Le commandant de l’armée libanaise, Joseph Aoun, a été élu, ce jeudi 9 janvier, président de la République lors du second tour de la session parlementaire de ce jeudi 9 janvier.
M. Aoun a obtenu 99 voix des 128 députés qui élisent pour six ans le chef de l’État.
Lors du premier tour de la session parlementaire, 71 voix avaient été accordées à Joseph Aoun. Il y a eu 37 votes blancs, 14 pour la Souveraineté et la Constitution, 2 pour l’ancien candidat Chebli Mallat et 4 votes ont été annulés.
Certains des bulletins annulés portaient les noms de Yazid ben Farhane, du nom de l’émissaire saoudien au Liban, ou de Joseph Amos ben Farhane, en référence à l’émissaire américain Amos Hochsteine, allusion aux ingérences de ces deux pays dans cette échéance électorale.
Avant le début de vote du premier tour, plusieurs députés se sont plaints de la violation de la constitution et des pressions américano-franco-saoudiennes pour imposer le nom du commandant en chef de l’armée. Outre les ambassadeurs de plusieurs pays étrangers, dont l’ambassadrice des Etats-Unis au Liban, l’émissaire français Jean-Yves Le Drian a assisté à la séance électorale.
La Constitution bafouée
L’article 49 de la Constitution stipule que les fonctionnaires de première classe ne peuvent être élus. « Les juges, les fonctionnaires de première classe et leurs équivalents dans toutes les administrations publiques, les établissements publics et toutes les autres personnes morales de droit public ne peuvent être élus pour la durée de leur emploi et pendant les deux années qui suivent la date de leur démission et de la cessation effective de leur emploi ou la date de leur mise à la retraite. »
Dans une intervention, le député Melhem Khalaf a dénoncé le manque de respect de l’article (49) de la Constitution libanaise : « Il aurait été plus approprié de modifier la Constitution à l’avance selon les principes essentiels et les mécanismes stipulés dans les articles 76 et 77 de la Constitution. Je vous demande donc sincèrement de ne pas violer les dispositions de la Constitution ou de les suspendre en vertu des faits. Au lieu de cela, nous devrions tous nous orienter vers un nouveau départ en faveur de l’État que nous voulons tous, un État de droit et de loi, un État qui respecte la Constitution », a-t-il déclaré.
Le retour des consuls
De son côté, le chef du Courant Patriotique Libre, le député Gebran Bassil, a souligné que « l’introduction de la Constitution indique que la souveraineté est exercée par le peuple, et le Parlement est l’institution mère la plus étroitement liée au peuple libanais ». « Ce sont les gens qui exercent leur souveraineté, et non pas l’extérieur », a-t-il ajouté, notant que « ce dont nous avons été témoins, c’est le retour des consuls. Nous avons vu comment les instructions sont venues de l’étranger à un candidat (nommé) par l’étranger, ce qui illustre que nous sommes face à un processus de nomination d’un candidat de l’étranger ».
Les Etats-Unis ont affiché ouvertmenet depuis la vacance présidentielle fin juillet 2022 leur appui à la candidature du chef de l’armée.
Le député Jamil Al-Sayed a déclaré dans une intervention : « J’avoue que je n’ai subi aucune pression de la part d’aucun pays pour m’engager à nommer le président de la République. Je suis d’accord avec mon collègue Mahlam Khalaf. Nous sommes en session pour approuver la nomination d’un président, et c’est une honte. »
Même avis du député Osama Saad. « Dans les élections d’aujourd’hui, la constitution a été dépouillée par des accords… Il y a beaucoup de mensonges, de flagorneries et de marchandages», a-t-il déploré.