Le Financial Times a publié un rapport préparé par ses journalistes à Londres et à Washington sur les pressions que les États-Unis exercent sur l’Arabie saoudite pour mettre un terme à la guerre des prix du pétrole qu’elle a commencée avec la Russie. Washington a exhorté Riyad d’être « à la hauteur des responsabilités » et de contribuer à la stabilité des marchés pétroliers mondiaux.
Selon le site Watan , le Financial Times a souligné que « Mike Pompeo avait adressé un message aux Saoudiens avant la réunion d’urgence du sommet du G20 jeudi, dans un appel direct de mettre fin à la confrontation qui a conduit à l’effondrement des cours du pétrole, renforcé par la propagation du coronavirus ».
Les commentaires de Pompeo sont intervenus après s’être entretenu mardi avec le prince héritier saoudien Mohammed ben Salman, le dirigeant de facto du royaume.
Un haut responsable du Département d’État a déclaré qu’un certain nombre de sociétés pétrolières et de membres du Congrès avaient invité le président Donald Trump à intervenir. Il a déclaré que « l’augmentation de la production de pétrole exacerberait les défis à un moment où les autorités tentent de lutter contre la propagation de l’épidémie ».
Le Département d’État a déclaré dans un communiqué que « le secrétaire d’État a souligné que l’Arabie saoudite, en tant que chef actuel du G20 et allié important dans le domaine énergétique, a l’occasion de faire preuve de responsabilité et de rassurer les marchés mondiaux de l’énergie et du pétrole à un moment où le monde fait face à une situation économique mystérieuse ».
L’Arabie saoudite, qui préside la session en cours du sommet du G20 et est un allié important des États-Unis au Moyen-Orient, cherche à inonder les marchés de pétrole, à un moment où son cours a chuté, dans le but de gagner une plus grande part de marché. Cependant, la politique de Mohammad ben Salman a fait l’objet de critiques de la part de plusieurs capitales mondiales car elle a causé des dommages aussi bien aux producteurs de pétrole, qu’aux pays riches tels que les États-Unis qui sont confrontés à une baisse de la capacité à accorder des prêts et à des pertes d’emplois croissantes, sans oublier les pays pauvres qui dépendent du pétrole comme Oman et le Nigeria.
La guerre du pétrole a baissé le prix du baril de pétrole brut à 25 dollars, le plus bas en 17 ans.
L’Arabie saoudite a commencé la confrontation ce mois-ci après que la Russie a refusé de réduire la production de son pétrole à des taux élevés pour soutenir le prix du pétrole.
Le royaume a répondu qu’il ouvrirait le robinet pour montrer sa force sur le marché.
Une source saoudienne, proche de la politique énergétique du Royaume, a reconnu qu’il y avait un effondrement de la demande mondiale – de 10% soit 100 millions de barils par jour – et qu’il a dépassé leurs attentes au début du mois de mars.
Aujourd’hui, l’industrie pétrolière mondiale est confrontée à la perspective de perdre des stocks de pétrole pendant des semaines, au milieu d’une baisse de la demande, la pire de l’histoire, conjugée à une augmentation de l’offre.
Donald Trump a d’abord salué la baisse des prix du pétrole, disant que c’était bon pour les conducteurs en Amérique. Mais il a changé de position après que la baisse des prix du pétrole a commencé à affecter les États américains producteurs de pétrole comme le Texas, le Dakota du Nord et l’État riche en gaz de Pennsylvanie.
Un grand nombre de sociétés pétrolières de schiste font face à la faillite ou à une forte baisse de la production au cours des 18 prochains mois, dans le cas où les prix continuent de se détériorer, menaçant le plan de Trump de préserver l’indépendance, l’autosuffisance et la position mondiale des USA en tant que plus grand producteur de pétrole.
Les pays qui dépendent de ces ressources sont confrontés à une sécheresse de leurs richesses à un moment où ils recherchent des ressources pour lutter contre le coronavirus.
Le journal affirme que la pression publique de Washington place l’Arabie saoudite dans une situation difficile. Elle fait face à une demande pressante de la part de son allié américain, à un moment où elle ne veut pas perdre la face dans sa confrontation avec la Russie. La déstabilisation de l’économie à un moment où l’Arabie saoudite préside le G20 la met dans une position inconfortable, d’autant que la plupart des États membres cherchent des moyens d’empêcher le virus de provoquer une récession économique mondiale.
Le commentateur saoudien Ali al-Shihabi, proche de la direction saoudienne, a déclaré que le royaume pourrait choisir de coopérer à court terme.
Un responsable de l’Organisation des pays exportateurs et exportateurs de pétrole (OPEP) a déclaré: « Ils ne veulent pas apparaître comme des méchants, et je ne sais pas combien ils vont vendre ».
Cependant, un conseiller de l’Arabie saoudite a déclaré que « le royaume compte poursuivre la guerre des prix parce qu’il n’a pas le choix, car la demande mondiale de pétrole pourrait atteindre un pic en moins d’une décennie, et pour cela, le Royaume, qui produit du pétrole à bas prix, afin de vaincre ses concurrents et obtenir une plus grande part du reste du marché ».
Source: Traduit du site alAlam