Les Etats-Unis ont rejeté samedi 15 février les critiques sur leur repli national, n’hésitant pas à s’en prendre directement au président allemand, et ont estimé que l’Occident était « en train de gagner » face à la Chine et la Russie.
La Conférence sur la sécurité de Munich, grand-messe annuelle internationale sur les questions de défense, a été le théâtre d’un mini-éclat diplomatique avec l’intervention du secrétaire d’Etat américain Mike Pompeo.
Sans prendre de gants, il a répliqué à des propos la veille du chef de l’Etat allemand Frank-Walter Steinmeier, lors de ce même forum, qui avait critiqué le repli national et l’égoïsme propagés à ses yeux par l’administration de Donald Trump.
Ces critiques, et d’autres du même type entendues ces dernières années, « ne reflètent pas du tout la réalité », a déclaré M. Pompeo.
« J’ai le plaisir de vous annoncer que l’idée selon laquelle l’alliance transatlantique serait morte est grandement exagérée », a-t-il ironisé.
‘Great again’
Le chef de l’Etat allemand, qui ne dispose pas de pouvoir exécutif mais dont la voix porte en Allemagne, avait regretté que « notre principal allié, les Etats-Unis, refusent sous l’administration actuelle l’idée même d’une communauté internationale ».
« Les pays sont invités à placer leurs propres intérêts au-dessus de ceux de tous les autres, +Great again+ même aux dépens des voisins et des partenaires », avait-il raillé à propos du slogan électoral du président américain Donald Trump « Make America Great Again » (Rendre sa grandeur à l’Amérique).
« L’Europe et les Etats-Unis sont des partenaires indispensables, les deux côtés de la même pièce », a-t-il ajouté.
Mike Pompeo a lui jugé que « l’Occident a un meilleur avenir que les alternatives illibérales », dénonçant l’évolution de la Russie et de la Chine.
Réduire la dépendance russe de l’Europe de l’Est
Les Etats-Unis vont financer des projets énergétiques à hauteur d’un milliard de dollars dans des pays d’Europe centrale et de l’est pour renforcer leur indépendance énergétique face à la Russie, a par ailleurs annoncé Mike Pompeo.
« En signe de soutien à la souveraineté, la prospérité et l’indépendance énergétique de nos amis européens (…) Les Etats-Unis ont l’intention d’accorder jusqu’à un milliard de dollars de financements aux pays d’Europe centrale et de l’est membres de l’Initiative des Trois Mers », qui réunit douze Etats membres de l’Union européenne, a-t-il déclaré.
« Nous voulons galvaniser l’investissement du secteur privé dans leurs secteurs énergétiques afin de protéger la liberté et la démocratie dans le monde », a-t-il ajouté.
L’Initiative des Trois Mers réunit douze pays de l’Union européenne bordés par les mers Baltique, Adriatique et Noire. Cet espace s’étend de l’Estonie et de la Pologne au nord à la Croatie au sud et la Roumanie et la Bulgarie à l’est.
Il a pour objectif de renforcer la coopération entre ses membres dans les domaines de l’énergie, des infrastructures et de la sécurité, notamment vis-à-vis de la Russie.
Nombre de ses membres contestent, comme les Etats-Unis, le projet de gazoduc Nord Stream 2 qui vise à doubler les livraisons directes de gaz naturel russe vers l’Europe occidentale en passant sous la mer Baltique pour arriver en Allemagne et en contournant donc l’est du continent.
Les Etats-Unis ont adopté des sanctions contre les entreprises associées à la construction de Nord Stream 2, estimant que ce gazoduc va accroître la dépendance des Européens au gaz russe et ainsi renforcer l’influence de Moscou.
Source: Avec AFP