La France a appelé dimanche, 25 octobre, les gouvernements des pays concernés à faire « cesser » les appels au boycott de produits français et à manifester, provenant d’une « minorité radicale », leur demandant aussi d' »assurer la sécurité » des Français vivant sur leur sol.
Ces appels au boycott, ainsi que des manifestations, ont été lancés dans le monde musulman après de récents propos du président Emmanuel Macron heurtant les sentiments de plus de 2 milliards musulmans.
« Les appels au boycott sont sans aucun objet et doivent cesser immédiatement, de même que toutes les attaques dirigées contre notre pays, instrumentalisées par une minorité radicale », a déclaré le ministère des Affaires étrangères dans un communiqué.
Le ministère a déploré que « dans plusieurs pays du Moyen-Orient se sont développés au cours des derniers jours des appels au boycott de produits français, notamment agroalimentaires, ainsi que plus généralement des appels à manifester contre la France, dans des termes parfois haineux, relayés sur les réseaux sociaux ».
Ces appels « dénaturent les positions défendues par la France en faveur de la liberté de conscience, de la liberté d’expression, de la liberté de religion et du refus de tout appel à la haine », a estimé le ministère.
La semaine dernière, M. Macron a promis que la France continuerait de défendre les caricatures offensant à l’encontre du prophète Mohammad (S), au nom de la liberté d’expression.
Dimanche soir, le président français a diffusé plusieurs tweets, également en anglais et arabe, soulignant son rejet des « discours de haine » et qu’il continuera à défendre « le débat raisonnable ».
« La liberté, nous la chérissons; l’égalité, nous la garantissons; la fraternité, nous la vivons avec intensité. Rien ne nous fera reculer, jamais », a écrit le chef de l’Etat.
« Notre histoire est celle de la lutte contre les tyrannies et les fanatismes. Nous continuerons », a-t-il tweeté, avant d’ajouter: « Nous respectons toutes les différences dans un esprit de paix (…) Nous nous tiendrons toujours du côté de la dignité humaine et des valeurs universelles ».
Le Quai d’Orsay dit avoir mobilisé le réseau diplomatique français « pour rappeler et expliquer (aux autres pays) les positions de la France en matière de libertés fondamentales et refus de la haine ».
Paris a aussi demandé aux pays concernés de « se désolidariser de tout appel au boycott ou de toute attaque contre notre pays, (d’)accompagner nos entreprises et (d’)assurer la sécurité de nos compatriotes à l’étranger ».
Le ministre délégué au Commerce extérieur Franck Riester a indiqué dimanche soir à l’AFP être « en contact permanent avec les entreprises françaises concernées (par le boycott, NDLR) dans l’agroalimentaire », citant « Bel, Lactalis, et Danone ».
« On aura demain des temps d’échanges un peu plus longs. On reste à observer l’évolution dans les jours qui viennent », a-t-il ajouté.
Interrogé sur les premières conséquences de l’appel au boycott, il a répondu: « Il y a des impacts mais les chiffrer c’est trop tôt ».
Le patronat français appelle les entreprises à « résister au chantage »
Cependant, le président du patronat Geoffroy Roux de Bézieux a appelé, lundi 26 octobre, les entreprises françaises à « résister au chantage et malheureusement à subir ce boycott » des produits français dans plusieurs pays du Moyen-Orient.
Interrogé sur la radio RMC, le patron des patrons (Medef) a prétendu qu’il fallait « faire passer nos principes avant la possibilité de développer nos affaires ».
Pour Geoffroy Roux de Bézieux, « bien sûr c’est une mauvaise nouvelle », mais il a estimé que le boycott était « pour le moment assez localisé » et qu’il n’y avait pour l’instant pas besoin d’une aide publique pour soutenir les entreprises.