L’Arabie saoudite aurait préparé un plan destiné à créer une entité sunnite en Irak, alors que ses médias soufflent le chaud et le froid sur les émeutes qui ont lieu dans ce pays.
Selon le site d’informations qatari Watanserb, les exécuteurs de ce plan saoudien seraient la fille de l’ex-dictateur déchu Saddam Hussein, Ragad Hussein et des ex-membres de son parti al-Baath.
Suivant ce plan, Riyad voudrait enrôler des dirigeants sunnites irakiens, après avoir échoué dans ses tentatives d’embrigader les responsables chiites, pour lesquels la politique saoudienne n’est pas fiable.
« Ainsi, Riyad estime qu’il lui faut nécessairement rétablir le rôle des sunnites qui a été marginalisé afin de pouvoir s’ériger de nouveau contre l’Iran », écrit Watanserb.
Des sources de l’ambassade saoudienne en Jordanie ont confirmé sous couvert de l’anonymat cette tendance saoudienne pour un autre site d’information, Arabic Post. Faisant état qu’elle va exploiter avec l’aide de nombreux symboles de l’opposition irakienne le mouvement de protestation qui bat son plein dans ce pays.
Ragad a déjà été invitée à se rendre en Arabie pour participer à une conférence qui devrait se tenir le mois de décembre prochain.
Ces sources ont indiqué que le choix des invités s’oriente déjà vers des anciens du parti Baath irakien et d’ex responsables du régime déchu. Dont en plus de Ragad Hussein, indique Arab Press, figurent Khazaal al-Jamii qui est le représentant d’un groupe baathiste, Khalil al-Takriti, un chef des renseignements sous le règne de Saddam Hussein, deux membres du Baath Saïf al-Machhadani, Abdel Samad al-Garizi et d’autres…
En plus, les saoudiens ont entrepris des contacts avec certaines tribus irakiennes, dont al-Douleim al-Zabidiyat, l’une des plus grandes d’al-Anbar.
Expliquant cette tendance saoudienne, l’activiste politique iranien Quraychi l’attribue à l’échec des tentatives de l’Arabie saoudite et ses alliés d’enrôler les chiites d’Irak afin qu’ils combattent l’Iran à leur place, malgré tout l’argent qu’ils dépensent.
Selon lui, cette tentative d’embrigader les chiites irakiens répondait à une proposition qui leur avait été faite par l’ancien ambassadeur des Etats-Unis en Israël, Martin Indyk. Les efforts s’étaient alors concentrés sur le leader populaire Moqtada Sadr qui a été invité en Arabie en 2017. Mais ils se sont soldés par un échec.
« Dans le passé, l’Arabie saoudite avait réussi à monter le régime de Saddam contre l’Iran, qui était d’ailleurs prêt à lui faire la guerre, qu’il avait alors planifiée avec le soutien direct des États-Unis et de la Grande-Bretagne. Saddam a délibérément alimenté sa vaine guerre de huit ans par des centaines de milliers de Chiites irakiens afin de semer la haine entre les Chiites irakiens et l’Iran », a-t-il indiqué.
Et de poursuivre : « mais la magie s’est retournée contre le magicien et Saddam est entré au Koweït et s’est approché de l’Arabie avant de s’excuser auprès de l’Iran en avouant que ces Etats et d’autres l’avaient incité à la guerre avec l’Iran pour détruire les capacités des deux pays ».
Selon un autre chercheur iranien du centre d’études sur le Moyen-Orient à l’Université de Téhéran Imad Abchenass, c’est l’idéologie saoudienne qui empêche un rapprochement réel entre les chiites et les saoudiens.
« Aucun leader chiite ne peut convaincre la rue chiite d’entretenir des relations avec un régime dont les orientations et l’approche wahhabite en appelle à tuer et à détruire les chiites », a-t-il expliqué pour Arabic Post.
Toujours d’après ce site, une source proche des personnalités conviées à la conférence de Riyad a estimé que le recours de cette dernière à des personnalités du parti déchu al-Baath assène un coup au mouvement de protestation en Irak car le peuple irakien dans son ensemble répulse profondément ce parti , et surtout dans les milieux chiites.