Grand tournant dans le cours des combats en Syrie, ou situation inédite sous l’impulsion de la rencontre d’Astana: Damas et les ennemis d’hier, syriens et turc livrent désormais le même combat, contre un même ennemi, Daesh. Jusqu’à présent!
Ce mercredi, des sources russes ont fait état de la première campagne conjointe entre l’armée syrienne et les groupes armés de l’opposition sur le sol syrien. Selon le chef du Commandement opérationnel principal de l’État-major russe le général Sergueï Roudskoï, cité par l’agence russe Sputnik, l’opération a eu lieu lorsque les deux protagonistes ont repoussé une attaque de la milice wahhabite Daesh dans l’est de la province syrienne de Qalamoune.
Cette information qui n’a pas été confirmée d’une autre source intervient alors que sur le terrain, aussi bien l’armée syrienne et ses alliés que l’armée turque et ses alliés avancent dans la province nord d’Alep vers la localité stratégique d’Al-Bab, également occupée par Daesh.
Ce mercredi, Ankara a fait état que ses troupes se trouvent désormais à la périphérie de la ville en question. « Au cours des derniers jours, nos forces spéciales, nos soldats et les membres de l’Armée syrienne libre ont réalisé une nette progression » à Al-Bab, a assuré le chef de la diplomatie turque Mevlüt Cavusoglu.
Selon l’agence russe Sputnik, l’offensive conjointe de l’armée turque et de ses alliés de l’ASL contre les terroristes de Daesh dans la ville syrienne d’Al-Bab est une réussite. L’agence a fait état de 2.000 combattants qui attaquent la ville sur trois flancs, avec l’appui de l’artillerie et de l’aviation turques.
Se fiant aux propos d’Ahmed Osman, le commandant de la Brigade Sultan Mourad de l’ASL, Sputnik rapporte que les positions des forces turques ne se trouvent qu’à 500 mètres du centre-ville. « Dans certains quartiers il ne reste que 200 mètres », a fait savoir M. Osman.
Cette avancée non plus n’a pas été confirmée de source indépendante. Selon le correspondant de la chaine de télévision arabophone al-Mayadeen TV, « les forces de la campagne turque Bouclier de l’Euphrate ne sont pas entrées dans la ville et les combats font toujours rage dans la région de Jabal Cheikh Akil », dans sa périphérie.
Cité par l’AFP, l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH) a pour sa part fait état de violents affrontements qui se sont déroulés dans la nuit de mardi à mercredi entre les rebelles syriens soutenus par l’armée turque et l’EI. Six civils ont été tués et 12 ont été blessés dans la nuit dans les frappes turques, a ajouté l’OSDH.
Citant l’armée turque, l’agence progouvernementale Anadolu a pour sa part rapporté mercredi que 58 « terroristes » et deux soldats turcs avaient été tués dans les combats de la nuit.
En fin d’après-midi de ce mercredi, citant des sources turques, Sputnik a rendu compte de la mort de 4 soldats turcs et de 21 autres ayant été blessés dans les affrontements.
Selon le journal russe Iszvestia, en s’approchant de la ville d’Al-Bab, l’armée syrienne s’approche aussi de l’armé turque. D’autant qu’elle a pris ces derniers temps des villages qui avaient été conquis par les soldats turcs. Elle se trouve selon al-Mayadeen à près de 2 km de la ville.
Selon le premier vice-président de la commission de la Défense et de la Sécurité dans la Douma russe, Moscou joue le rôle de médiateur entre Damas et Ankara, pour empêcher toute friction entre leurs forces.
Lors de sa rencontre avec les députés belges, le président syrien Bachar al-Assad a réitéré ne pas avoir confiance en les responsables turcs .
« La cible suivante, en Syrie, est l’opération de Raqqa. Il est nécessaire de mener l’opération de Raqqa, non pas avec d’autres groupes terroristes, mais avec les bonnes personnes », a déclaré le ministre des AE turc, en allusion aux milices kurdes alliées de Washington dans la lutte contre l’EI mais qu’Ankara considère comme « terroristes ».
« En tant que pays de la région, en tant que pays dans la coalition, nous pouvons engager nos forces spéciales, il est nécessaire que nous le fassions », a-t-il ajouté, lors d’une conférence de presse avec son homologue saoudien, Adel al-Jubeir, en visite à Ankara.
Dans la soirée, le ministère des Affaires étrangères russe a rendu compte de la présence de nombreuses divergences avec la Turquie, qu’il est nécessaire de discuter. « En plus de la lutte contre Daesh, la Turquie a ses propres objectifs en Syrie », a-t-il relevé, rappelant toutefois que la Russie se comporte avec la Turquie dans la mesure « qu’elle n’a pas pour l’instant de projet d’installation d’une zone tampon dans le nord syrien ».
Selon la chaine de télévision iranienne arabophone, le porte-parole de la présidence turque a rappelé la volonté de son pays d’établir une zone de sécurité qui s’étend entre les deux localités d’Azzaz et de Jarablos.
Sources: Sputnik, AFP, al-Mayadeen, al-Manar.