Pas un jour ne passe sans violation israélienne de l’accord de cessez-le-feu au Liban entré en vigueur le 27 novembre. Plus de 340 violations ont été recensées en 36 jours sans que le comité de surveillance parrainé par les Etats-Unis et la France ne parvienne à les empêcher.
Ce jeudi, une force mécanisée de l’ennemi israélien escortée d’une force d’infanterie a pénétré pour la première fois dans la localité de Beit Lif, au sud du Liban. Les soldats de l’occupation ont effectué des opérations de ratissage de la localité puis se sont rendus vers les deux localités Ramia et Qawzah où ils ont perquisitionné plusieurs maisons.
D’autres opérations de ratissage aux tirs de mitrailleuses lourdes ont été effectuées depuis des positions israéliennes sur les périphéries de la localité de Maroun al-Ras.
Dans la soirée de ce jeudi, des raids aériens israéliens ont été perpétrés sur les périphéries de la localité de Jebaa et la région al-Borej dans l’Iqlim al-Touffah.
Mercredi 1er janvier, des bulldozers israéliens ont saccagé des maisons dans les périphéries de la localité de Naqoura, avant de se retirer vers Ras Naqoura et Alma al-Chaab dans le casa de Tyr (Sour). L’armée libanaise a attendu ce retrait pour entrer à Naqoura. Elle était entrée mardi dans la localité de Chamaa, la deuxième localité reprise après al-Khiam dans le casa de Marjeyoun.
Les forces de l’occupation sont encore présentes dans près de 30 localités et villages frontaliers depuis le 27 novembre, la date de l’entrée en vigueur du cessez-le-feu qui repose sur la résolution 1701.
« Ouvrez-lui la fenêtre »
Ces violations israéliennes étaient au menu de la rencontre ce jeudi entre le chef du Parlement libanais Nabih Berri avec le chef du comité technique de surveillance de l’accord de cessez-le-feu au Liban le général de division américain Jasper Jeffers auquel il a demandé une énième fois de faire pression sur les Israéliens pour les faire cesser.
« Ouvrez-lui la fenêtre pour qu’il entende bien le drone », a demandé M. Berri à l’un de ses assistants pendant cette rencontre. En allusion au bourdonnement provoqué par un drone MK israélien qui survolait le ciel de Beyrouth.
Depuis le 1er janvier, après une semaine d’absence, un drone MK israélien viole l’espace aérien de la capitale et de la banlieue sud de Beyrouth où il passe plusieurs heures de la journée, en volant à une basse altitude.
On rapporte que le général américain s’est contenté d’un sourire sans rien dire
Berri a transmis ces demandes pendant la visite du ministre français des Affaires étrangères Jean-Noël Barrot dont le pays copréside avec les Etats-Unis le comité de surveillance.
Plus de 340 violations israéliennes ont été signalées en 36 jours, selon l’agence officielle ANI. Elles comptent des frappes aériennes meurtrières, des arrestations de citoyens libanais, des progressions de troupes et des campagnes de dynamitage massif dans des villages du sud. Tel-Aviv prétend attaquer les infrastructures du Hezbollah dans le sud du pays, ce qui relève de la responsabilité de l’armée libanaise, conformément à l’accord.
« Un fragile cessez-le-feu »
En visite mardi au Liban, le ministre français des Armées, Sébastien Lecornu, avait souligné la nécessité de préserver le « fragile » cessez-le-feu.
« Ce mécanisme franco-américain a enregistré pratiquement 300 saisines, ça dit bien qu’il est en train de trouver complètement son rôle », a indiqué M. Lecornu à l’AFPTV, en déplacement sur une base de la Finul à Deir Kifa, dans le sud libanais.
« On est à mi-parcours dans le cadre de ce cessez-le feu, avec des premiers résultats qui ont été enregistrés notamment dans la capacité à déconflicter, à sécuriser », a-t-il ajouté.
A l’issue du délai fixé par l’accord, « les forces armées libanaises doivent avoir repris pied à la place de là où était le Hezbollah (…) et à la place de là où sont les forces armées israéliennes », a rappelé M. Lecornu.
« L’armée libanaise doit faire ses preuves »
Des médias israéliens ont rapporté ces derniers jours que l’armée d’occupation pourrait manintenir sa présence au sud du Liban après la fin du délai de 60 jours si l’armée libanaise ne se déploie pas sur sa totalité. Ce déploiement est entravé par les forces israéliennes qui effectuent des retraits et des retours incessants.
S’exprimant lors d’une conférence à Téhéran mercredi, le secrétaire général du Hezbollah, cheikh Naim Qassem, a déclaré que l’armée libanaise devra désormais prouver qu’elle est en mesure de défendre le Liban.
“Nous avons prouvé via la Résistance que nous n’avons pas permis à l’ennemi d’avancer, et c’est maintenant l’occasion pour l’État libanais de faire ses preuves”, a-t-il déclaré.
Le député du Hezbollah Ihab Hamadeh a averti que le Hezbollah n’a pas été fragilisé, et la résistance affrontera toute violation israélienne contre le Liban après la fin d’un cessez-le-feu de deux mois.
“Ceux qui pensent que le Hezbollah est épuisé se trompent. Nous possédons les ressources et les facultés nécessaires pour affronter l’occupation”, a-t-il affirmé lors d’une interview avec la télévision d’information libanaise al-Mayadeen.
“Le 61e jour après le cessez-le-feu, nous serons en mesure de faire goûter notre colère à l’ennemi israélien”, a averti Hamadeh.
Source: Divers