Joe Biden a dit penser que son homologue russe Vladimir Poutine était « un tueur » et a promis qu’il paierait « le prix » de ses actes, provoquant la première crise diplomatique de son mandat.
« Pensez-vous que c’est un tueur ? » La question de George Stephanopoulos, journaliste vedette de la chaîne américaine ABC, est directe, et la réponse du président des États-Unis ne laisse pas de place au doute : « Oui », a-t-il acquiescé dans cet entretien diffusé mercredi 17 mars.
«Vous verrez bientôt le prix qu’il va payer», a-t-il ajouté.
Il n’a pas précisé s’il pensait à l’empoisonnement de l’opposant russe Alexeï Navalny en août, imputé par les Etats-Unis à la Russie. L’opposant a été incarcéré à son retour en Russie après cinq mois de convalescence en Allemagne, et Washington exige sa libération.
«Hystérie due à de l’impuissance»
Dans une première réaction d’un responsable russe de haut rang, le président de la chambre basse du Parlement et proche de Vladimir Poutine a dénoncé «de l’hystérie due à de l’impuissance».
«Poutine est notre Président et une attaque contre lui, c’est une attaque contre notre pays», a écrit sur son compte Telegram Viatcheslav Volodine.
«Avec ses déclarations, Biden a insulté les citoyens de notre pays», a ajouté celui qui fut le numéro 2 l’administration présidentielle russe entre 2011 et 2016.
Moscou rappelle son ambassadeur
Moscou a en tout cas annoncé sans tarder avoir rappelé son ambassadeur aux États-Unis Anatoli Antonov « pour des consultations ».
« Pour nous, l’essentiel est de déterminer quels peuvent être les moyens de rectifier les relations russo-américaines, qui sont dans un état difficile et que Washington a conduit dans une impasse ces dernières années », a expliqué la porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, Maria Zakharova.
Elle a assuré pour autant vouloir « éviter leur dégradation irréversible », disant espérer que « les Américains sont conscients des risques ».
Selon la porte-parole, le moment est venu d’évaluer les premiers résultats du travail de l’équipe de Joe Biden.
Relations tendues entre Moscou et Washington
Ces dernières années, l’état des relations américano-russes n’a cessé de se dégrader. Les autorités américaines ont fermé les consulats russes à San Francisco et à Seattle respectivement en septembre 2017 et en avril 2018. Les États-Unis ont en outre expulsé 60 diplomates russes.
En décembre 2020, les États-Unis ont annoncé leur décision de fermer leurs deux derniers consulats en Russie. Le 11 mars 2021, le consul général russe à Houston a déploré les lenteurs excessives de la délivrance de visas américains à ses diplomates et le refus de prolonger le permis de séjour des personnes déjà en poste aux États-Unis.
En novembre dernier, Vladimir Poutine avait estimé dans une interview qu’il était impossible de détériorer les relations américano-russes puisqu’elles étaient «déjà détériorées» depuis longtemps. Il avait rappelé que les désaccords avaient été nombreux pendant les présidences de Barack Obama et de Donald Trump. Parmi les points négatifs, il avait cité les sanctions antirusses décrétées par Washington ainsi que le problème du Traité de réduction des armes stratégiques offensives (New Start).
Selon le porte-parole du Président russe, Dmitri Peskov, cette détérioration des rapports bilatéraux s’expliquerait par le renforcement de la Russie.
À son avis, la Russie des années 1990, qui pouvait «être gouvernée» en raison de sa faiblesse économique et politique, était «confortable et préférable» pour les États-Unis qui lui avaient alors apporté leur soutien.
Sources: Sputnik + AFP