Le conseiller de Donald Trump en matière de sécurité nationale Michael Flynn a discuté des sanctions visant Moscou avec l’ambassadeur russe aux Etats-Unis lorsque Barack Obama était encore président, contrairement à ce qu’il a affirmé, ont assuré vendredi des médias américains.
Ces conversations ont eu lieu alors même que le président Obama ordonnait fin décembre l’adoption d’une série de mesures contre la Russie, pour son ingérence présumée dans la campagne présidentielle américaine.
Selon les sources du Washington Post, le premier à avoir révélé l’affaire, et du New York Times, ces discussions pourraient être illégales.
Les journaux citent des responsables anonymes, en poste actuellement ou sous la précédente administration, qui ont consulté des rapports élaborés par les services de renseignement américains surveillant habituellement les contacts des diplomates russes.
Michael Flynn a pu saper l’impact des sanctions américaines en laissant entendre à Moscou, autour de la date de l’annonce de ces mesures, que Donald Trump relâcherait la pression après sa prise de fonctions le 20 janvier.
Flynn a fait référence « explicitement » aux sanctions, certaines sources affirmant même qu’il avait « appelé la Russie à ne pas réagir de façon excessive » aux mesures de Barack Obama, « laissant entendre clairement que les deux parties seraient en position de revenir sur la question une fois que Trump » aurait prêté serment, écrit le Washington Post.
Les conversations entre M. Flynn –nommé le 18 novembre– et l’ambassadeur russe à Washington « ont été interprétées par certains hauts responsables américains comme envoyant le message inapproprié et potentiellement illégal au Kremlin qu’il pouvait s’attendre à échapper aux sanctions », poursuit le journal américain.
Appels au licenciement
Ces révélations menacent de plonger la Maison Blanche dans une nouvelle polémique. Michael Flynn et le vice-président Mike Pence ont tous deux nié publiquement que les sanctions aient été abordées lors des conversations du conseiller avec Sergey Kislyak.
Un responsable de la Maison Blanche a souligné vendredi, sous couvert d’anonymat, que « les commentaires du vice-président étaient basés sur ce que lui avait dit le général Flynn ».
Le conseiller à la sécurité nationale est revenu jeudi sur son propre démenti, selon le Washington Post, affirmant par la voix d’un porte-parole que « bien qu’il ne se souvienne pas d’avoir parlé des sanctions, il ne peut être certain que le sujet n’a jamais été abordé ».
Une loi américaine (the Logan Act) interdit à des ressortissants américains non habilités de négocier avec des gouvernements étrangers en litige avec les Etats-Unis. Personne n’a jamais été poursuivi sur la base de cette loi datant de 1799.
Les démocrates ont vivement critiqué Michael Flynn. « Ces allégations (…) posent de graves questions de légalité et d’aptitude à exercer ses fonctions », a écrit dans un communiqué le chef de file des démocrates à la commission du Renseignement de la Chambre des représentants, Adam Schiff.
« Le président devrait se séparer immédiatement du général Flynn », a estimé pour sa part son homologue à la commission des Affaires étrangères, Eliot Engel.
Le choix par Donald Trump de cet ancien général pour diriger le Conseil de sécurité nationale (NSC) a suscité la controverse. Beaucoup au sein des agences de renseignement estiment qu’il n’est pas apte à exercer cette fonction.
Flynn avait été démis de ses fonctions de directeur du renseignement militaire américain (DIA) après deux années de mauvaise gestion. M. Flynn considère l’islam politique comme la plus grande menace pesant sur la stabilité mondiale, et estime que Washington et Moscou doivent coopérer sur cette question.
Source: AFP