Le dernier discours de l’imam de la mosquée de la Mecque en Arabie saoudite, cheikh Abdel Rahman al-Sudeiss, est venu attiser des doutes sur l’intention des autorités saoudiennes d’emprunter, à l‘instar de leur allié émirati, la voie de la normalisation avec l’ennemi israélien.
« Parmi les questions inhérentes à la doctrine auxquelles il serait utile de porter notre attention, (figure) l’incompréhension de la réelle portée de la notion de loyauté et d’hostilité ainsi que l’ambiguïté qui se glisse entre la croyance du cœur et le bon traitement dans les relations individuelles et internationales », a dit cheikh al-Sudeiss, le vendredi 4 septembre dernier, depuis la mosquée sainte d’al-Haram.
Et d’ajouter : « Refuser toute adhésion aux non musulmans n’est pas contraire au fait d’entretenir de bonnes relations avec eux dans le but d’attendrir leur cœurs et de les rejoindre à lui pour qu’ils se convertissent à sa religion »
Jusque-là les propos du religieux saoudien semblent en harmonie avec les prescriptions de l’Islam. Mais c’est en en rappelant que le prophète Mohamad, et malgré les divergences religieuses avec le judaïsme, avait entretenu de bonnes relations avec les juifs du Hedjaz qu’il semble avoir mis la puce aux oreilles de ceux qui ont entendu son discours.
« Il est mort alors que son bouclier était encore hypothéqué à un juif, il a respecté les biens des juifs de Khaïbar, et avait fait preuve de bienfaisance pour son voisin juif qui a fini par adhérer à l’islam », a-t-il souligné.
Rapportant des faits historiques avérés, qu’aucun musulman ne conteste, le religieux saoudien occulte toutefois des faits dans lesquels la relation entre le prophète de l’islam et les juifs de Hijaz était plutôt conflictuelle. Sudaissi omet de rapporter que c’est lorsque le prophète Mohamad a su que les tribus juives complotaient contre lui et les musulmans, malgré les accords qu’il avait conclus avec eux, qu’il les a combattues, l’une après l’autre, et les a expulsées de Médine.
Ce fut le cas entre autre avec les bani Nadhir qui ont voulu l’assassiner. Et puis plus tard, avec les Bani Kouraïzat et les juifs de Kaïbar, qui après s’être engagés à défendre les musulmans contre les attaques ennemies contre Médine, ont rejoint les rangs des tribus arabes impies de la Mecque, lorsqu’elles ont voulu lancer l’assaut contre Médine dans la guerre baptisée al-Ahzab.
« Notre problème n’est pas avec les juifs, le Coran nous ordonne d’être bienfaisants et équitables à leur encontre, bien avant que Sudeiss de nous l’ordonne. Mais en voulant nous faire admettre qu’il faut être indulgent avec les sionistes usurpateurs de la Palestine, (ses propos) ne sont qu’injustice car voulant attribuer à Dieu le mensonge », réplique une page baptisée « Des Omanais contre la normalisation », qui a pressenti dans les propos de l’imam saoudien une tendance destinée à justifier l’établissement des liens avec l’entité sioniste.
Et comme il a conclu son prêche sur la nécessité d’obéir à l’Imam, au détriment des « Khawarijs impies désobéissants, des partis en perdition et des groupes qui prônent la violence armée », d’aucuns croient comprendre qu’il veuille baliser le terrain pour empêcher toute contestation ou résistance, une fois la décision d’afficher la normalisation avec Israël prise.
Selon un tweeter tunisien, al-Sudaïss voudrait convaincre les musulmans que « la normalisation avec Israël est prescrite par la religion islamique ». « Ces gens là qui maudissaient les non musulmans durant leurs fêtes et les prêches du vendredi veulent sauter de l’apostasie de non musulmans à redorer le blason des sionistes », a tweeté Wejdene Bouabdallah.
Ce pressentiment est d’autant plus justifié qu’il est confirmé par la défense que certains internautes affichent en faveur de cheikh al-Sudaïss.
C’est le cas du tweeter D. Sultan al-Ankari qui a écrit sur sa page : « ses propos sont à leur place. Qu’ils le considèrent être de la normalisation ou autre ne nous lèse pas. Les juifs sont des humains. Et ils sont plus proches de nous que les perses et les ottomans mesquins qui ont détruit le monde arabe. Notre père et celui des juifs est Sam le fils de Noé. Nous sommes contre le sionisme et non pas contre les juifs. Et lorsque nous déciderons de normaliser, nous ne demanderons l’avis de personne ».
Source: Médias