Les Brigades irakiennes du Hezbollah, l’une des principales factions du Hachd al-Chaabi (Forces de mobilisation populaire) qui ont combattu Daech, ont rejeté ce dimanche les conclusions de l’enquête sur les affrontements de Dora au sud de Bagdad, reprochant aux autorités irakiennes d’adopter la version de « l’ennemi américain et de ses partisans », sur cette affaire.
Le 27 juillet dernier, des affrontements avaient éclaté entre la police et des hommes armés à proximité des bureaux du ministère de l’Agriculture à Bagdad. Faisant 3 martyrs, dont un civil, un membre des forces de sécurité et un combattant des Brigades du Hezbollah.
A l’issue de ces affrontements qui sont survenus apres l’éviction d’un directeur au sein de ce ministère, les forces de sécurité avaient alors arrêté 14 hommes armés. Puis le Commandement des opérations conjointes avait assuré qu’ils appartiennent aux 45e et 46e brigades du Hachd al-Chaabi.
Le lendemain, en présentant ses condoléances aux familles des victimes, l’ambassade des USA à Bagdad a accusé « ses auteurs, les Brigades du Hezbollah qui est classifiée comme organisation terroriste par les Etats-Unis».
Les autorités accusent le Hachd al-Chaabi
Samedi 9 août, le porte-parole officiel du commandant en chef des forces armées irakiennes, Sabah al-Numan, a confirmé dans un communiqué officiel évoquant les conclusions de l’enquête diligentée sur cet incident que la force armée ayant mené l’attaque appartenait à la formation du Hachd al-Chaabi, indiquant « qu’ils ont agi sans ordre officiel et en violation des procédures militaires, en utilisant des armes contre les forces de sécurité ».
Le chef du gouvernement Mohamad Chiaa Soudani a démis de leur fonction les deux commandants des 45e et 46e brigades du Hachd al-Chaabi.
Dans leur communiqué, les Brigades du Hezbollah d’Irak ont accusé « l’ennemi américain et ses partisans de fabriquer des accusations pour déformer l’histoire de leur faction ».
Elles ont rappelé que « le premier martyr de cet incident assassiné par les balles de l’attaque massive et aléatoire menée par certaines forces de sécurité, était un combattant des Brigades du Hachd al-Chaabi ».
« Mais le plus douloureux n’en demeure pas moins que ses accusations sont désormais portées par nos prochains », ont-elles regretté.
« Ce que l’ambassadeur britannique a déclaré hier, et ce que les ennemis planifient depuis des années, est désormais mis en œuvre par les Irakiens et sous les pressions locales, la dernière en date étant l’influence exercée sur la commission chargée d’enquêter sur l’incident du ministère de l’Agriculture de Bagdad, afin de servir les intérêts de l’ennemi », ont aussi déploré ces Brigades.
Ingérence de l’ambassadeur britannique
Dans un entretien télévisé vendredi, l’ambassadeur britannique Irfan Siddiq a déclaré que « les Hachd al-Chaabi n’ont plus aucune raison d’être après la défaite de Daech ».
Créé en 2014 par un décret du Grand ayatollah sayed Ali Sistani, ce groupe formé de 67 factions, toutes communautés confondues, mais à majorité chiite, a été intégré dans les forces régulières en 2016.
Elles ont joué un rôle décisif dans l’éviction de Daech de la majeure partie des territoires irakiens, avec l’aide du Corps des Gardiens de la révolution en Iran et de leur général martyr Qassem Soleimani qui a été tué par les Etats-Unis en 2020 sur le sol irakien.
La déclaration de Siddiq a été condamnée par le ministère irakien des Affaires étrangères. « Ce comportement est incompatible avec les dispositions de la Convention de Vienne sur les relations diplomatiques, qui oblige les agents diplomatiques à respecter les lois et règlements de l’État hôte et à s’abstenir de s’ingérer dans ses affaires intérieures », a-t-il indiqué dans un communiqué ce dimanche.
« Les Brigades du Hezbollah persisteront dans leur position en exigeant sans relâche le retrait des forces d’occupation (américaines) et de leur aviation, ainsi que le retrait de leurs éléments des opérations conjointes, le mois de septembre prochain », ont assuré les Brigades du Hezbollah.
Pressions américaines pour exclure le Hachd al-Chaabi
Les forces politiques irakiennes subissent des pressions énormes commanditées par les Etats-Unis en vue d’exclure le Hachd al-CHaabi.
L’une d’entre elles porte sur la loi proposée sur sa structure, ses services et la retraite de ses combattants qui continue de susciter de vives divisions au sein du parlement irakien, entre partisans et opposants à son adoption.
Washington qui s’immisce dans toutes les affaires internes irakiennes, sans respect pour sa souveraineté, a dit être préoccupée par ce projet de loi, le Département d’État américain déclarant qu’il « établirait l’influence iranienne et renforcerait les groupes terroristes armés », avertissant qu’il « menace la souveraineté de l’Irak », selon ses termes.
Le député chiite Alaa al-Haidari a affirmé pour le site web de la chaine qatarie al-Jazeera que certains blocs et forces politiques font obstacle à son adoption en raison des pressions américaines.
De son côté, Hayder Hamid, professeur à la Faculté des sciences politiques de l’Université de Bagdad, a exclu la possibilité d’adoption de cette loi au cours de la session parlementaire actuelle, invoquant les craintes d’une éventuelle confrontation avec les États-Unis. Selon Hamid, le Hachd al-Chaabi est perçu comme une extension de l’influence iranienne, ce qui suscite des réserves parmi certaines forces politiques, notamment au sein des communautés sunnite, kurde, voire même chiite.
Samedi, le Premier ministre irakien a déclaré que, compte tenu de la stabilité de la situation, rien ne justifiait la présence d’armes en dehors des institutions de l’État. Il a ajouté que ces décisions « ne visent aucun parti ni aucun individu », dans un discours prononcé lors d’une conférence à Bagdad, la capitale, selon l’Agence de presse officielle irakienne (INA).
Un réseau de Daech démantelé
Le membre de la commission parlementaire de Sécurité et de Défense, le député Waad Al-Qaddo a accusé les États-Unis de chercher constamment à maintenir l’instabilité sécuritaire en Irak pour garantir que les Irakiens continuent à avoir besoin d’eux, soulignant que la présence du Hachd al-Chaabi entrave les programmes de certains États de la région et de Washington sur le sol irakien.
Ce dimanche, la Justice irakienne a déclaré avoir démantelé un réseau de Daech qui planifiait des attaques contre les pèlerins qui participent à la marche d’al-Arbaeen, commémorant le 40eme jour du martyre de l’Imam Hussein (s). Ce réseau projetait de planter des engins piégés sur les routes empruntées et d’offrir des plats empoisonnés, parmi ceux distribués pendant cette procession.
Le Hachd al-Chaabi qui accuse les USA « d’avoir créé Daech » , a joué un rôle dans la bataille de soutien à Gaza, où l’armée israélienne mène une guerre d’extermination contre le peuple palestinien, avec l’aide des Etats-Unis.
Source: Divers