En réaction aux rapports publiés sur la possibilité d’une intervention militaire française au Niger, le ministre italien des Affaires étrangères a déclaré qu’une intervention militaire française dans ce pays serait considérée comme du néo-colonialisme.
« Nous devons faire pression pour le retour de la démocratie au Niger, et il ne devrait pas y avoir d’intervention militaire de la part de la France dans ce pays, car cette étape sera considérée comme du néocolonialisme », a déclaré Antonio Tajani, le chef de la diplomatie italienne dans une interview à la chaîne italienne Rai, mercredi 2 août.
« Nous devons considérer les pays africains comme les principaux alliés de l’Italie, de l’Europe et de l’Occident et non comme un environnement de colonisation », a-t-il ajouté.
Les forces de la garde présidentielle au Niger ont renversé avec le soutien de l’armée le président du pays, Mohamed Bazoum, mercredi dernier. Suite à ce coup d’État, le chef de la garde présidentielle, Abdourahamane Tchiani, a été déclaré nouveau chef de l’État du Niger par les chefs d’un coup d’État.
Manifestations contre l’ingérence de la France
Après le coup d’État, les pays européens, en particulier la France qui dispose d’une force militaire de quelque 1.500 militaires, se sont opposés à cette action. Les autorités militaires du Niger ont annoncé la possibilité d’une intervention militaire de la France et de plusieurs pays africains dans ce pays et ont demandé à la population de descendre dans la rue pour protester contre l’ingérence de la France. Par la suite, des milliers de Nigériens ont manifesté devant l’ambassade de France en début de semaine, et certains ont également pris d’assaut l’ambassade de France.
Parmi les pays africains, certains ont soutenu les putschistes, d’autres le président déchu.
Dans un communiqué conjoint publié dans les dernières heures de la soirée de lundi, les gouvernements du Mali et du Burkina Faso ont annoncé leur soutien au coup d’État au Niger et ont souligné que les sanctions de la Communauté économique des États de l’Afrique de l’Ouest (Cédéao) contre le Niger sont illégitimes et illégales.
Les deux pays ont également souligné que toute intervention militaire au Niger signifierait une déclaration de guerre contre le Burkina Faso et le Mali où les militaires nigériens au pouvoir ont envoyé des délégations mercredi.
La Cédéao menace d’intervenir
Dans la nuit de jeudi à vendredi, la délégation de la Cédéao, venue pour trouver une solution diplomatique à la crise, a quitté Niamey, sans avoir rencontré, ni le chef de la junte, le général Abdourahamane Tiani, ni le président déchu Mohamed Bazoum.
Ce dernier a lancé un appel « aux Etats-Unis et à la communauté internationale à aider à instaurer l’ordre constitutionnel », dans une déclaration publiée dans une tribune du Washington Post en anglais. Il y a mis en garde contre les conséquences « dévastatrices » du coup d’Etat pour le monde et le Sahel, qui pourrait passer, selon lui, sous l' »influence » de la Russie par le biais du groupe paramilitaire Wagner.
La Cédéao a donné jusqu’à dimanche aux putschistes pour rétablir dans ses fonctions le président Mohamed Bazoum renversé le 26 juillet, sous peine de d’utiliser « la force ».
Le Benin et le Sénégal ont exprimé leur disposition à intervenir militairement si une intervention militaire est décidée.
Elle devrait être prise lors de la réunion des chefs d’état-major de la Cédéao qui doit s’achever vendredi après-midi à Abuja.
La France refuse de partir
En outre, la France a refusé la décision de la junte de rompre la coopération militaire avec elle.
Paris a affirmé vendredi que seules « les autorités nigériennes légitimes » avaient le pouvoir de revenir sur ces accords. Ces autorités « sont les seules que la France, comme l’ensemble de la communauté internationale, reconnaît », a souligné le ministère français des Affaires étrangères
Sources: Press Tv, AFP