Washington et Ankara semblent douter des informations kurdes selon lesquelles des prisonniers et des proches de Daech se seraient évadés des camps où ils étaient installés dans le nord-est syrien, sur fond de l’offensive turque lancée depuis le 9 octobre.
Ce lundi 14 octobre, le président américain Donald Trump a émis l’hypothèse que les Kurdes relâchaient volontairement « quelques » prisonniers de Daech pour forcer les Etats-Unis à s’impliquer sur un terrain d’où Washington essaie justement de se retirer.
« Les Kurdes pourraient être en train d’en relâcher quelques-uns pour nous forcer à nous impliquer », a tweeté le président américain. Il a assuré que ces jihadistes pouvaient être « facilement recapturés par la Turquie ou les pays européens d’où beaucoup sont originaires. » « Mais ils doivent agir vite », a-t-il ajouté.
« Nous n’allons pas nous engager dans une autre guerre entre des gens qui se combattent depuis 200 ans », a argué Donald Trump. « Est-ce que les gens pensent vraiment que nous devrions entrer en guerre contre la Turquie qui est membre de l’Otan? Les guerres sans fin vont s’arrêter! »
Le dimanche 13 octobre, les autorités kurdes ont annoncé la fuite de près de 800 proches de jihadistes takfiristes étrangers de l’EI d’un camp de déplacés, situé à proximité des combats.
Selon Donald Trump, « l’Europe avait l’occasion de récupérer ses prisonniers de l’ISIS, mais ne voulait pas (en assumer) le coût. +Laissez les Etats-Unis payer+, disaient-ils. »
Une entreprise de désinformation
La Turquie aussi semble aussi sceptique face à ces déclarations kurdes
Le dimanche, le président turc Recep Tayyip Erdogan a dénoncé une « entreprise de désinformation », pour les mêmes objectifs.
« Ils affirment sans cesse que des prisonniers de Daech se sont échappés (…) Ils essaient de provoquer les Etats-Unis et le reste de l’Occident », a déclaré M. Erdogan.
Ankara a accusé les Kurdes d’avoir intentionnellement vidé une prison où étaient enfermés des détenus liés à Daech (EI), après avoir parlé d’une évasion massive de proches de jihadistes.
« Dans la zone que nous contrôlons, il n’y a qu’une seule prison de Daech (l’acronyme arabe de l’EI). Lorsque nous y sommes allés, nous avons constaté qu’elle avait été vidée », a déclaré le ministre turc de la Défense Hulusi Akar.
« Nous avons des photographies et des vidéos », a-t-il ajouté. Il n’a pas précisé de quelle prison il parlait.
Ils les ont laissés partir
Joints par l’AFP dimanche, des proches de ressortissants français qui se sont enfuis du camp d’Aïn Issa ont déclaré que les gardes les avaient laissés partir.
« Les gardes kurdes ont ouvert les portes aux femmes étrangères (issues de l’EI) et leur ont demandé de sortir du camp », a raconté une femme ayant eu au téléphone sa fille âgée de 24 ans qui était détenue à Aïn Issa depuis un an et demi.
La Turquie a entamé la semaine dernière une incursion dans le nord-est de la Syrie contre les YPG, un groupe soutenu par les pays occidentaux en raison de son rôle dans la lutte contre les jihadistes de l’EI, mais qualifié de « terroriste » par Ankara.
Source: Avec AFP