Les trois Etats du « Processus d’Astana », la Russie, l’Iran et la Turquie ont convenu de cesser toutes les opérations militaires en Syrie, a révélé le chef de la diplomatie russe Serguei Lavrov, à l’issue de la réunion organisée ce samedi à Doha avec la participation des ministres des Affaires étrangères des trois pays, de l’hôte qatarie et du représentant du chef de l’ONU pour la Syrie, Geir Pederson.
Il a assuré que son pays, aux côtés de la Turquie et de l’Iran, prendront « des mesures pour garantir que les appels à une réduction de l’escalade en Syrie soient entendus ».
Selon lui, la normalisation entre la Syrie et la Turquie va sans doute avoir lieu. Assurant soutenir « le lancement du dialogue entre le gouvernement syrien et l’opposition légitime ».
Il a toutefois estimé qu’il est nécessaire de « distinguer entre les groupuscules terroristes, à l’instar de Hayat Tahrir al-Sham qui est interdite en Russie et qui a été déclarée comme terroriste par les Nations Unies, et entre les autres groupes de l’opposition qui ne sont pas terroristes ».
Qualifiant la rencontre de « très bien », le chef de la diplomatie iranienne, Abbas Araghchi, a affirmé que les trois Etats étaient d’accord sur « la nécessité de mettre fin au conflit immédiatement, le respect de l’unité territoriale de la Syrie, et la nécessité d’un dialogue politique entre le gouvernement syrien et les groupes d’opposition légitimes ».
Avant la réunion tripartie, M. Araghchi s’est entretenu avec son homologue turc, Hakan Fidan, et l’émir du Qatar, cheikh Tamim ben Hamad Al-Thani. « J’ai eu une conversation très franche et directe avec le ministre des Affaires étrangères de la Turquie et l’émir du Qatar », a-t-il déclaré à la presse.
S’exprimant devant le Forum de Doha, le Premier ministre qatari, cheikh Mohammed ben Abdelrahmane Al-Thani, a accusé le président syrien de ne pas avoir « saisi l’occasion de dialoguer et de rétablir (la confiance) avec son peuple, » disant n’avoir constaté « aucune initiative sérieuse sur le retour des réfugiés ou la réconciliation » nationale.
Dans le cadre de cette réunion, une source du ministère turc des Affaires étrangères a déclaré que la réunion a affirmé « le soutien à l’intégrité territoriale et à l’unité politique de la Syrie » et, selon la source, « l’importance de la reprise du processus politique syrien » a également été soulignée.
Erdogan veut la paix en Syrie
Le président turc Recep Tayyip Erdogan a dit samedi « souhaiter » que la Syrie « trouve la paix dont elle rêve depuis treize ans ».
Il a signalé que la Turquie n’a aucune revendication d’aucune partie du territoire syrien.
« Comment la Turquie peut-elle ignorer des évolutions dans un pays avec lequel nous avons 910 km », a-t-il ajouté.
« Nos frères et sœurs syriens méritent la liberté, la sécurité et la paix dans leur patrie », a insisté M. Erdogan, disant espérer « voir une Syrie où les différentes identités cohabiteront pacifiquement ».
« Nous espérons voir une telle Syrie dans un avenir très proche », a-t-il lancé lors d’un discours prononcé dans la ville de Gaziantep (sud-est), où plusieurs centaines de milliers de réfugiés syriens ont trouvé refuge depuis le début de la guerre en 2011.
« Il existe désormais une nouvelle réalité politique et diplomatique en Syrie », a-t-il ajouté, accusant Damas ne pas avoir saisi « la main tendue par la Turquie », qui avait cherché ces derniers mois un rapprochement avec le pouvoir syrien afin notamment de permettre le retour d’une partie des trois millions de Syriens réfugiés sur le sol turc.
Vendredi, les ministres des Affaires étrangères d’Irak, d’Iran et de Syrie avaient mis en garde contre le danger auquel s’expose la région en raison du conflit en Syrie.
« Menacer la sécurité de la Syrie représente un danger général pour la stabilité de toute la région », ont déclaré les ministres dans une déclaration commune publiée à l’issue d’une réunion à Bagdad.
Source: Divers