Après seize mois d’une crise politique sans précédent dans l’histoire de l’entité sioniste, le Premier ministre Benjamin Netanyahu et son ex-rival Benny Gantz se sont entendus lundi pour former un gouvernement d’union en pleine pandémie de Covid-19.
Après trois législatives en un an, des rebondissements improbables et parfois désespérants pour certains Israéliens, MM. Netanyahu, 70 ans, et Gantz, 60 ans, se sont retrouvés dans la nuit de lundi à mardi 21 avril pour signer « un accord pour la formation d’un gouvernement national d’urgence », selon un communiqué des deux partis, cité par l’AFP.
Leur pacte, d’une durée de trois ans, prévoit la formation d’un gouvernement « bipartisan » avec comme Premier ministre M. Netanyahu pour les 18 premiers mois tandis que le parti de M. Gantz héritera du ministère de la Défense. Après cette période, M. Gantz dirigera le gouvernement.
Le texte prévoit un gouvernement de 32 ministres pendant la crise du nouveau coronavirus -et de 36 par la suite- avec une répartition équitable entre les deux camps et la possibilité pour d’autres partis de se joindre à l’un des deux blocs.
Lapid dénonce l’accord
Le leader de Yesh Atid, Yair Lapid, ancien collaborateur de Benny Gantz à la tête de Bleu Blanc a de son côté, dénoncé l’accord signé entre le Likoud et la liste centriste.
« Gantz et (Gabi) Ashkenazi ont accepté d’autoriser un accusé à nommer les juges qui seront chargés d’examiner ses affaires », a tweeté M. Lapid, faisant référence à l’acte d’accusation dont fait l’objet le Premier ministre, ont rapporté les médias israéliens.
Le chef de file du parti de gauche Meretz, Nitzan Horowitz a lui, déploré un gouvernement formé de 34 ministres en pleine crise économique.
« C’est le plus large gouvernement de l’histoire du pays. 34 ministres et autres adjoints, dans des bureaux qui n’ont pas lieu d’être », a-t-il lancé dans un communiqué.
Covid et annexion?
Des pourparlers entre les deux camps avaient échoué la semaine dernière faisant craindre la tenue d’un quatrième round électoral.
Selon l’accord conclu, le gouvernement d’urgence oeuvrera à combattre le coronavirus, ayant contaminé plus de 13.000 personnes et provoqué plus de 170 décès en ‘Israël’, et ses conséquences -un chômage qui a explosé alors que l’économie tournait à plein régime avant la pandémie.
Le négociateur en chef de M. Netanyahu, Yariv Levin, a indiqué que ce gouvernement avait aussi pour objectif d’appliquer la « souveraineté » d’Israël dans les « implantations en Judée et Samarie », expression utilisée pour évoquer l’annexion des colonies et de régions en Cisjordanie, territoire palestinien occupé depuis 1967 par l’entité sioniste.
Le projet de l’administration américaine de Donald Trump pour un règlement du conflit israélo-palestinien prévoit l’annexion de la vallée du Jourdain, langue de terre fertile comptant pour environ 30% de la Cisjordanie occupée, et la création d’un Etat palestinien désarmé aux frontières réduites.
Selon l’accord sur le gouvernement israélien, le plan américain pourra être présenté au cabinet et aux parlementaires à partir du 1er juillet prochain.
Le Premier ministre palestinien Mohammed Shtayyeh a fustigé ce plan et qualifié le gouvernement d’union israélien de « gouvernement d’annexion » mettant, selon lui, en péril la solution à deux Etats.
Pour sa part, le secrétaire-général de l’OLP (Organisation de libération de la Palestine), Saëb Erakat, a condamné le nouveau gouvernement israélien, estimant que cette coalition menaçait « la stabilité de tout le Moyen-Orient ».
« Une coalition gouvernementale fondée sur l’engagement d’annexer des territoires palestiniens occupés est une menace pour l’ordre mondial, pour la paix, la sécurité et la stabilité au Moyen-Orient », a-t-il affirmé dans un communiqué.
« L’annexion signifie la fin de toute possibilité de solution négociée », a-t-il insisté.
Le responsable palestinien a appelé la communauté internationale à « exiger d’Israël la pleine mise en œuvre de ses obligations en vertu du droit international et des accords signés ».