Que se passe-t-il en Jordanie ? Une question que se posent les observateurs depuis le discours pathétique prononcé par le Grand juge religieux du royaume hachémite, cheikh Ahmad Houlaïl dans lequel il a mis en garde les monarchies du Golfe contre l’effondrement de son pays.
Selon le rédacteur en chef du site d’information en ligne al-Ray al-Yaoum, Abdel Bari Atwane , l’appel lancé par cet éminent religieux qui occupe aussi le poste honorifique de l’Imam de la famille royale hachémite rappelle un discours de l’ex-roi jordanien Hussein, dans lequel il avait adressé un avertissement à ces Etats du Golfe en 1990 , les qualifiant de « villes de sel » car ils ont fait la sourde oreille à ses appels au secours.
A cette époque, rappelle M. Atwane, les caisses du royaume hachémite étaient presque vides. Et c’est finalement l’ex-président irakien Saddam Hussein qui est venu à la rescousse.
La situation semble similaire aujourd’hui.
Avec une dette estimée à près de 37 milliards de dollars, ce pays sans ressources de plus de 6 millions d’habitants est fortement tributaire de l’aide extérieure. Le gouvernement jordanien s’attendait à ce que les Etats golfiques renouvellent leur octroi quinquennal en lui accordant la somme de 5 milliards de dollars à la fin de l’an dernier. Seuls trois pays ont payé leur dû. La Jordanie a du imposer des taxes == sur 95 % des marchandises, ce qui a provoqué une inflation.
Depuis des mouvements de protestations s’en sont suivis et la colère s’est surtout emparée des grands retraités de certaines provinces du sud et du nord jordanien, où se trouvent les principales régions loyalistes au pouvoir hachémite.
cheikh Houlaïl avait même rappelé dans son prêche que la Jordanie qui a toujours soutenu indéfectiblement les monarchies du Golfe en protégeant ses frontières occidentales ne mérite pas ce renoncement. Sachant que ce pays avait reçu la promesse d’être rallié au Conseil de Coopération du Golfe (CCG), durant l’éclatement des protestations du Printemps arabe. Mais il n’en a rien été non plus.
Ce renoncement de la part des Etats du Golfe s’est répercuté dans la tribune parlementaire. Depuis deux semaines, le député Tarek Khouri avait lors d’une séance de discussion du budget de l’Etat pour l’année 2017 avait signalé que son pays défendait les frontières saoudienne et israélienne sans rien en échange. Il avait même accusé les alliés de la Jordanie d’avoir détruit la Syrie, le Yémen, l’Irak et la Libye.
Ces derniers jours, un autre député Ahmad Safadi a insulté les Etats du Golfe les mettant en garde qu’ils tomberont surement si la Jordanie tombe. « Qu’avons-nous donc récolté de l’accord de paix et du processus de paix ? Qu’avons-nous bénéficié de l’Arabie saoudite ? Si quelque chose se passe dans notre pays, les pays du Golfe tomberont », a-t-il averti.
Certaines voix commencent à réclamer que la Jordanie change de cap, à l’instar de l’Égypte qui a frappé la porte de l’Irak pour obtenir le pétrole que l’Arabie lui avait suspendu. Et pourquoi pas de recourir à l’Iran.
On ne saura la voix qu’elle empruntera qu’après la visite du roi saoudien en Jordanie, prévue à la fin du mois de mars prochain. Deux jours avant le lancement du sommet arabe dans la capitale Oman.
Sources: Al-Ray al-Yaoum; Al-Akhbar