Depuis plus de dix ans maintenant, les États-Unis multiplient les programmes d’échanges, culturels, ou simplement les dons financiers au profit d’actions en banlieue française. Certains s’interrogent en y voyant une manière de surveiller la France alors que le porte-parole de l’ambassade américaine assure que le but est «d’expliquer les États-Unis aux Français: il s’agit de mieux se comprendre», rapporte Le Parisien.
«Ces programmes sont déployés sur toute la France, mais c’est vrai qu’ils fonctionnent bien en banlieue. Car nous essayons, au travers de ces projets, d’identifier des dynamiques et des leaders, or la vitalité de la banlieue française s’y prête», explique le porte-parole au quotidien.
Les États-Unis injecteraient ainsi chaque année plus de trois millions de dollars dans les banlieues.
Selon une porte-parole de l’ambassade, «les projets financés par l’ambassade dans les banlieues peuvent aller du discours d’un diplomate auprès d’étudiants, ou d’une petite subvention de 3.000 dollars pour soutenir un musicien américain donnant une conférence et un concert avec un centre culturel local, à des projets plus importants, financés à hauteur de 20.000 dollars à 100.000 dollars».
Des suspicions
Cependant, les diplomates ne souhaitent pas aborder le sujet du soft power dans les banlieues françaises malgré certains télégrammes confidentiels exhumés en 2007, lesquels indiquaient que Washington entendait mener une «stratégie d’engagement vers les minorités».
Certaines personnes à l’image de l’essayiste Rokhaya Diallo, du rappeur Ekoué Labitey ou du sous-préfet de Seine-Saint-Denis Fayçal Douhane profitent de ces programmes pour passer plusieurs semaines aux États-Unis et s’y constituent un réseau.
Néanmoins, Stéphane Gatignon, maire de Sevran entre 2001 et 2018, confirme au quotidien que ce geste des Américains n’est pas du tout désintéressé.
«Ils ont compris que beaucoup de musulmans vivent dans nos banlieues, que cette population est parfois délaissée par l’État Français, et qu’une forme d’islam radical a pu s’y développer. Alors, ils essayent de comprendre… De surveiller, aussi, d’une certaine manière, d’avoir des remontées d’informations. Sans doute que la CIA n’est pas loin derrière. Indirectement, elle suit ce que l’ambassade fait dans nos quartiers…», assure-t-il.
Source: Sputnik