Le commandant suprême des forces alliées en Europe, le général américain Curtis Scaparrotti, a prévenu l’Allemagne que les forces de l’Otan cesseraient de communiquer avec leurs collègues allemands si Berlin s’associait avec le groupe chinois Huawei pour ses infrastructures 5G.
« Nous craignons que la structure de leurs télécommunications ne soit compromise car, tout particulièrement avec la 5G, la largeur de la bande passante et la capacité à soutirer des données sont incroyables », a déclaré mercredi le chef des forces de l’Otan devant une commission parlementaire.
Si la 5G est « intégrée à leur système de communication militaire, on ne communiquera plus avec eux par le biais de ce système », a-t-il prévenu. « Et pour les militaires, ce serait un problème ».
Le général Scaparrotti était questionné sur les discussions commerciales en cours en Europe, notamment en Allemagne, avec des groupes de télécoms chinois comme Huawei et ZTE.
Schroeder dénonce « le chantage insolent » des USA
L’ancien chancelier allemand, Gerhard Schroeder, a en outre exprimé sa colère quant à la menace américaine de réduire le partage de renseignements avec Berlin au cas où des entreprises chinoises participeraient à la mise en œuvre du réseau 5G. « C’est un chantage insolent », a-t-il déclaré, en allusion aux menaces de Washington.
Schroeder a également appelé l’Europe à poursuivre des politiques plus indépendantes, notamment vis-à-vis de la Russie et de la Chine, selon l’agence de presse allemande DPA.
Il a souligné que s’il était chancelier, il œuvrerait pour que « l’Europe obtienne une relative indépendance par rapport à la politique étrangère et économique des États-Unis ».
« Nous avons également des intérêts différents en Russie », a déclaré l’ex-chancelier, estimant que la Russie est un marché important pour l’Allemagne et qu’il est nécessaire de maintenir des liens étroits avec Moscou.
« Nous ne pouvons pas nous associer aux attaques contre la Russie comme Washington s’attend à ce que nous le fassions », a-t-il ajouté.
Le Wall Street Journal a révélé, le lundi 11 mars, que l’ambassadeur américain à Berlin Richard Grenell, un proche du président Donald Trump, avait adressé une lettre au ministre allemand de l’Economie Peter Altmaier pour lui signifier que la coopération en matière de renseignement allait être revue si Berlin ne bannissait pas les entreprises chinoises comme Huawei dans le domaine de la 5G.
L’Allemagne doit lancer mi-mars les enchères pour l’attribution des futures infrastructures 5G de télécommunication mobile et la chancelière Angela Merkel a promis de « discuter » avec Washington avant de faire son choix éventuellement pour Huawei. « Nous accordons une grande importance à la sécurité dans la construction du réseau 5G, c’est pourquoi nous sommes en train de définir nos propres normes et, bien entendu, nous en discuterons avec nos partenaires, tant en Europe qu’aux Etats-Unis », a déclaré la chancelière mardi.
Berlin veut rattraper un retard important dans le numérique en ne ratant pas le virage vers la 5G, l’internet ultra-rapide qui doit permettre le développement de nouvelles technologies, comme l’intelligence artificielle, les véhicules autonomes ou les usines automatisées.
Dans ce domaine, le groupe Huawei est considéré plus performant et plus innovant que ses concurrents. Mais Washington craint que Pékin ne s’en serve comme d’un cheval de Troie pour espionner les communications des pays qui utiliseraient des équipements chinois dans leur réseau 5G.
Sources: AFP + PressTV