L’agence internationale Reuters a révélé pour la première fois la teneur des séances du procès des 11 inculpés dans l’assassinat du journaliste saoudien Jamal Khashoggi dans le consulat de son pays à Istanbul, en octobre 2018.
A la foi de sources informées, Reuters a assuré que l’ex-conseiller du prince héritier Mohamad ben Salmane, Saoud al-Qahtani ne fait partie des suspects qui sont jugés dans le plus grand secret.
Sachant que le procureur général saoudien qui avait ordonné leur arrestation n’avait pas alors révélé leur identité. Il a requis la peine capitale à cinq d’entre eux, accusés d’avoir ordonné et exécuté l’assassinat de Khashoggi.
Pour ceux qui connaissent bien le régime saoudien, ces accusations visent à innocenter le prince héritier qui est le premier suspecté dans la promulgation de l’ordre de mort de Khashoggi , qui le gênait à travers ses articles critiques à son encontre, publiés dans le Washington Post.
La CIA aussi fait partie de ces instances qui soupçonnent MBS. Deux sources des renseignements de la région ont assuré pour l’agence que Qahtani a supervisé en direct, par Skype, l’assassinat du journaliste et son morcellement.
Selon Reuters, 7 sources au courant de la teneur du procès ont rapporté que Qahtani ne fait pas partie des accusés et ne s’est jamais présenté aux quatre séances qui se sont déroulées depuis le mois de janvier dernier.
Pourtant Qahtani qui est l’assistant de MBS le plus proche fait partie des personnalités saoudiennes qui figurent sur la liste de celles qui ont été sanctionnées par le ministère du Trésor américain. Officiellement, il aurait été démis de ses fonctions dans la Cour royale. Mais des sources saoudiennes, occidentales et arabes ont affirmé le mois de janvier dernier à Reuters qu’il se trouvait toujours dans le cercle des proches de MBS et y jouit toujours d’une grande influence.
En revanche, l’ex vice-président des renseignements saoudien le général Ahmad al-Assiri fait partie des accusés. Ainsi que le général Maher Motreb, qui est l’assistant de Qahtani pour les renseignements et qui a été le principal négociateur au sein du consulat saoudien. De même pour le médecin légiste Salah al-Tobayki . Ces deux derniers encourent tous deux la peine capitale.
Dans leur plaidoirie, les accusés ont répondu aux accusations en disant que sa mort a été accidentelle ou qu’ils exécutaient les ordres.
Ni le bureau du procureur général, ni le bureau médiatique du gouvernement saoudien n’ont répondu aux demandes de l’agence de commenter ses informations. Selon laquelle elle n’a pu non plus joindre le bureau d’avocats de Motreb et Tobayki.
Selon Reuters, trois sources ont signalé qu’un représentant de la famille Khashoggi a participé à une séance au moins pour demander de consulter les informations nouvelles dans l’interrogatoire du Procureur général sur le rôle de Qahtani dans l’assassinat, réclamant qu’il soit traduit en justice.
Seulement un nombre limité de diplomates, américains, britanniques, français, russes, chinois et turcs ont été invités aux séances du procès, sans traducteurs toutefois.
Un haut responsable turc a pour sa part révélé que son pays a livré toutes les informations nécessaires aux autorités saoudiennes, estimant toutefois que la collaboration de ces dernières n’a pas été mutuelle.