A Varsovie, on s’attendait à une photographie du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu parmi les djellabas… La grande majorité des dirigeants des pays Golfe qui y étaient conviés ont exceptionnellement abandonné leur tenue traditionnelle et se sont cantonnés au costume-cravate. Peut-être dans un effort de communication destiné à passer inaperçu, par crainte des réactions de leurs opinions publiques. Ou serait-ce pour mieux ressembler à leur prochain allié israélien…
N’empêche, Netanyahu a paru très fier de lui, comme s’il était entouré des siens.
Ces derniers temps il s’est beaucoup vanté d’avoir rallié des pays arabes à son camp, s’en attribuant le mérite, comme s’il s’agissait de son exploit à lui seul.
Pour ceux qui savent les méandres du conflit arabo israélien, il est bien apparent que cela fait bien longtemps que la plupart des dirigeants arabes avaient admis Israël dans le concert de leurs nations.
Il suffit de se mémoriser l’initiative du roi Fahd en 1981, un an avant l’invasion israélienne du Liban, et l’expulsion de la résistance palestinienne et de la Syrie du pays du Cèdre et qui avait proposé une reconnaissance d’Israël en échange d’un Etat palestinien sur les territoires de 1967.
Avant cette concession gratuite, les défaites militaires des ِِِArabes avaient illustré leur manque de volonté de combattre Israël et de le vaincre. Leur dernière guerre en 1973 le montre bien: alors que ses troupes réalisaient des avancées importantes contre les forces israéliennes, le président égyptien Anouar Sadate a décidé de stopper la guerre et de reconnaitre Israël en 1979. L’Égypte était un poids lourd dans le monde arabe.
Trois années plus tard, le flambeau de la capitulation a été repris par l’Arabie saoudite, un autre poids lourd qui impose son leadership du monde arabe via ses pétrodollars.
Mais plusieurs choses ont attardé son exécution. En tête la résistance qui a éclaté au Liban contre les attentes tous. Et l’existence de pays réticents, attachés sincèrement à la Palestine et aux droits du peuple palestinien: l’Irak, la Syrie, la Libye, l’Algérie, le Yémen. Mais aussi et surtout l’Iran. Le destin divin a voulu que sa révolution l’emporte, pour qu’elle porte la bannière de la Palestine, au moment même où l’Egypte capitulait à Israël. On le lui fait payer cher.
C’est aussi le cas de la plupart des autres pays. Ils ont tous été le théâtre de conflits sanguinaires qui les ont sortis affaiblis, noyés dans leurs problèmes internes, et pourraient paraitre neutralisés, hors d’état d’entraver les efforts vers la normalisation.
De même, il fallait préparer l’opinion arabe pas tout à fait disposée à une telle démarche et qui risquait de l’entraver. Elle a fait l’objet toutes sortes de manipulation et d’intox médiatique pour lui faire oublier son hostilité à Israël et l’endiguer vers l’Iran. L’exacerbation des différences sunnites-chiites et les allégations d’un projet d’hégémonie iranienne au Moyen-Orient ont été les armes les plus utilisées.
Plus est-il que cette fois-ci, et pour éviter l’erreur égyptienne et jordanienne, les dirigeants arabes sont allés vers la normalisation avant la conclusion d’un accord. L’effet d’approvisionnement des masses y serait plus perspicace car plus hypocrite.
Dès lors, pour ceux qui mènent le jeu, de loin comme de près, le moment serait venu pour la conclusion de cet accord. Et en groupe cette fois-ci. Une autre différence par rapport aux deux processus précédents avec l’Egypte et la Jordanie qui avaient été conduits avec chacun d’eux à part.
Quant aux autres pays arabes, des poids légers quant à leur impact, ils ne devraient pas tarder très longtemps à suivre le pas. Il est clair que la Palestine fait partie de l’histoire pour eux. Tout comme pour Netanyahu et Cie.
En oiutre, d’autres traits communs unissent ce dernier aux dirigeants arabes qu’il a rencontrés à Varsovie.
Comme eux, son entité a été édifiée et imposée par le colonialisme britannique et sa survie dépend de ses sponsors internationaux. Comme eux, il a conquis les territoires des autres par le feu et le sang et usurpé le pouvoir à leur population originelle. Et comme eux il utilise la religion à des fins politiques et promeut un tribalisme communautaire archaïque qui devrait avoir été révolu. Qui se ressemble s’assemble. On ne devrait plus tarder pas à voir Netanyahu, parmi les djellabas. Et pourquoi pas lui-même en djellaba!
Source: Al-Manar