Dans un article publié dans le Yediot Ahronoth, le journaliste et analyste israélien Ben-Dror Yemini a mis en garde contre le danger d’une dégradation accélérée de l’image d’Israël sur le plan international, notamment aux États-Unis.
De récents sondages d’opinion ont révélé de profonds changements reflétant une baisse du soutien populaire et officiel au pays.
Yemini affirme que ce déclin ne relève plus seulement d’une « évaluation diplomatique pessimiste », mais représente plutôt une « menace stratégique existentielle », surtout si le gouvernement israélien poursuit son incursion dans la ville de Gaza.
Il a souligné qu’Israël connaît une dégradation sans précédent de son image auprès de l’opinion publique américaine, et que les opinions négatives à son égard se sont généralisées, atteignant des niveaux décrits par certains sondages comme « les pires depuis des décennies ».
Il a expliqué que la récente convention du Parti démocrate aux États-Unis a marqué un tournant, après le retrait par le parti d’une résolution soutenant la solution à deux États.
Des Américains refusent de reconnaitre Israël
Selon l’auteur, ce déclin n’est pas dirigé contre les Palestiniens ; il est plutôt perçu par certains comme une récompense pour le Mouvement de résistance islamique Hamas, d’autant plus qu’il s’est produit dans un contexte de montée du mouvement progressiste au sein du Parti démocrate, notamment parmi les jeunes qui rejettent tout règlement incluant même la reconnaissance d’Israël.
L’auteur estime que ce qui était redouté a commencé à se concrétiser, car des slogans autrefois entendus sur les campus américains, tels que « du fleuve à la mer », sont devenus des positions politiques concrètes au sein du Parti démocrate. Il a ajouté que la croyance répandue en Israël selon laquelle les jeunes Américains finiraient par surmonter l’influence de ce qu’il a qualifié de « lavage de cerveau » anti-israélien sur les campus était une illusion.
Il a souligné que ces jeunes participent désormais au processus de décision politique, pratiquant au sein du Parti démocrate ce qu’ils pratiquaient auparavant dans les milieux universitaires. À ce propos, Yemini a soulevé des questions profondes : « Quelqu’un en Israël envisage-t-il les implications à long terme de ce changement ? Et que se passera-t-il lorsque les démocrates reviendront à la Maison-Blanche avec une forte majorité au Congrès ? »
En revanche, Yemini estime que le gouvernement israélien contribue à approfondir son isolement international. Il a cité l’annonce, la semaine dernière, par le Likoud de l’implantation de 17 nouvelles colonies dans la région de Binyamin, en Cisjordanie, qu’il a qualifiée de « cadeau gratuit » aux ennemis d’Israël en Occident.
Il estimait également que de simples déclarations sur l’expansion des colonies suffisaient à creuser le fossé avec l’opinion publique occidentale et à affaiblir les arguments de Tel-Aviv auprès de ses alliés.
Des Américains h0stiles à l’aide à Israël
Il a cité un sondage réalisé par l’Université Quinnipiac en novembre 2023, qui montrait que 60 % de l’opinion publique américaine s’opposaient à l’envoi d’une aide militaire supplémentaire à Israël, contre seulement 32 % qui la soutiennent.
Le sondage a également montré que 75 % des Démocrates et 37 % des Républicains s’opposent à cette aide, ce que l’auteur décrit comme « le niveau de rejet le plus élevé et le niveau de soutien le plus bas depuis le début de ces sondages ».
L’auteur a ajouté que la situation était d’autant plus grave que le conseiller américain à la sécurité nationale, Jake Sullivan, connu pour son amitié avec Israël au sein de l’administration de l’ancien président Joe Biden, a récemment annoncé son soutien à un embargo sur les armes contre Israël, témoignant ainsi du profond changement d’attitude politique américaine.
Parmi les démocrates et les républicains
Quant à l’opinion publique, Yamini a souligné que des sondages montrent que 50 % des Américains pensent qu’Israël commet un génocide contre les Palestiniens, tandis que seulement 35 % rejettent cette hypothèse. Le soutien à Israël aux États-Unis a également chuté à 36 %, contre 37 % pour les Palestiniens, ce qui reflète d’après lui « un changement historique dans l’opinion publique américaine ».
Il a averti que ce qui semblait autrefois n’être que de simples slogans universitaires sont désormais devenus des positions politiques influentes au sein du Parti démocrate, et touchent même une partie de la base du Parti républicain. Le sondage a montré que plus d’un tiers des Républicains partagent des opinions similaires à celles de l’aile progressiste et anti-israélienne du Parti démocrate.
Le monde entier est contre nous
En conclusion de son article, Yamini a mis l’accent sur les risques stratégiques liés à la décision du gouvernement israélien de lancer une nouvelle offensive militaire dans la ville de Gaza, soulignant que l’évolution rapide de l’opinion publique américaine et occidentale signifie que toute mesure dans ce sens isolerait davantage Israël et accroîtrait les risques diplomatiques et politiques auxquels il est confronté.
Il a souligné qu’Israël a vécu avec de nombreuses illusions par le passé, mais qu’aujourd’hui, il n’y a plus de place pour une nouvelle illusion fondée sur la conviction que l’opinion publique américaine n’influencera pas la politique des futurs dirigeants, qu’il s’agisse du président Donald Trump ou de tout autre futur président démocrate.
Il a conclu son article en déclarant : « Le monde entier est contre nous », ajoutant que, bien qu’Israël dispose d’arguments solides contre ce qu’il qualifie de « propagande du Hamas », il ne peut ignorer les nouvelles réalités.
Un sondage de la Fondation Harvard et Harris, rapporté par le New York Times dimanche, a montré que 60% de la nouvelle génération d’Américains préfèrent le Mouvement de résistance islamique Hamas à Israël à la lumière de la guerre de Gaza.
Source: Média