Dans son discours daté du dimanche 27 avril, le président US affirmait à ses fans que le royaume saoudien n’a rien que des pétrodollars que lui le président est à même de soutirer avec un simple coup de file. Il convient de rectifier le président. D’essence aussi daechiste que soit, Riyad est aussi à même de s’acheter le silence de Trump même quand ses bourreaux décapitent en moins de 2 heures 37 personnes dont 32 chiites et pour la plupart âgés de moins de 25 ans pour cause de « terrorisme ». Certaines des victimes ont été crucifiées selon Amnesty qui dénonce des procès parodiques et des exécutions quasi sommaires faites sur base d' »aveux tirés sous torture ».
Ce sinistre festival de « têtes coupées » marque selon les analystes le grand retour de Ben Salmane relégué au second plan dans le sillage du meurtre de Khashoggi, ce journaliste saoudien coupé en morceau l’an dernier sur l’ordre de MBS et à la faveur là aussi, du silence complice de la Maison Blanche.
En effet la dernière cascade de décapitations en Arabie remonte à 2016 soit quelques semaines après l’apparition de Ben Salmane sur scène, cascade qui s’est traduite par l’exécution de 26 saoudiens dont le leader des chiites, Cheikh Baghir al-Nimr.
A l’époque, les analystes y ont vu la manifestation d’un marché Riyad-Washington : la guerre au Yémen contre le sang chiite.
Depuis que le prince héritier de l’Arabie saoudite, Mohammed ben Salmane a fait son entrée sur la scène politique du royaume en 2015, il a ordonné une répression accrue des dissidents.
Au cours des dernières années, le prince héritier a ordonné l’encerclement de dizaines d’activistes, de hauts dignitaires religieux, d’analystes, d’hommes d’affaires et de princes, ainsi que de défenseurs des droits des femmes qui auraient été torturés et que les autorités accusent de « contacts suspects » avec des entités étrangères.
La tuerie est-elle annonciatrice d’une guerre à venir comme cela fut le cas en 2016 avec la guerre du Yémen?
Quelques heures après la décapitation de 37 saoudiens à la Mecque, à Madine et à Qatif, la branche d’Al-Qaïda au Yémen a juré de « venger les exécutions commises par l’Arabie saoudite cette semaine ».
Le mouvement terroriste a affirmé dans son communiqué publié le vendredi 26 avril qu’Al-Qaïda « n’oubliera jamais leur sang et les vengera ».
Pour les analystes politiques, qu’Al-Qaïda, créature des services secrets américains sur base d’argent saoudien, menace Riyad de vengeance en se servant de meurtre des chiites, cela ne pourrait effectivement qu’avoir un sens : pleinement engagés dans une difficile et quasi impossible entreprise de disculpation de Riyad, à qui revient la paternité du terrorisme takfiro-wahhabite et de tous les organisation qui s’en revendiquent ( Al-Qaïda, Daech, Al Nosra…), les récentes décapitations en masse en Arabie pourraient aider les Etats-Unis à laver l’image du royaume saoudien et en revanche à établir dans l’esprit de l’opinion un lien entre Al-Qaïda et les chiites et par voie de conséquence entre Al-Qaïda et l’Iran.
Il y a quelques jours le secrétaire d’Etat US accusait même de façon parfaitement éhontée l’Iran de soutien à Al-Qaïda, une accusation qui ne peut être étayée d’aucune preuve. Dans le contexte de l’extrême tension qui règne entre Washington et Téhéran sur fond de « blacklistage » des forces armées de part et d’autre, ce tournant est infiniment dangereux, estiment ces mêmes analystes qui ajoutent : » Dans le même cadre, le général McKenzie, commandant du CentCom américain, a repris l’accusation de Pompeo et a accusé l’Iran de terrorisme.
Cette évolution n’échappe aux autorités iraniennes dont le chef de la diplomatie qui dans une récente lettre à l’adresse des chancelleries occidentales met en garde contre une confrontation militaire « recherchée par les Etats-Unis » qui risque d’embraser la région car les « Iraniens n’ont pas l’habitude à se laisser faire » et ne « resteront pas les bras croisés face aux provocations ».
Source: Avec AFP+PressTV