La présence de stands israéliens au salon Satory dédié à l’armement, a d’abord été annulée puis validée par la justice. A cette controverse s’ajoute celle du placement en garde à vue d’une journaliste de Blast parce qu’elle filmait un groupe manifestant dans l’entreprise d’armement Exxelia mise en cause pour complicité de crime de guerre à Gaza.
La France est, depuis 2024, le second exportateur mondial d’armes devant la Russie et la Chine avec plus de 10 % de part de marché. Un tiers des exportations françaises sont à destination du Moyen Orient, essentiellement l’Arabie Saoudite et les Emirats Arabes Unis. Elle joue aussi un rôle déterminant dans les composants servant à fabriquer des armes et des drones ultra sophistiqués. Ces derniers font partie de l’arsenal israélien qui ne peut produire seul tout le matériel dont il a besoin dans sa guerre contre Gaza.
En avril dernier une dizaine d’ONG dont Amnesty international ont saisi la justice pour faire cesser les ventes d’armes à Israël. Elles ont été déboutées par le tribunal administratif. Leur objectif était d’obtenir la suspension des licences d’exportation des matériels de conduite de tir (ML5) et des matériels d’imagerie (ML15) qui sont des composants d’armes de guerre. Pour elles, la France prend le risque d’être accusée de violation des règles de droit international et des droits humains en exportant ces matériels qu’Israël peut utiliser pour commettre des crimes de guerre à Gaza.
Boycott d’Israël au salon de la défense EuroSatory
En France, deux affaires concomitantes viennent mettre en lumière des campagnes passées jusque-là quasi inaperçues. Le 31 mai, la France avait annoncé qu’il “n’y aurait aucun stand de l’industrie de défense israélienne au salon EuroSatory”. Ce temple de la défense et de la sécurité terrestre se tient à Villepinte jusqu’au 22 juin et 74 entreprises israéliennes devaient initialement y participer. Le 14 juin, le tribunal de Bobigny a interdit non seulement la présence d’industries d’armement mais aussi de toutes délégations israéliennes ou d’intermédiaires à la demande d’un collectif d’associations de solidarité avec la Palestine. Coup de théâtre, le 18 juin. Le tribunal de commerce, saisi en référé par la Chambre de commerce France Israël, suspend ce “boycott” l’estimant discriminatoire. Le salon ayant déjà commencé, il n’y a officiellement pas d’exposants israéliens parmi les 1800 présents au salon alors qu’Israël était, en 2022, dans le top 10 des pays les plus présents après la France, les Etats Unis et l’Allemagne.
Complicité de crime de guerre
L’autre affaire concerne l’entreprise Exxelia qui fabrique et vend des composants électroniques de haute fiabilité pour l’industrie de l’armement. Elle est détenue à 94 % depuis l’année dernière par l’américain Heico. Cette entreprise avec laquelle l’Etat français conserve des liens, fait l’objet d’une enquête dans le cadre d’une plainte pour “complicité de crime de guerre”. Un capteur fabriqué par la société a été retrouvé parmi les débris d’un missile tiré sur une famille palestinienne à Gaza en 2014 qui a tué trois enfants. Soupçonnée par les activistes propalestiniens de continuer à livrer ses composants à Israël, elle a été la cible d’une action filmée par une journaliste de Blast le 18 juin. Sept personnes ont été interpelées dont la journaliste. Elles ont toutes été relâchées et la procédure a été classée sans suite faute de preuve. Cette action fait suite à un mouvement de manifestations devant les sièges sociaux de l’industrie de la défense française de Thalès à Safran qui dure depuis plusieurs mois pour protester contre son rôle dans la guerre menée contre Gaza.
La mise en accusation pour complicité de crimes de guerre avec ‘Israël’ rebat les cartes. Aujourd’hui Airbus, Safran et Thales sont toujours exclus des investissements responsables du fonds de compensation luxembourgeois parce qu’elles produisent des armes controversées. Ce système d’assurance des retraites des Luxembourgeois, gère 24 milliards d’euros.
Rappelons que plus de 37000 Palestiniens, dont une majorité de femmes et d’enfants, sont tombés en martyre suite aux bombardements israéliens contre Gaza, depuis le 7 octobre 2024.
Source: Avec Novethic