Plutôt Donald Trump ou Joe Biden? I24news a posé la question aux Israéliens. Mais Gil Mihaely, spécialiste de la politique israélienne, estime au micro de Sputnik que l’élément le plus important de cette élection pour « Israël » ne se situe peut-être pas dans la réponse à ce sondage.
Sans surprise, l’élection américaine suscite un intérêt tout particulier en Israël. En atteste l’étude commandée par I24news et réalisée en ligne par Shlomo Filber et Tzuriel Sharon pour Direct Polls LTD. D’après celle-ci, une énorme majorité (87,8%) des Israéliens dit éprouver un réel intérêt pour l’échéance électorale à venir outre-Atlantique.
Quel candidat préfèrent-ils? Le moins que l’on puisse dire, c’est que Donald Trump a conquis les cœurs en Israël. 63,3% des citoyens hébreux estiment qu’il sera un meilleur Président pour « Israël », révèle le sondage. Seulement 18,8% d’entre eux ont le même sentiment concernant Joe Biden.
Trump, héros du camp conservateur israélien
Un chiffre impressionnant, mais qui somme toute n’est pas très surprenant, estime au micro de Sputnik Gil Mihaely, historien et directeur de la publication des revues Causeur et Conflits, qui intervient régulièrement sur la géopolitique israélienne:
«Le fait que les Israéliens soient massivement pour Donald Trump lors de cette élection est presque une évidence, compte tenu des nombreux cadeaux qu’il leur a faits durant son mandat.»
En effet, nombreux sont les Israéliens, en particulier à la droite de l’échiquier politique, qui considèrent que la Présidence Trump a largement œuvré pour consolider la sécurité du pays, dans une région qui lui est historiquement hostile.
Il a déplacé l’ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem, reconnu cette dernière comme capitale d’Israël, s’est retiré de l’accord sur le nucléaire iranien et a intensifié la pression sur Téhéran. Trump a également parrainé les accords de paix entre Israël et plusieurs pays du Golfe… Et cette liste de mesures n’est pas exhaustive.
Le maintien de la relation privilégiée USA »Israël »
Pourtant, selon Gil Mihaely, ce chiffre n’est pas ce que ce sondage met en lumière de plus important. Selon lui, le point nodal de cette étude est la réponse à la question «Pensez-vous que les relations « Israël » –États-Unis seront affectées si Joe Biden est élu?»
«Ils sont un peu moins de 50% [43,5% précisément, ndlr] à penser qu’avec Biden, ça ne va pas changer. C’est le point essentiel à retenir de ce sondage: pour les Israéliens, le lien avec les États-Unis n’est pas partisan. Il n’y a pas de préoccupation dans le sens où ils auraient peur de la victoire du candidat Démocrate. Il y a par contre une certitude que si Donald Trump est élu, ça va être mieux», estime le géopoliticien.
Pour lui, «la personnalité de la personne qui occupe la Maison-Blanche relève d’une certaine importance, mais elle est secondaire par rapport au lien qui lie les deux sociétés et les deux pays.»
Une forme de réalisme dans la perception de la relation entre les deux États qui renvoie à la fameuse maxime de Deng Xiaoping: «peu importe qu’un chat soit noir ou blanc, s’il attrape la souris, c’est un bon chat.» En d’autres termes: peu importe l’appartenance politique du prochain Président US, l’important, c’est qu’il maintienne la relation privilégiée entre Israël et les États-Unis.
Une crainte qui n’a pas vraiment lieu d’être, étant donné que Joe Biden, le candidat le moins «israélo-compatible» selon les Israéliens eux-mêmes, reste tout de même très attaché à la relation entre les deux pays. Et ce, même si les relations entre Benyamin Netanyahou et Barack Obama n’étaient pas au beau fixe, lorsque Biden était vice-Président.
Ce dernier a souvent répété en public que «l’un des moments les plus importants de sa vie» avait été sa rencontre avec Golda Meir en 1973, quelque temps avant la guerre du Kippour. L’ancien Premier ministre israélien lui avait alors détaillé sa vision du Moyen-Orient, et il est depuis un fervent défenseur d’ »Israël ». En atteste sa «promesse sacrée de protéger le foyer d’origine des Juifs» lors d’un discours en 2015.
Bien que le candidat Démocrate à la Présidentielle américaine ait affirmé que l’ambassade «n’aurait pas dû être déplacée», il a assuré qu’«il ne la ramènerait pas à Tel-Aviv» s’il était élu.
Les Israéliens n’ont donc pas de craintes à avoir, ce n’est pas demain la veille que Washington coupera les ponts.
Source: Sputnik