Le Hezbollah a accusé les Etats-Unis de vouloir torpiller tous les efforts déployés pour la formation d’un nouveau cabinet ministériel dirigé par le nouveau Premier ministre Moustafa Adib, alors que le délai de deux semaines qui lui ont été données par la France est arrivé à expiration.
Dans un communiqué publié ce jeudi 17 septembre, son bloc parlementaire Fidélité à la résistance a répondu à un communiqué publié le mercredi par le secrétaire d’état américain Mike Pompeo dans lequel ce dernier somme la France qui parraine cette formation « d’être avec la liberté et non pas avec Téhéran ».
le bloca aussi critiqué les efforts de certains acteurs libanais qui s’attellent pour écarter le tandem Hezbollah-Amal du prochain gouvernement, sur l’instigation des Etats-Unis.
«D’aucuns parmi ceux qui contribuent à la formation du gouvernement voudraient confisquer la représentation des autres composantes du pays en empêchant le Premier ministre nommé de procéder aux consultations avec les différents blocs et en créant un nouveau mécanisme qui les empêche de nommer leur candidat aux postes ministériels » a déploré le bloc, fustigeant leurs tentatives de « rompre l’équilibre gouvernemental en arrachant le portefeuille des Finances à certains pour confier sa gestion à d’autres ».
Ce ministère est revendiqué par le tandem chiite, Hezbollah-Amal, qui voudrait le confier à son candidat. Il réclame aussi la nomination d’autres ministres, conformément au partage qui lui va de droit, compte tenu des résultats des législatives de 2018.
« Nous refusons catégoriquement que quelqu’un d’autre que nous puisse nommer les ministres qui devraient nous représenter dans le gouvernement. De même nous refusons catégoriquement qu’un quelconque acteur puisse refuser que notre formation puisse prendre un poste ministériel, surtout celui du ministère des Finances », a-t-il affirmé, réitérant la position que les responsables du Hezbollah et d’Amal répètent ces derniers temps.
Cette position refuse la proposition qui a été récemment faite par l’ex-Premier ministre Saad Hariri qui participe activement à la formation du cabinet, et veut confier ce ministère aux Sunnites, celui de la défense aux Chiites et celui de l’Intérieur aux chrétiens orthodoxes, selon ce que rapporte le correspondant d’al-Manar sur les dernières tractations.
Alors que dans le communiqué américain, il est question que le Liban est sous l’emprise de l’Iran et du Hezbollah « qui est le bras de l’Iran qui contrôle ce pays depuis trois décennies », le bloc Fidélité à la résistance estime que les propos du secrétaire d’état américain Mike Pompeo adressés aux Français « pour la simple raison que leur président a rencontré un grand responsable du Hezbollah compliquent davantage la situation ».
Ces allégations sont « la preuve irréfutable qu’il y a un rôle américain très négatif qui vise à torpiller tous les efforts déployés pour former un gouvernement au Liban qui puisse jouir de l’entente des différents protagonistes et assumer les responsabilités qui leur incombent dans la phase actuelle», commente le bloc du Hezbollah.
Et de poursuivre: « les tentatives de certains qui s’achalandent du soutien des forces extérieures pour former un gouvernement frauduleux dans l’intérêt d’un seul acteur, sont des tentatives visant à vider l’initiative française de son contenu et à renverser les ponts de confiance que nous avons toujours veillé à consolider avec les autres composantes», tout en assurant que l’occasion se présente toujours pour remédier à tout ce qui a été torpillé par ceux qui contribuent en catimini à la formation du nouveau gouvernement.
Selon les dernières évolutions politiques au Liban, d’autres blocs parlementaires se sont joints à ceux du Hezbollah et d’Amal pour refuser qu’Adib nomme à leur place les ministres du gouvernement, sans leur consentement.
Après une rencontre avec le président Michel Aoun, le Premier ministre désigné a consenti que des consultations avec les forces politiques étaient nécessaires pour former un gouvernement.
« Je suis pleinement conscient que nous n’avons pas le luxe du temps », a-t-il reconnu lors d’un point presse, « Nous nous sommes mis d’accord pour donner plus de temps aux consultations » en vue d’un gouvernement, a-t-il souligné.
A noter que le texte américain reproche aussi à la France son refus de classer le Hezbollah sur sa liste terroriste, comme l’ont fait d’autre pays européens, et d’empêcher l’Union européenne de faire de même.
« Au contraire, la France continue à faire la distinction illusoire entre sa branche politique du Hezbollah et sa branche militaire, alors que le Hezbollah est sous le contrôle quasi absolu de la part d’un terroriste qui est Hassan Nasrallah », déplore le texte de Pompeo.
Et de poursuivre : « je partage la déception de 27 personnalités françaises qui demandent à la France d’adopter cette classification ».
Pompeo en veut aussi à la France, ainsi qu’à l’Allemagne et à la Grande Bretagne, leur refus de reconduire au Conseil de sécurité l’embargo d’armements contre l’Iran, lequel devrait prendre fin le mois d’octobre prochain.
« Comment la France peut-elle refuser de faire part au vote sur l’embargo d’armement ? Comment le président français a-t-il pu rencontrer un responsable officiel haut-placé du Hezbollah », a-t-il conclu en s’interrogeant.
Source: Divers