Les Européens semblent vouloir exploiter la crise au Liban, profitant de la vacance ministérielle et des manifestations qui se poursuivent depuis trois semaines pour réclamer des exigences plutôt louches.
Selon le Premier ministre démissionnaire Saad Hariri, rapporte le journal libanais al-Akhbar, ils lui ont fait part dernièrement d’une nouvelle condition pour accorder au Liban le prêt de 9 milliards de dollars, dans le cadre du projet CEDRE : la formation d’un gouvernement non politique.
D’après le journal libanais, M. Hariri aurait dit devant ses proches que « les Européens nous ont dupés ». Étant donné qu’au début des négociations sur ce prêt, ils avaient exclusivement stipulé que le Liban vote un budget avec un déficit plus bas. Mais depuis sa récente démission, sur fond des manifestations organisées dans plusieurs régions libanaises pour protester contre la corruption de la classe politique, ils font pression sur lui en lui imposant des conditions à caractère politique.
En plus du fait que cette condition européenne relève de l’ingérence dans les affaires internes libanaises, elle s’oppose aux demandes du Hezbollah, du mouvement Amal et du Courant patriotique libre qui insistent pour un gouvernement soit politique soit mixte.
il va sans dire qu’elle est aussi compatible avec les demandes américaines et israéliennes destinées à écarter le Hezbollah du prochain cabinet ministériel.
Force est de constater qu’elle a été formulée à un moment critique, sur fond de crise financière marquée par une pénurie de dollars et des fluctutations dans le taux de change de la livre libanaise. Sachant qu’une bonne partie des forces politiques libanaises récusent le projet CEDRE qui ne fait qu’aggraver davantage la dette souveraine au Liban.
Autre demande européenne louche avancée dans la foulée de la crise libanaise, mais qui n’a rien de nouveau : l’insertion des réfugiés syriens au Liban.
Le 9 octobre dernier, une semaine avant l’éclatement des protestation, les deux commissions des Affaires étrangères et du Budget au sein du Parlement européen avaient publié un communiqué dans lequel elles ont insisté sur « la nécessité de garantir la capacité des réefugiés syriens à s’intégrer et à travailler sur le long terme, d’une façon homogène avec les sociétés hôtes ».
Elle a été au menu des discussions lors de la récente visite d’une délégation de l’Union européenne au chef de l’Etat libanais Michel Aoun. Ce dernier l’a rejetée une nouvelle fois. Assurant que 390.000 réfugiés syriens qui étaient au Liban ont été rapatriés sans qu’aucune complainte n’ait été exprimée. Le Liban en compte 1 million.
Pour de nombreux protagonistes libanais, cette demande incessante de la part des Européens cachent des velléités sournoises de vouloir changer la donne démographique dans un pays où la distribution confessionnelle marque profondément sa vie politique.
Compte tenu de leurs deux exigences, le moins que l’on puisse dire est que leur plan pour le Liban est destiné à le perturber.