Au plus haut degré de l’insolence et de la perversité, l’Amérique a promulgué la loi César pour étouffer la Syrie, a imposé son application à tous ceux qui traitent avec elle et a justifié son acte sous prétexte de protection des civils. C’est bien sûr une allégation fallacieuse. Lorsqu’on étrange quelqu’un à mort, on ne peut prétendre que c’est pour lui sauver la vie.
L’Amérique a mené contre la Syrie la pire des guerres économiques depuis des décennies, dans le but de la dépouiller de ses victoires et de l’empêcher d’investir dans ces victoires payées, au cours des dix dernières années, par le sang, des efforts exténuants et de terribles souffrances. L’Amérique veut entraver la reconstruction de la Syrie pour empêcher son retour à une vie normale de sorte qu’elle fasse de de nouveau partie du concert des nations modernes, et assure à son peuple la prospérité tout en traitant avec les autres nations sur le même pied d’égalité, sans suivisme ni dépendance ni suprématie …
La loi César est une agression économique américaine prétendument contre la seule Syrie, mais elle affecte en réalité la Syrie et le monde entier qui a des relations économiques avec elle. Il s’agit d’une loi étasunienne qui vise à totalement isoler la Syrie du circuit de l’économie mondiale et à lui interdire de traiter de quelque manière que ce soit avec l’extérieur.
Elle pénalise le Liban en tant que première victime de cette loi car, si le Liban s’engage à s’y conformer, l’Amérique exigera la fermeture de la frontière terrestre avec la Syrie, non pas les passages illégaux dont on parle tant et exagérément, mais les postes frontaliers légaux, en menaçant de sanctions tout commerçant, financier ou homme d’affaires qui franchirait ces frontières avec des marchandises, des services financiers, des transactions ou pour des investissements en Syrie.
L’Amérique ne se contente pas de commettre ce crime, mais elle étrangle aussi le Liban en attaquant sa monnaie nationale afin de lui nuire d’abord, et de faire plier la Syrie ensuite. A travers le dispositif du « Front de l’Amérique au Liban », elle mène une guerre monétaire, un aspect de la guerre économique à laquelle le Liban est soumis sous prétexte d’assiéger la résistance.
Elle mène cette guerre sachant son impact sur le citoyen libanais – tout citoyen – et s’y tient en posant l’équation de base « affamer pour faire plier ».
Quant à l’équation principale que l’Amérique entend instaurer par sa guerre, au seul bénéficie du projet global sioniste-américain, c’est «affamer pour faire capituler », qui aboutit au désarmement et au démantèlement de la résistance et contraint le Liban à céder à Israël, sur terre et sur mer, sol, eau et pétrole.
En sanctionnant d’un seul coup deux composantes de l’axe de la résistance, l’Amérique espère ainsi réaliser, par ses mesures économiques malveillantes, ce que n’ont pu accomplir ses gangs terroristes en Syrie et, antérieurement, la guerre sioniste contre le Liban.
En d’autres termes plus simples, l’Amérique dit au Liban et à la Syrie : «Où vous capitulez ou vous mourez de faim. » Il s’agit d’une équation qui implique clairement le choix entre une mort à un niveau : par la faim, ou une mort à deux niveaux ; le premier est le désarmement et la privation des atouts de puissance, suivi par les meurtres, les arrestations et les liquidations. L’Amérique met la résistance et son milieu devant le choix entre la mort ou le meurtre. Voilà simplement et clairement l’équation américaine après sa défaite en Syrie et son incapacité à atteindre ses objectifs face à l’axe de la résistance.
Avec cette équation criminelle qui viole les droits de l’homme et enfreint les règles et dispositions du droit international, et qui est une forme de crime contre l’humanité et peut être classée comme un génocide, cette équation qui veut contraindre la résistance à renoncer à ses armes et à ses réalisations préalablement à son éradication physique, l’Amérique pense réussir son coup, d’autant plus qu’elle est rassurée quant aux mercenaire à l’intérieur du Liban ou dans la région, prêts à la servir et la soutenir dans sa guerre contre la résistance, des parties qui croient que l’armement de la résistance est la cause du problème économique et que son démantèlement est le début de la solution.
Toutefois, la réponse de la résistance n’a pas tardé ; la veille du début de l’application de la loi César, la réponse du secrétaire général du Hezbollah au Liban a été décisive. Les observateurs et experts stratégiques qui analysent le discours de Sayyed Nasrallah, son contenu et ses visées, ont vite compris qu’il parlait au nom de l’axe de la résistance et entendait intensifier la confrontation et ne reculer, d’aucune manière que ce soit. C’est une réponse qui dit à l’Amérique que son équation est rejetée, qu’affamer le public et les peuples de la résistance est exclu, que le désarmement de la résistance est impossible et que ceux qui en rêvent ne font que délirer et se bercent d’illusions stériles.
Il est vrai que Sayed Nasrallah s’est abstenu de dévoiler la teneur de l’équation initiée par la résistance face à l’équation d’agression mentionnée ci-dessus, c’est-à-dire « capituler ou mourir de faim », autrement dit « se rendre ou être tué », mais son refus de la reddition et de la soumission à l’Amérique, son rejet d’une autre version du mur de la fourberie israélienne, le mal-nommé « bon mur » au Sud-Liban, son intransigeance quant au maintien de l’armement de la résistance car il est une question existentielle de vie ou de mort, sa menace à l’ennemi qui s’apprête à tuer la résistance et ses peuples, une menace qu’il a répété trois fois en disant « nous vous tuerons », signifient simplement que la résistance a formulé son équation face à celle de l’assaillant.
La région est maintenant le théâtre d’un conflit entre deux équations : celle de l’agression américaine qui dit à la résistance et à son peuple «capitulez ou vous serez tués » et celle défensive de la résistance qui énonce « partez et laissez-nous en paix ou vous serez tués ».
Comme l’application de l’équation américaine inclut toutes les parties qui tendent à travailler avec la résistance, ses nations et ses peuples, quels que soient le travail ou la transaction, l’équation défensive de la résistance sera également dirigée dans son application contre tous les serviteurs de l’ennemi, parce que l’exécution de la nouvelle équation défensive ne sera pas limitée à une partie ou une autre, mais s’étendra dans toutes les directions, à tous les niveaux et à tous les objectifs dans ce qu’on peut valablement appeler une « guerre globale » qui n’exclut aucune partie, aucun sujet ni aucun lieu.
Nous pensons donc que la région fait face actuellement à deux seules possibilités… La première est que l’Amérique comprenne la gravité de l’équation défensive de la résistance, évite l’affrontement, renonce à son agression et préserve ainsi ses intérêts, ses alliés et ses agents dans la région, allant des individus jusqu’aux entités ; la seconde est qu’elle s’enferme dans son fourvoiement et prenne le risque d’entrer en guerre ouverte et totale avec la résistance, une guerre qui n’excepte aucun ennemi, aucun allié ou agent de l’Amérique ni aucun de leurs intérêts dans la région. Quant au rêve de l’Amérique de faire plier par la famine, il ne se réalisera tout simplement pas. Les cinq prochains mois apporteront la réponse à toute éventualité.
Général Amine Htaite : officier libanais à la retraite, professeur universitaire et expert stratégique
Sources : Al-Bina, Traduction Rania Taher ; Réseau international