Le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, a jugé jeudi au Caire qu’une opération terrestre israélienne sur la ville surpeuplée de Rafah, dans le sud de la bande de Gaza, serait « une erreur » alors qu’un accord de trêve entre Israël et le Hamas dans le territoire palestinien assiégé est « possible ».
Après cinq mois et demi de guerre, « le fossé se réduit », a affirmé M. Blinken, dans les négociations pour une trêve associée à une libération d’otages qui se tiennent au Qatar, où le chef du renseignement israélien rencontrera vendredi le directeur de la CIA.
« S’il est difficile de parvenir » à un accord, « cela est toujours possible », a-t-il ajouté.
Le chef de la diplomatie américaine, qui est attendu vendredi en « Israël », a en outre annoncé que les États-Unis avaient présenté au Conseil de sécurité de l’ONU un projet de résolution appelant à un « cessez-le-feu immédiat lié à la libération des otages » retenus à Gaza depuis le début de la guerre, le 7 octobre.
Le texte, consulté par l’Agence France-Presse (AFP), souligne notamment « la nécessité d’un cessez-le-feu immédiat et durable pour protéger les civils de tous côtés, permettre la fourniture de l’aide humanitaire essentielle ».
Ce texte sera soumis ce vendredi au vote du Conseil de sécurité. Les États-Unis, allié historique d l’entité sioniste, ont déjà mis leur veto à plusieurs résolutions du Conseil de sécurité qui demandaient un cessez-le-feu, estimant que cela aurait bénéficié au Hamas.
Mais face au lourd bilan humain et à la famine qui menace, Washington redouble à présent d’efforts pour parvenir à une trêve et éviter une offensive terrestre sur Rafah, redoutant de lourdes pertes civiles.
Les 27 pays de l’Union européenne ont eux aussi jeudi exhorté Israël à ne pas lancer d’opération sur Rafah et appelé à une « pause humanitaire immédiate ».
Le premier ministre israélien, Benjamin Nétanyahou, affirme qu’une offensive sur Rafah, adossée à la frontière fermée avec l’Égypte, est nécessaire pour vaincre définitivement le Hamas, en dépit des pressions internationales et de la présence dans cette ville de près d’un million et demi de personnes, selon l’ONU, en majorité déplacées par la guerre.
Une opération majeure d’Israël à Rafah serait « une erreur », a affirmé Antony Blinken, estimant qu’« il y a de meilleurs moyens de gérer la menace du Hamas ».
Paysage de ruines
La guerre a éclaté le 7 octobre quand des commandos du Hamas infiltrés depuis Gaza ont mené une opération sans précédent contre les positions militaires israéliennes et les colonies dans l’enveloppe de Gaza, ce qui a entraîné la mort d’au moins 1160 personnes, pour la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de données officielles israéliennes.
Selon Israël, environ 250 personnes ont été enlevées et 130 d’entre elles sont toujours gardées en otages à Gaza, dont 33 seraient mortes dans les attaques israéliennes, selon les Palestiniens.
Cette attaque était en riposte à la poursuite de la colonisation en Cisjordanie occupée, au profanations incessantes de la mosquée d’al-Aqsa alors que se multiplie les appels pour l’édification du temple de Salomon à sa place et aux campagnes d’arrestation incessantes des Palestiniens dont des des milliers sont détenus administrativement.
En représailles, « Israël » a détruit toute la bande de Gaza sous prétexte de vouloir détruire le mouvement Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007. Il avait réussi auparavant à le faire classer comme organisation terroriste par les États-Unis et l’Union européenne. Son armée a lancé une offensive qui a tué au moins et jusqu’à présent 31.988 à Gaza, selon le ministère de la Santé de Gaza, qui a dénombré jeudi au moins 65 morts en 24 heures dans des frappes israéliennes.
Rencontre CIA-Mossad
Lors de sa sixième tournée au Moyen-Orient depuis le début de la guerre, M. Blinken a rencontré jeudi au Caire le président Abdel Fattah al-Sissi pour discuter des moyens de parvenir à un cessez-le-feu, avant une réunion avec les chefs de la diplomatie de cinq pays arabes — Égypte, Qatar, Arabie saoudite, Jordanie, Émirats arabes unis.
Ces ministres ont appelé collectivement à « un cessez-le-feu complet et immédiat » et à « l’ouverture de tous les points de passage entre Israël et la bande de Gaza » aux fins d’entrée de l’aide humanitaire.
Parallèlement, les discussions sur une trêve se poursuivent à Doha entre représentants des États-Unis, du Qatar et de l’Égypte.
Le chef du Mossad, les services de renseignement israéliens, David Barnea, doit rencontrer vendredi à Doha le directeur de la CIA, Wiliam Burns, ainsi que le premier ministre qatari, Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, et le chef des services de renseignement égyptiens, Abbas Kamel.
Source: Avec AFP