Les mesures punitives prises contre le Qatar par une coalition de pays dirigée par l’Arabie saoudite violent les droits humains et devraient être levées, a déclaré jeudi une experte des Nations unies.
L’Arabie saoudite, les Emirats arabes unis, Bahreïn et l’Egypte ont rompu depuis 2017 avec le Qatar, lui reprochant de soutenir des islamistes radicaux et l’Iran, ce qu’il nie. Ils lui imposent des sanctions économiques et des restrictions sur les mouvements de ses citoyens.
Alena Douhan, rapporteure spéciale des Nations unies sur l’impact négatif des sanctions sur les droits humains, a déclaré que les mesures imposées au Qatar portaient atteinte aux droits à la libre circulation, à la non-discrimination et à la liberté d’expression, et a appelé à leur levée.
Elle a considéré, lors d’un point de presse à Doha, comme « illégale toute mesure unilatérale ayant des effets significativement préjudiciables et disproportionnés sur la jouissance des droits humains et des libertés fondamentales ».
« Ces mesures isolent le Qatar de ses voisins et limitent considérablement son accès au monde extérieur, compte tenu de sa situation géographique », a-t-elle déclaré.
Mme Dohan a exhorté les quatre pays « à mettre fin immédiatement à toutes les sanctions et mesures établissant des restrictions à la liberté d’expression, de circulation, d’accès à la propriété (et) des barrières commerciales ».
Elle a exprimé sa « grave préoccupation » concernant le traitement des Qataris expulsés par les quatre pays au début de la crise, notant que certains ont perdu leur travail et d’autres ont interrompu leurs études.
« Parmi ceux qui seraient gravement touchés, on trouve les couples mixtes et leurs enfants », a-t-elle déclaré.
Les citoyens des quatre pays vivant au Qatar ont également été affectés, a déclaré Mme Douhan, qui a toutefois félicité le Qatar pour ne pas avoir pris de mesures de rétorsion.
La coalition des quatre pays arabes a émis 13 demandes, dont la fermeture de la télévision Al-Jazeera et d’une base militaire turque pour mettre fin au boycott. Elle a aussi exigé que Doha réduise ses relations avec l’Iran, le grand rival de Ryad.
Le Qatar a rejeté ces demandes, les qualifiant d' »irréalistes », ce qui a conduit à une impasse.
Les experts des Nations unies sont indépendants mais leurs conclusions peuvent être utilisées pour informer l’organisation, notamment le Conseil des droits de l’Homme auquel Mme Douhan doit présenter un rapport final en septembre 2021.
Source: AFP