Les événements actuels à Aden laissent croire que l’alliance entre Riyad et Abou Dhabi au Yémen est en train de se transformer en une guerre par procuration.
Selon l’éditorialiste de Rai al-Youm, Abdel Bari Atwan, il n’était pas surprenant de lire dans un article récent du journal Wall Street Journal qu’un haut responsable saoudien évoquait la décision de Riyad d’examiner la possibilité de négociations directe avec le mouvement yéménite Ansarullah.
Selon Atwan, le champ d’action de l’Arabie saoudite se restreint de plus en plus après les récents événements survenus sur le terrain : les Émiratis se retirent de la plupart des régions yéménites, Ansarullah multiplie ses frappes balistiques sur les aéroports du Sud saoudien, les Comités populaires d’Ansarullah et l’armée yéménite développent leur présence dans les zones frontalières de Jizan, de Najran et d’Assir, sans oublier la montée des tensions dans le golfe Persique et le détroit d’Ormuz.
Ces derniers jours, le déclenchement à Aden d’une guerre de procuration entre l’Arabie saoudite (les forces loyales au président démissionnaire yéménite, Mansour Hadi) et les Émirats arabes unis (Ceinture de sécurité) met sérieusement en péril l’alliance saoudo-émiratie au Yémen. Cette situation peut être très préjudiciable aux forces du président démissionnaire Mansour Hadi, qui considèrent la ville d’Aden comme leur capitale provisoire.
C’est dans ce contexte que les autorités saoudiennes se mettent à étudier la possibilité de l’ouverture d’une fenêtre de dialogue avec Ansarullah. Mais selon Abdel Bari Atwan, des divergences de vues existent pour le moment au sein du régime saoudien au sujet des concessions saoudiennes à faire à la partie yéménite en échange de l’arrêt des frappes balistiques d’Ansarullah et de la progression des forces yéménites à l’intérieur du territoire saoudien.
À ce stade, les commandants militaires d’Ansarullah ne sont pas attirés par l’idée d’un accord hâtif avec la partie saoudienne, étant donné que le retrait émirati et l’intensification de l’isolement international de l’Arabie saoudite ont mis Riyad dans une position de faiblesse.
Abdel Bari Atwan souligne que les Émirats arabes unis ont formé, armé et financé près de 90 000 hommes dans le sud du Yémen et que leur objectif est de réaliser le plan de la séparation du Sud yéménite. Atwan estime que le retrait émirati n’avait pas été coordonné avec Riyad et qu’Abou Dhabi poursuivra à distance son projet de séparation du Sud yéménite.
Atwan estime que plus la guerre continuera, plus les Saoudiens se trouveront dans une position de faiblesse pour négocier avec Ansarullah, et ce, d’autant plus que la coalition saoudienne est en train de s’effondrer.
Source: PressTV