Les incendies à Los Angeles ne connaîssent pas de répit: des vents chauds et puissants continuent de souffler dans la nuit de mardi à mercredi et d’attiser plus encore les flammes qui défigurent la deuxième ville des Etats-Unis depuis une semaine et ont fait au moins 25 morts.
Les services de météo américains (NWS) ont mis en garde contre des rafales pouvant atteindre les 110 km/h entre 03H00 du matin (11H00 GMT) et 15H00 (23h00 GMT) mercredi.
Des parties du comté de Los Angeles et de celui — voisin — de Ventura ont été placées en statut de « situation particulièrement dangereuse ».
Le taux d’humidité, très faible, et la végétation, très sèche, peuvent conduire à une « expansion ultrarapide du feu » dans certaines zones, mettent en garde les météorologues, qui ont aussi placé une grande partie du sud de la Californie en alerte rouge.
Les dégâts sont immenses : plus de 12.000 habitations, bâtiments et véhicules ont été détruits ou endommagés, et des quartiers entiers rasés. Quelque 88.000 personnes sont toujours déplacées et au moins 25 décédées, selon un nouveau bilan.
Refusant de quitter le complexe d’appartements qu’il gère à Pacific Palisades, Jeff Ridgway a expliqué à l’AFP l’avoir préservé des flammes en puisant des seaux d’eau dans la piscine pour éteindre un eucalyptus dangereusement proche.
« C’était la guerre », a raconté ce sexagénaire. « Mais j’étais têtu, je me suis battu ».
Fred Busche, un autre habitant, a eu moins de chance. « Ma maison a brûlé, je le sais. J’ai vu des photos: il ne reste que la cheminée. Mais j’ai besoin de le voir de mes propres yeux pour y croire », a-t-il confié à l’AFP.
Entre 250 et 275 m$ de pertes
Les deux principaux incendies ont parcouru 9.700 hectares dans le quartier huppé de Pacific Palisades, et plus de 5.700 dans la ville d’Altadena, juste au nord de Los Angeles.
Au total, des milliers de pompiers sont à pied d’œuvre. Des renforts humains et matériels, dont des dizaines de camions citernes, ont été acheminés.
Ils ont été mobilisés notamment sur un nouveau foyer qui s’est déclenché tard lundi, à Oxnard, à 80 km de Los Angeles.
Une enquête visant à déterminer les causes des incendies a été lancée mardi par les autorités fédérales, qui ont toutefois averti que cela prendrait du temps.
Depuis des jours, des équipes accompagnées de chiens recherchent des victimes dans les ruines. Lundi, 1.800 habitations ont été inspectées, selon le shérif du comté de Los Angeles, Robert Luna. « La bonne nouvelle c’est que n’avons trouvé aucun corps », a-t-il indiqué.
Ces incendies, parmi les pires de l’histoire de la Californie, pourraient être les plus coûteux jamais connus : entre 250 et 275 milliards de dollars selon les estimations provisoires de la société privée AccuWeather.
Des centaines de milliers d’enfants ont repris l’école lundi, mais les établissements scolaires situés dans les zones évacuées restent fermés.
« Poussière fine »
Après des problèmes pour combattre les flammes dans le secteur de Pacific Palisades en raison de bouches d’incendie à sec ou avec une faible pression, qui ont notamment entraîné des critiques sur la gestion des feux, le chef des pompiers Anthony Marrone a assuré mardi qu’il y avait bien de « l’eau et de la pression » dans le secteur d’Altadena.
Cible de ces critiques, venant notamment du prochain président républicain des Etats-Unis Donald Trump, le gouverneur démocrate de Californie Gavin Newsom a demandé « un examen indépendant complet » des services de distribution d’eau de Los Angeles.
Il a par ailleurs ordonné mardi aux équipes de déblayage de se tenir prêtes à intervenir, les autorités craignant que des orages hivernaux ne provoquent des coulées de boue.
Les services de santé ont par ailleurs alerté sur les risques sanitaires liés aux fumées et aux cendres générées par les brasiers et déplacées par les vents.
« Les cendres ne sont pas que de la saleté. C’est de la poussière fine qui peut irriter ou endommager votre système respiratoire et d’autres parties de votre corps », a prévenu Anish Mahajan, du service de santé publique du comté. Les autorités ont appelé la population à porter un masque.
Les vents de Santa Ana, qui ont attisé les flammes à une vitesse folle, sont un classique des automnes et des hivers californiens. Mais ils ont atteint cette fois une intensité inédite depuis 2011, selon les météorologues, avec des rafales soufflant jusqu’à 160 km/h la semaine passée.
De quoi propager le feu à la vitesse de l’éclair, d’autant que deux années très pluvieuses avaient fait naître une végétation luxuriante, qui s’est ensuite desséchée au cours de huit mois sans précipitation.
Les scientifiques rappellent régulièrement que le changement climatique augmente la fréquence des événements météorologiques extrêmes.
Source: Avec AFP