Leur avertissement quant aux activités des sociétés chinoises et l’octroi de grands projets stratégiques d’Israël à Pékin n’ayant pas été écouté, les autorités militaires et de renseignements du régime israélien ont décidé de relever le niveau d’alerte en insistant sur le fait que la marine d’Israël serait espionnée par la Chine d’ici deux ans.
Shaul Horev, directeur du Centre pour la stratégie maritime de l’Université de Haïfa, a déclaré que « la décision du cabinet israélien présidé par Benjamin Netanyahu d’accorder des permis d’investissement dans des affaires stratégiques telles que le port de Haïfa et de confier leur gestion à des sociétés publiques et privées chinoises n’est qu’une simple décision économique faisant fi des calculs politiques et militaires, décision qui portera atteinte aux intérêts stratégiques d’Israël ».
Interviewé par le journal Yediot Aharonot, Shaul Horev a déclaré qu’avec le parachèvement du projet du port de Haïfa en 2021, « s’ils le veulent, les Chinois pourront espionner la marine israélienne via le plus proche point de contrôle ». Haïfa est le port israélien par où le régime de Tel-Aviv compte faire transiter le gaz de la Méditerranée via la mer Rouge à l’Europe.
Le choix chinois est stratégique dans la mesure où Pékin ne laissera ni les USA ni leurs alliés s’emparer du détroit de Bab el-Mandeb ni de la mer Rouge pour perturber le transit de ses marchandises vers l’Europe.
La base centrale de l’unité maritime de l’armée israélienne se trouve non loin du port de Haïfa dont la Chine a pris en main le réaménagement et la gestion.
Shaul Horev a déclaré que le commandant d’un navire lance-roquettes ou d’un sous-marin doit savoir que des autorités étrangères se trouvent à proximité de la base et que celles-ci pourraient être informées de leurs actions, en particulier dans le domaine de l’électromagnétisme. Si une unité navale teste une nouvelle roquette depuis le port de Haïfa, les Chinois, s’ils le souhaitent, peuvent comprendre exactement ce que cette unité maritime fera.
« Les Américains, nos principaux alliés, nous disent que la Chine représente une grande menace stratégique pour nous. Israël ne peut pas rester les bras croisés et laisser une société publique chinoise gérer le port de Haïfa sans aucune consultation avec le gouvernement américain. C’est pourquoi nous proposons au cabinet de Netanyahu d’annuler ce contrat avec les Chinois, quel qu’en soit le coût », a affirmé cet expert israélien.
Haïfa, la plus grande ville portuaire d’Israël, a régulièrement accueilli des exercices navals américano-israéliens et des navires américains. Cependant, l’accord de 2015 entre le ministère des Transports israélien et la société chinoise jette un doute sur l’avenir du partenariat américano-israélien. Les Américains ont peur que l’influence de la Chine dans un lieu d’une telle importance stratégique, non loin d’une base navale israélienne, mette en danger les moyens de renseignement israéliens et empêchent les navires militaires américains de mouiller à Haïfa.
De même, la marine américaine a menacé, à la mi-décembre, de suspendre ses opérations à Haïfa dès que les Chinois reprendront le port en 2021, au terme d’un accord avec le gouvernement israélien.
Force est de constater que les tensions entre les États-Unis et leur allié israélien ne cessent de monter d’un cran au sujet du port de Haïfa et de la présence chinoise dans ce port stratégique israélien.
Le point qui mérite réflexion, c’est qu’il semblerait que le cabinet israélien n’entend pas revenir sur son accord de coopération avec la partie chinoise, malgré les menaces et les avertissements des USA, et qu’il souhaite en quelque sorte contourner l’allié américain pour parvenir à ses propres objectifs économiques et commerciaux.
Source: PressTV