Le chef de la minorité démocrate au Sénat américain, Chuck Schumer, a dénoncé dimanche le « chemin vers la dictature » que prend selon lui Donald Trump, après le coup de pression du président américain afin que son ministère de la Justice poursuive des adversaires politiques.
Donald Trump veut faire de ce ministère « un instrument qui va s’en prendre à ses ennemis, qu’ils soient coupables ou non, et la plupart d’entre eux ne le sont pas du tout », a déclaré le sénateur de l’opposition sur CNN.
« C’est le chemin vers la dictature. C’est ce que font les dictateurs. C’est très inquiétant et destructeur pour notre république », a-t-il ajouté.
Hillary Clinton, l’ancienne secrétaire d’Etat et candidate démocrate malheureuse face à Donald Trump en 2016, s’est alarmée d’une « très dangereuse dérive dans notre vie politique ».
« Ce que nous entendons de la Maison Blanche et de ses partisans est que cela pourrait mener à des actes politiques, à des procédures judiciaires, à des poursuites et des intimidations de toutes sortes », a-t-elle déclaré sur CNN.
Le sénateur démocrate Chris Murphy s’est également inquiété sur ABC « d’un des plus dangereux moments jamais traversés par l’Amérique ».
« Le président des Etats-Unis utilise maintenant toute la puissance du gouvernement fédéral, de la FCC (régulateur américain de l’audiovisuel, NDLR) et du ministère de la Justice pour punir, incarcérer et priver d’antenne tous ses ennemis politiques », a-t-il mis en garde, comparant ces pratiques à celles d' »Etats profondément répressifs », citant en exemple l’Iran, Cuba, la Chine et la Russie.
Le sénateur démocrate fait notamment référence à la suspension de l’animateur Jimmy Kimmel par ABC cette semaine. Cette décision est intervenue peu après un commentaire du patron de la FCC, Brendan Carr, nommé par Donald Trump, dénonçant des propos de l’humoriste au sujet des retombées de l’assassinat de l’influenceur ultraconservateur Charlie Kirk et appelant à des sanctions.
Samedi dans une publication sur Truth Social adressée à « Pam », selon toute vraisemblance sa ministre de la Justice Pam Bondi, le président républicain a déploré que des poursuites pénales contre deux de ses bêtes noires, le sénateur démocrate Adam Schiff et la procureure générale de l’Etat de New York Letitia James, également membre du Parti démocrate, n’aient pas encore été engagées.
« Pam Bondi fait un super boulot comme ministre de la Justice. Elle est très prudente, très intelligente, elle aime notre pays, mais elle a besoin d’un procureur à poigne dans le district Est de Virginie », ajoute-t-il, vantant les qualités de son choix pour ce poste, Lindsey Halligan, une conseillère de la Maison Blanche.
Le précédent titulaire du poste, Erik Siebert, a démissionné vendredi sous la pression de Donald Trump. Il avait récemment conclu à l’insuffisance de preuves pour poursuivre Letitia James pour d’éventuels soupçons d’escroquerie immobilière, selon les médias américains.
« Il me semble qu’elle est très coupable de quelque chose mais je ne sais vraiment pas », avait déclaré vendredi Trump.
Mme James avait fait condamner Donald Trump à une amende de près d’un demi-milliard de dollars en février 2024.
Cette condamnation pour fraude a été annulée en août par une cour d’appel de l’Etat de New York, qui a estimé cette amende « excessive ». Letitia James a annoncé son intention de faire appel de cette décision.
Source: AFP