En pleine lutte antiterroriste, Ankara va devoir opter pour un partenariat soit avec Moscou, soit avec Washington, mais pas avec les deux, selon le bilan de l’an 2016 dressé pour Sputnik par un expert turc des affaires étrangères, Mehmet Ali Güller.
La politique de partenariat simultané avec les États-Unis et la Russie n’est plus une option pour les autorités turques, qui devront choisir un axe de développement et s’y tenir sans essayer de plaire aux deux parties, a estimé le journaliste Mehmet Ali Güller dans une interview accordée à Sputnik.
« L’élaboration d’une stratégie cohérente de la politique extérieure d’Ankara et la victoire dans sa lutte antiterroriste réside dans le domaine de l’union étroite avec les pays voisins et la Russie. Sinon, la menace terroriste, qui règne dans le pays depuis 2015, va encore s’accroître en 2017 », a affirmé l’expert.
Selon lui, la Turquie ne s’est pas montrée assez résolue lors du conflit syrien, une nécessité dans le contexte actuel. Pour Ankara, 2016 a été une année de changements importants.
« Si l’on étudie la stratégie extérieure turque des dernières années, la première étape était de faire tomber el-Assad et donner le pouvoir aux Frères musulmans. (…) La chute d’el-Assad restait l’objectif de l’étape suivante, complétée notamment par l’envahissement du nord syrien avec Alep. (…) Ensuite, le but était d’empêcher la création du couloir kurde par les États-Unis », a rappelé Mehmet Ali Güller.
D’après l’interlocuteur de Sputnik, après la libération d’Alep, Ankara a renoncé à renverser el-Assad et a opté pour maintenir sa présence en Syrie. Ainsi, la Turquie essaye de s’associer à la Russie, tout en cherchant à négocier avec les États-Unis.
Depuis 2011, Ankara a accueilli plus de trois millions de migrants syriens, dont certains peuvent être suspectés de mener des activités terroristes, se servant de la Turquie comme pays de transit.
En outre, selon Mehmet Ali Güller, les vrais objectifs de l’Armée syrienne libre (ASL) sont toujours incertains, car par le passé la Turquie a été maintes fois trahie par ses combattants, dont plusieurs ont rejoint les rangs de Daech. Toutes ces menaces nécessitent une stratégie cohérente.
« Pour Damas, Ankara a joué son rôle d’exportateur du terrorisme, à l’instar de l’expérience du Pakistan pour l’Afghanistan à l’aide des organisations arabes, soutenues par les États-Unis. Ce prix-ci, Ankara le paye toujours», a déploré le journaliste turc.
Pour Mehmet Ali Güller, la Turquie doit faire un choix : soit créer une alliance stable avec ses voisins dans la région, soit poursuivre la ligne de l’américanisation.
Et de conclure : « De jour en jour, on voit que la seconde option s’avère être une impasse ».
Source: Sputnik