où le Parlement s’apprête à faire passer un projet de loi stipulant le retrait des troupes américaines d’Irak.
Les analystes politiques relèvent la singularité du boycott dont a fait l’objet le président américain en Irak. Alors que partout ailleurs où il arrive, et à commencer par l’Europe, le président américain se permet de ne soigner ni son langage ni son comportement.
Avec AlQuds al-Arabi + PressTV + médias israéliens