Le secrétaire général du Hezbollah, Sayyed Hassan Nasrallah, a lancé un appel à tous les protagonistes issus des récentes législatives du 15 mai afin d’unir leurs efforts pour sortir le Liban de sa crise économique.
Lors de la célébration de la sixième année du martyre du commandant de la résistance Moustafa Badreddine, du nom de guerre Zoulfiqar, tué pendant la guerre en Syrie, il a assuré que le Liban va devoir faire face à des défis bien plus cruciaux et plus dangereux que celui de l’armement de la résistance, rappelant que le Liban figure sur la liste des pays qui risquent l’effondrement cette année.
Il a rappelé que la seule issue disponible est celle d’exploiter au plus vite le pétrole et le gaz dans les eaux territoriales libanaises et non pas de recourir à l’endettement auprès des organisations internationales.
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Evoquant dans son discours retransmis par la télévision les exploits de la génération des martyrs Moustafa Badreddine et Imad Moughniyeh, sayed Hassan Nasrallah a affirmé que « c’est elle qui a protégé le Liban jusqu’à ce jour ».
Le martyr « a été l’un des symboles de toute une génération croyante, combattante. Il a reçu tous les honneurs qu’une personne peut obtenir, car c’est un moudjahid, un commandant djihadique et un martyr qui a passé sa vie dans une lutte acharnée contre les puissances de l’arrogance, il avait une réputation exceptionnelle, la personnalité d’un leader, d’un homme de foi, de conscience, disposait d’une perspicacité et d’une compréhension stratégique, et jouissait d’un grand courage et d’un grand enthousiasme… Il était présent, sur toutes les places, celle de Palestine, du Liban et de la Syrie…Il a porté tous les honneurs, celui d’avoir été un combattant et celui d’avoir été un blessé de guerre, jusqu’à ce qu’il soit tombé en martyr. Il a passé sa vie à lutter contre les sionistes et les takfiristes ».
Leçon de la Nakba: ne pas se fier aux régimes arabes
Dans son discours, sayed Nasrallah est revenu sur la Nakba palestinienne commémorée tous les 15 mai :
« La Nakba du 15 mai n’était pas seulement la Nakba de la Palestine, mais la Nakba de tous les Arabes. C’est un évènement dont les calamités et les souffrances ne tarissent pas depuis 74ans, les peuples de la région en pâtissent toujours… Aujourd’hui, la chose la plus importante concernant cette Nakba est la position du peuple palestinien pendant des décennies, et ce qui s’est passé ces dernières semaines, sans oublier la bataille de l’Épée d’al-Qods… Le peuple palestinien a fait son choix, et aujourd’hui il est présent sur toutes les places et tous les terrains… je crois que la majeure partie du peuple palestinien est entièrement persuadée que le choix de la résistance est le seul pour sa libération… Le message du peuple palestinien est qu’il n’attend plus rien ni des régimes arabes, ni de la Ligue arabe ni des Nations unies… »
Et de poursuivre: « L’avantage de la génération de Mustafa Badreddine est qu’elle n’a pas attendu les pays arabes, ni les organisations islamiques, ni la communauté internationale ni le Conseil de sécurité. Elle a fait le choix de la résistance qui a été déclenchée dans les premières heures de l’invasion israélienne en 1982… Les relations avec le monde arabe font certes partie des constantes indiscutables, mais que personne ne se fasse l’illusion qu’il est capable de protéger le Liban alors qu’il n’a pas été capable de protéger la Palestine lorsqu’il était uni et capable… Pour faire face à l’occupation et afin de protéger le Liban des menaces, je pense que personne ne peut compter sur les régimes arabes officiels. Celui qui peut libérer et protéger notre pays est notre peuple, notre volonté, notre résistance, notre culture, et notre retour à Dieu et la force de nos bras …
Lorsque l’Etat libanais a normalisé avec ‘Israël’
Sayed Nasrallah est revenu sur l’accord que le gouvernement libanais avait conclu avec l’entité sioniste le 17 mai 1983
« Il faut lutter pour avoir un État juste et puissant, disposant d’une autorité nationale, honnête et courageuse, et qui place l’intérêt national au-dessus de tous les autres intérêts.
L’équipe qui a signé l’accord du 17 mai est toujours présente. C’est celle qui se réclame aujourd’hui de la souveraineté et affiche vouloir préserver les relations avec le monde arabe, ce qui constitue un grand changement par rapport à ce qu’elle était lorsqu’elle se démarquait du monde arabe…
A l’époque, lors de la signature de l’accord, elle avait été soutenue par la majorité des députés, toutes appartenances confessionnelles confondues à l’exception de deux députés que je dois citer : Najah Wakim et Zaher al-Khatib. Mais une bonne partie du peuple libanais était contre cet accord, dont les oulémas sunnites et chiites, ainsi que la Syrie et l’Iran. Qu’a donc fait l’Etat libanais pour protéger le Liban de l’accord du 17 mai ? il a fait le choix du pire, celui de négocier avec l’ennemi, il a adopté une position faible, de capitulation, et a conclu un accord qui sape la souveraineté du Liban.»
Après avoir rappelé le rôle du commandant martyr Moustafa Badreddine pendant l’offensive israélienne de 1996, puis dans l’opération d’Ansariyeh, une localité du sud du Liban, en 1997, lorsqu’un commando israélien est tombé dans une embuscade de la résistance il a assuré que c’est la génération de Moustafa Badreddine qui a contribué à la libération du Liban en l’an 2000 et qui lui a procuré la vraie souveraineté, et la liberté.
Le secrétaire général du Hezbollah a souligné que « la résistance a contribué à découvrir et à démanteler de nombreux réseaux d’espionnage israéliens, en coopération avec les services de sécurité » libanais, notant que ces derniers « sont déterminés à procéder au démantèlement des réseaux d’espionnage », appelant « tous les dirigeants pour soutenir cette tendance. »
Il a ajouté : « compte tenu des capacités de la résistance, les Israéliens ont besoin de nombreux agents, et le recrutement a été entamé de manière maladroite et non professionnelle ».
Une question de choix politiques
Il a continué en détaillant le rôle du commandant martyr Badreddine dans la guerre en Syrie indiquant que c’est lui qui dirigeait la bataille, au début depuis le Liban avant de se rendre en Syrie.
« Les Américains ont été surpris du fait que le Hezbollah s’est impliqué dans la bataille de Qousseir , cette bataille a abouti à des changements stratégiques dans le cours de la guerre. Ce sont nos jeunes combattants ainsi que les soldats de l’armée syrienne qui ont changé le cours de la bataille. La bataille de Qousseir a contribué à la libération des zones frontalières. Dans chacune des batailles, il était un commandant central. Il a été le fer de lance de la bataille en Syrie, pour démanteler des voitures piégées au début de l’affrontement avec le terrorisme takfiriste et puis il s’est rendu sur les lieux mêmes où ils préparaient les attentats-suicide. Les choix de notre équipe politique ont toujours été les bons, et ils ont gagné depuis 1982 jusqu’à aujourd’hui. La question au Liban est une question de choix politiques, depuis l’invasion israélienne jusqu’à nos jours, à travers la guerre mondiale qui a été déclenchée contre la Syrie. »
Des défis très dangereux
Sayyed Nasrallah a poursuivi en évoquant la conjoncture politique actuelle au Liban:
« Les divisions au Liban sont toujours de mise et aujourd’hui elles sont aigües, et donc nous sommes confrontés à des défis.
A ceux qui discutent des appartenances nationales de chacun, nous disons : Nous sommes les plus soucieux de préserver le pays et son identité. Nous sommes d’ici, nous sommes nés ici et nous serons enterrés ici. Nous n’avons pas de second passeport ni des maisons à l’étranger ni des comptes bancaires… Personne ne doit s’attendre à ce que nous faiblissions ou que nous abandonnions notre pays pour lequel nous avons versé tout ce sang précieux… Nous au Liban sommes aujourd’hui confrontés à de grands et très dangereux défis… le défi imminent est celui de la crise économique, les pénuries de pain, de médicaments, de l’électricité, et non pas le problème des armes de la résistance. La compagnie d’électricité met en garde que le Liban est au bord d’une obscurité totale. Le dollar est en hausse. Il a atteint les 31 mille livres. Les médicaments de cancer sont introuvables. Le prix du mazout pourrait atteindre le un million de livres. Le problème n’est pas les armements de la résistance. Le problème est économique et vital ».
Entamez l’exploration du pétrole
Sayed Nasrallah a rappelé les récents propos de l’ex-envoyé de l’administration américaine pour le Liban David Schenker devant le congrès américain, lorsqu’il a parlé des alliés des Etats-Unis.
« Schenker, qui les connaît bien (les opposants à la résistance au Liban), alors que nous cherchons à ce qu’ils soient nos partenaires. Il les a qualifiés de narcissiques et de personnalistes, ce qui signifie qu’ils ne se soucient guère des intérêts du pays et du peuple… il sait bien de qui il parle. Selon les experts économiques mondiaux, la situation économique de plus de 64 pays dans le monde, dont certains dans la région font partie de ceux qui normalisé avec Israël est au bord de l’effondrement, et l’un d’entre d’eux a commencé à vendre ses actifs. Le Liban aussi en fait partie. Nous au Liban n’avons pas le luxe du temps, et cela nécessite une action d’urgence au sien du Parlement et dans le processus de formation d’un gouvernement… ce sont des priorités.
J’insiste de nouveau sur la nécessité de l’ouverture vers l’Est et l’Ouest et surtout de ne pas succomber aux desideratas et à la colère des Etats-Unis. Il faut rétablir les relations avec la Syrie. Le Liban est celui à qui cela profite le plus, pour faire face à la crise des déplacés entre autres.
Nous n’avons pas de luxe de temps et nous sommes confrontés à des échéances imminentes et gravissimes … l’extraction du pétrole est la principale porte d’espoir pour sortir de notre crise, et non pas en mendiant et en quémandant des prêts auprès de la Banque mondiale… Il faut commencer à travailler sur les blocs du sud qui se trouvent dans les eaux territoriales libanaises non contestées, ceux reconnus comme tels par l’Etat libanais, comme l’a dit le chef du parlement M. Nabi Berri. Entamez les contacts avec les compagnies pétrolières, et nous allons suivre cette question de notre côté. C’est la manière la plus claire, la plus importante et la plus honorable que de recourir au trésor qui se trouve dans notre mer pour sauver notre pays ».
Source: Al-Manar