La mobilisation contre la réforme des retraites est restée très forte, le jeudi 23 mars en France, une semaine après le passage en force du gouvernement sur ce texte, avec une radicalisation du mouvement qui s’est traduite par une hausse des violences.
Au total, 3,5 millions de personnes ont manifesté dans plus de 300 villes de France selon le syndicat CGT, et 1,08 million selon le ministère de l’Intérieur.
Une mobilisation massive pour cette 9e journée d’action, mais la première depuis que le gouvernement a utilisé une disposition constitutionnelle, le 49.3, pour faire passer le texte sans vote le 16 mars.
Paris a enregistré un nombre record de manifestants et la mobilisation est en hausse à l’échelle du pays par rapport à la 8e journée de mobilisation, le 15 mars (480 000 manifestants), selon le ministère de l’Intérieur.
Les syndicats évoquent un niveau équivalent au record du 7 mars.
La mobilisation n’a toutefois pas atteint de niveau record. Alors que, selon une source proche du gouvernement, l’exécutif espérait que la contestation s’étiolerait et que tout rentrerait dans l’ordre « ce week-end », les syndicats ont d’ores et déjà appelé à une dixième journée d’action nationale mardi.
Ils ont souligné la « détermination du monde du travail et de la jeunesse à obtenir le retrait de la réforme », qui prévoit notamment le recul de 62 à 64 ans du départ à la retraite.
Les manifestations, grèves et débrayages « sont une réponse » à l’«entêtement incompréhensible » du président, ont souligné les syndicats, en estimant que « la responsabilité de la situation explosive », avec la multiplication des incidents, incombe au gouvernement.
En début de soirée, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, indiquait que 123 gendarmes et policiers avaient été blessés jeudi et plus de 80 personnes interpellées.
La première ministre, Élisabeth Borne, a jugé « inacceptables » les « violences et dégradations » dans les manifestations.
« Manifester et faire entendre des désaccords est un droit. Les violences et dégradations auxquelles nous avons assisté aujourd’hui sont inacceptables », a-t-elle écrit sur Twitter, exprimant sa « reconnaissance aux forces de l’ordre et de secours mobilisées ».
France Thursday around noon
Nantes
Rennes
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Brest
Fire in front of a police station pic.twitter.com/auC8zrAAg1— Timothy Robert (@timingnl) March 23, 2023
Peu avant le départ du cortège parisien, le secrétaire général du syndicat réformiste CFDT, Laurent Berger, avait noté un « regain de mobilisation » et appelé « à la non-violence ».
« Jusqu’au bout il va falloir garder l’opinion », qui est une « pépite », a-t-il dit, alors que la contestation se radicalise depuis quelques jours.
À ses côtés, son homologue de la CGT, Philippe Martinez, a estimé que le président, Emmanuel Macron, avait « jeté un bidon d’essence sur le feu » avec son entrevue la veille, dans laquelle il est resté inflexible, parfois tranchant, réaffirmant « la nécessité » de sa réforme.
À Paris, où la CGT a annoncé 800 000 manifestants et le ministère de l’Intérieur, 119 000, des violences ont rapidement éclaté en tête de cortège : pavés, bouteilles et feux d’artifice lancés sur les forces de l’ordre, vitrines et abribus brisés et poubelles enflammées.
La préfecture de police a recensé « environ un millier » d’éléments radicaux dans la capitale, où la situation restait chaotique en soirée, avec des incidents toujours en cours.
Source: Avec Le Devoir