«Il s’agit, avec cette élection qui frôle l’unanimité, du plus grand score jamais réalisé par un pays arabe en intégrant le Conseil de sécurité de l’Onu», affirme à Sputnik le porte-parole du ministère tunisien des Affaires étrangères.
La Tunisie a été élue, vendredi 7 juin, membre non permanent du Conseil de sécurité de l’Onu, pour la quatrième fois depuis son indépendance, au terme d’un vote qualifié d’«historique».
Lors d’un vote dans la salle de l’Assemblée générale des Nations unies, 191 pays, sur 193, se sont prononcés en faveur de la candidature tunisienne, soit largement au-delà des deux tiers des voix (129) requis.
«Il s’agit, avec cette élection qui frôle l’unanimité, du plus grand score jamais réalisé par un pays arabe en intégrant le Conseil de sécurité de l’Onu», affirme à Sputnik Bouraoui Limam, porte-parole du ministère tunisien des Affaires étrangères.
L’admission au Conseil de sécurité obéissant à une logique cyclique, la Tunisie était assurée de son élection, d’autant plus qu’elle avait reçu le soutien des pays arabes et africains et qu’elle n’avait point de candidat rival. Dès lors, «le principal enjeu était d’accéder au Conseil de sécurité au terme d’une belle élection, avec un nombre de voix très important», estime Bouraoui Limam.
Pour Ali Hachani, ancien président du Conseil économique et social de l’Onu (ECOSOC), ce résultat s’explique par «des raisons objectives, d’abord, qui font que le groupe géographique au nom duquel on se porte candidat est censé naturellement nous apporter son soutien. Dans le cas de la Tunisie, notre candidature a été celle du groupe Afrique. Dès lors, on était assuré du vote favorable de quelque 54 pays africains, sans compter celui des pays arabes», affirme-t-il à Sputnik.
Le groupe des pays arabes de l’Onu s’était exprimé en faveur de cette candidature tunisienne dès le sommet de la Ligue arabe de septembre 2014, alors que le groupe africain a apporté son soutien à la Tunisie à l’occasion du sommet de l’Union africaine de juillet 2018.
«Mais cette prouesse est également le fait d’une diplomatie tunisienne très active, ces derniers temps, qui s’est employée à faire entendre sa voix au-delà de la sphère arabo-africaine. L’objectif était de convaincre d’autres partenaires, en Europe, en Asie ou en Amérique latine, de soutenir sa candidature», poursuit Ali Hachani, ancien représentant permanent de Tunisie auprès de l’Onu.
Le ministre tunisien des Affaires étrangères, Khemaies Jhinaoui, avait multiplié les déplacements à l’étranger ces derniers mois, à l’image de sa récente mini-tournée inédite en Amérique latine. À côté des questions de coopération économique, la candidature de la Tunisie au Conseil de sécurité avait figuré au menu des discussions.
«Forts de ce soutien, on fera en sorte que notre passage au Conseil de sécurité ne passe pas inaperçu. Ce sera une diplomatie active soucieuse de la sécurité, de la paix et du respect de la légalité internationale, mais aussi, du multilatéralisme. Nous serons tout particulièrement la voix de nos premiers soutiens, à savoir les groupes des pays arabes et des pays africains, à travers la défense de leurs causes justes, au premier rang desquelles la cause palestinienne. En un mot, on ne se limitera pas à inaugurer les chrysanthèmes», poursuit pour Sputnik l’officiel tunisien.
La Tunisie aspire, depuis quelques années, à une plus grande présence sur la scène régionale et internationale, comme l’illustre son implication dans la résolution de la crise libyenne. En décembre 2016, le Président tunisien a lancé une initiative pour la résolution de la crise libyenne, à laquelle se sont joints l’Algérie et l’Égypte pour former une tripartite.
Après avoir organisé, en mars 2019, le sommet de la Ligue arabe, la Tunisie s’apprête à accueillir, en 2020, un sommet historique de l’Organisation internationale de la francophonie (OIF), qui a choisi Tunis pour célébrer ses 50 ans.
Autant d’initiatives «marquant le grand retour de la Tunisie sur la scène internationale», estime Abdelwaheb Jemal. L’image de ce petit pays d’Afrique du Nord, longtemps auréolée par la figure et le rôle historiques du Président Habib Bourguiba, a été quelque peu écornée ces dernières années. Les gouvernements formés dans la foulée du soulèvement de 2011 ont pris «des positions qui ne correspondaient pas à notre tradition diplomatique», selon une critique récurrente d’observateurs de la diplomatie tunisienne. «Jusque-là, nous étions l’un des rares pays au monde à n’avoir pas d’ennemis», illustre, quant à lui, Abdelwahab Jemal.
«On peut parler, aujourd’hui, d’un retour de la Tunisie sur la scène régionale et internationale. Cette élection au Conseil de sécurité, à laquelle on s’attendait, puisqu’elle est cyclique, est néanmoins arrivée au bon moment», estime, dans un entretien avec Sputnik, l’ancien ambassadeur Abdelwaheb Jemal.
Le mandat de la Tunisie, qui démarrera en janvier 2020, est le quatrième dans l’Histoire de ce pays, qui a siégé au sein de cet organe onusien en 1959-1960, 1980-1981 et 2000-2001.
Quatre autres pays (Estonie, Niger, Saint-Vincent-et-les-Grenadines et Vietnam) ont également été élus, vendredi, pour deux ans, en tant que membres non permanents du Conseil de sécurité de l’Onu, l’organe exécutif des Nations unis, où siège, par ailleurs, cinq membres permanents (États-Unis, Chine, France, Royaume-Uni et Russie).
Au nombre de 10, l’élection des membres non permanents obéit à une logique de répartition régionale. Leur effectif est, en outre, renouvelé par moitié, tous les ans.
Source: Sputnik