Cinq ex-prisonniers américains en Iran et deux ex-prisonniers iraniens aux Etats-Unis sont arrivés lundi à Doha, en application d’un accord d’échange de détenus entre l’Iran et les Etats-Unis conclu avec la médiation du Qatar. Au préalable, un transfert de fonds iraniens gelés en Corée du Sud, d’un montant de six milliards de dollars, a été annoncé à Doha et confirmé par l’Iran.
Le transfert de fonds dans six comptes iraniens dans deux banques du Qatar a été effectué lundi.
« Aujourd’hui, l’équivalent de 5.573.492.000 euros a été déposé sur le compte des banques iraniennes auprès de deux banques qataries », a précisé à Téhéran, Mohammadreza Farzin, gouverneur de la Banque centrale iranienne.
Il a ajouté que son pays avait l’intention de saisir la justice contre la Corée du Sud pour ne pas avoir autorisé Téhéran à accéder à ces fonds et demander des dommages à la suite de leur dépréciation.
Téhéran a assuré avoir la possibilité d’user autrement de cette enveloppe et pas seulement pour acheter des médicaments et de la nourriture. Après ce versement, l’Iran n’aura « plus beaucoup de ressources bloquées dans d’autres pays », a affirmé le porte-parole du ministère iranien des Affaires étrangères Nasser Kanani lundi. « Au Japon nous en avions une certaine quantité mais nous en avons utilisé une grande partie et la quantité restante n’est pas significative », selon lui.
Cet arrangement avait été annoncé le 10 août et cinq Américains d’origine iranienne, détenus en Iran, avaient ensuite été transférés en août de leur prison pour être placés en résidence surveillée. Parmi eux figure l’homme d’affaires Siamak Namazi, arrêté en 2015 et condamné à dix ans de prison en 2016 pour espionnage. « Merci président (Joe) Biden d’avoir fait passer la vie humaine avant la politique », a-t-il déclaré dans un communiqué.
« Deux prisonniers iraniens, Mehrdad Moin-Ansari et Reza Sarhangpour, libérés lors de l’échange de prisonniers iraniens et américains et prévoyant de se rendre en Iran, sont arrivés à Doha », a indiqué l’agence Tasnim. Les trois autres ex-prisonniers libérés ne souhaitent pas aller en Iran.
Parmi les cinq Iraniens devant être libérés par les Etats-Unis, figurent Reza Sarhangpour et Kambiz Attar Kashani, accusés d’avoir « détourné les sanctions américaines » contre l’Iran.
Aux yeux de certains experts, rapporte l’AFP, cet accord témoigne d’un relatif apaisement des tensions entre l’Iran et les Etats-Unis, mais ils ne préjugent pas d’un possible accord sur le dossier du nucléaire iranien. Des négociations menées par les Européens n’avaient pas réussi en 2022 à raviver l’accord sur le nucléaire iranien de 2015, moribond depuis le retrait unilatéral des Etats-Unis en 2018 sous la présidence de Donald Trump.
Le président américain a promis lundi de « continuer à sanctionner l’Iran pour ses actions provocatrices dans la région ». Les Etats-Unis ont annoncé lundi des sanctions contre le ministère du renseignement iranien et l’ancien président Mahmoud Ahmadinejad.
Le porte-parole du Conseil national de sécurité, John Kirby, avait insisté sur le fait qu’il ne s’agissait pas d’un « chèque en blanc » offert à l’Iran et que l’utilisation de ces fonds « à des fins humanitaires » uniquement serait sous « stricte surveillance ». Issus de la vente d’hydrocarbures par l’Iran, ces fonds avaient été bloqués à la suite de sanctions américaines.
Le 13 septembre, la Maison Blanche avait rejeté toute notion de « rançon », comme le dénonçait l’opposition républicaine à Joe Biden, avec le déblocage des six milliards de dollars de fonds iraniens gelés.
Le président iranien, Ebrahim Raïssi, est attendu lundi à New York pour participer à l’Assemblée générale de l’ONU.
Source: Agences