Le président démissionnaire yéménite a annoncé, ce jeudi 7 avril, qu’il remettait ses pouvoirs à un nouveau conseil pour diriger le pays ravagé par plus de sept ans de guerre.
« Je délègue de manière irréversible mes pleins pouvoirs à ce conseil présidentiel », a indiqué le président pro-saoudien Abed Rabbo Mansour Hadi dans une déclaration télévisée.
Cette annonce est intervenue au dernier jour des ‘pourparlers de paix’ sur le Yémen à Ryad. Or, ces pourparlers se déroulent en l’absence des principaux protagonistes, à savoir le mouvement d’Ansarullah qui a dit refuser de participer à des pourparlers en territoire « ennemi ».
Le nouveau conseil présidentiel sera composé de huit membres et sera dirigé par Rashad al-Alimi, un ancien ministre de l’Intérieur et conseiller de M. Hadi.
Hadi, réfugié en Arabie saoudite depuis 2015, a également annoncé avoir limogé le vice-président Ali Mohsen al-Ahmar.
A Ryad, le dirigeant de facto du royaume saoudien, le prince héritier Mohammed ben Salmane, a rencontré les membres du nouveau conseil présidentiel yéménite, et émis l’espoir que ce changement ouvrira une « nouvelle page » au Yémen, a indiqué l’agence officielle de presse saoudienne.
La guerre saoudienne lancée contre le Yémen, depuis mars 2015, a causé la mort de près de 380.000 personnes et provoqué la pire crise humanitaire au monde, selon l’ONU.
Au Yémen, un cessez-le-feu fragile se met en place depuis le début du mois de Ramadan, le mois du jeûne musulman.
La décision de la coalition de suspendre ses opérations est intervenue après l’initiative de paix présentée par le président du Conseil politique suprême du Yémen (Ansarullah), Mahdi Al-Mashat, dans laquelle il a annoncé « la suspension des frappes de missiles et de drones et de toutes les actions militaires en direction de l’Arabie saoudite ».
Un conseil illégitime, selon Ansarullah
En réaction, le membre du bureau politique d’Ansarullah, Mohammad al-Bakhiti, a déclaré que la décision du président sortant Abed Rabbo Mansour de mettre en place un conseil présidentiel, dans le but de négocier avec Ansarullah « a surpris tout le monde ».
Dans une interview accordée à la télévision libanaise AlMayadeen, al-Bakhiti a ajouté que: « Rashad al-Alimi a été choisi à la tête du nouveau conseil parce qu’il est l’homme des USA ».
Et de faire savoir: « al-Alimi est le seul qui a fait passer, sans embarras, un article légalisant la présence américaine au Yémen ».
« Nous étions sur le point de faire un tel pas (Conseil présidentiel) un jour avant l’agression (26 mars 2015), alors pourquoi le font-ils aujourd’hui en choisissant un américano-saoudien ? », s’est interrogé le dirigeant d’Ansarullah.
M.al-Bakhiti a déploré « l’absence de rôle yéménite dans l’établissement du Conseil présidentiel ».
Et de souligner : « La vraie légitimité au Yémen est pour ceux qui défendent l’indépendance du pays », notant que « le Conseil présidentiel est une extension de l’occupation et n’a aucune légitimité ».
Le dirigeant d’Ansarullah a insisté sur le fait que « le dialogue doit se faire entre le Yémen et les 4 pays d’agression (Arabie, Emirats, USA, Grande Bretagne). Ce conseil ne représente pas la vision des Yéménites ».
« Le fait d’accepter le dialogue avec les outils des pays d’agression, qui ne jouissent d’aucune autorité, permettrait à ces pays d’entraver la solution sans en assumer la responsabilité », a en outre expliqué M.al-Bakhiti.