Le quotidien jordanien Addustour a publié un article de l’analyste arabe Oraib Rantawi qui rend hommage à l’action des Unités de mobilisation populaire (Hachd al-Chaabi) en Irak et croit que le soutien accordé par les États-Unis aux agressions militaires israéliennes contre l’Irak et le Liban renforceraient la position des courants anti-américains dans ces deux pays.
L’analyste jordanien s’interroge d’abord sur la raison du soutien tous azimuts que Washington accorde aux récentes attaques israéliennes contre l’Irak.
Comme au Liban, l’Irak s’organise sur les rapports de force entre les trois groupes principales de sa population, à savoir, les Chiites, les Sunnites et les Kurdes. Une dizaine de partis politiques, dont la moitié est chiite, ont la majorité au Parlement et leur rôle est indéniable au sein des forces de sécurité et de l’armée. Ce sont des forces armées irakiennes, comme les Hachd al-Chaabi dont le poids est désormais irréfragable dans la sauvegarde de l’unité nationale irakienne.
Les États-Unis pourront-ils les contrer et faire de l’Irak un acteur « neutre » ?
« Tout ce que les Américains pourraient espérer c’est de pouvoir éventuellement renforcer la position des courants politiques qu’ils soutiennent en Irak ou ceux qui ne se déclarent pas opposés à Washington, afin que le renforcement de leur position politique puisse pousser l’Irak vers la neutralité par rapport aux événements de la région. L’ambassade US contribuait d’ailleurs largement à cette diabolisation des Hachd al-Chaabi. Or il y a eu un faux pas: la frappe israélienne contre les Hachd al-Chaabi en Irak ou ce qui est présenté comme tel, avec le soutien de la Maison-Blanche viennent de mettre les partis irakiens soutenus par Washington dans une situation très difficile. Face à la colère d’une grande partie de la population qui réclament la vengeance les courants pro-américains restent pantois.
Pire, les régions sunnites et kurdes commencent à montrer une sympathie inattendue à l’égard des Hachd. A ce rythme Il est même possible que certains courants au sein des partis sunnites et kurdes s’opposent sérieusement à la politique américaine, tandis que les partis chiites resserreront leurs rangs pour mieux soutenir les Hachd al-Chaabi, surtout si les grands dignitaires religieux chiites émettaient des fatwas pour interdire toute coopération avec les États-Unis ou la présence militaire des Américains en Irak. »
« Curieusement au Liban, la situation est presque la même et ressemble beaucoup à celle de l’Irak, vu l’existence des équations délicates entre les trois communautés chrétienne, sunnite et chiite, qui gèrent l’équilibre politique du pays. L’attaque militaire d’Israël contre le Hezbollah et le soutien apporté par Washington à la poursuite éventuelle d’incidents semblables à l’opération des drones israéliens dans la banlieue sud de Beyrouth, suivi des sanctions US contre les banques libanais ont provoqué un tollé pro Hezbollah sans précédent. C’est un fait qui risque fort de porter préjudice aux des courants pro- Washington à Beyrouth, tout en renforçant la position du Hezbollah et des alliés de la Résistance ».
L’analyste du quotidien Addustour conclut que le soutien illogique et illégitime de la Maison-Blanche à l’extrême-droite israélienne au pouvoir à Tel-Aviv a enhardi l’armée israélienne à développer ses agressions militaires contre la Palestine, l’Irak, le Liban et la Syrie.
Oraib Rantawi finit son article en posant une question : « En soutenant l’agression israélienne contre une importante partie des forces libanaises et irakiennes les États-Unis basculent l’équilibre des forces en leur défaveur en Irak comme au Liban. Mais les dirigeants américains sont-ils conscients du fait que cette manière de faire ne fait que renforcer la position de l’Iran ? Ou, leur soutien aveugle au régime israélien est-il une décision idéologique ou électorale qu’ils ont prise, quitte à porter atteinte aux intérêts réels des États-Unis et leurs alliés régionaux ? »
Source: PressTV