Les Kurdes irakiens envisagent d’organiser cette année un référendum pour prendre leur indépendance de Bagdad, suscitant de sérieuses inquiétudes dans la région.
Même si au niveau officiel cette situation ne fait l’objet d’aucun commentaire, selon les sources proches du gouvernement irakien le travail avec les forces politiques du Kurdistan irakien s’est intensifié en coulisses. L’Iran, en la personne de l’un des politiciens les plus éminents de la république islamique, Qassem Soleimani — surnommé le « chevalier de l’ombre » par les médias occidentaux —, est en première ligne. D’après les experts, des démarches brusques côté kurde pourraient faire exploser une situation déjà difficile en Irak, ainsi que dans tout le Moyen-Orient. Les Kurdes n’ont pas l’intention de s’arrêter pour autant.
D’après le journal panarabe Asharq Al-Awsat, Qassem Soleimani s’est récemment rendu au Kurdistan irakien pour s’entretenir avec les forces politiques locales au sujet du référendum à venir. Le chef de la brigade al-Quds intégrée au Corps des gardiens de la révolution islamique, une unité militaro-politique d’élite, est considéré comme un héros national en Iran. Les autorités du pays l’envoient pour les missions les plus difficiles. Par exemple, selon certaines informations, il aurait dirigé la mission sur le terrain pour libérer la ville syrienne d’Alep fin 2016. Des sources ont confirmé sa visite. Le général Qassem Soleimani a désormais pour mission de persuader les Kurdes irakiens de reporter pour une durée indéterminée l’organisation du référendum sur leur indépendance de Bagdad, ainsi que de mettre à distance les principales forces politiques du Kurdistan irakien.
Plus tôt, le porte-parole du gouvernement du Kurdistan irakien Safin Dezayi avait déclaré que les autorités de la région autonome avaient l’intention d’organiser en 2017 un référendum pour prendre leur indépendance par rapport à Bagdad.
La Russie est sceptique quant aux intentions réelles d’Erbil. Le Conseil de la Fédération (chambre haute du parlement russe) a laissé entendre que l’organisation d’un vote dans les conditions actuelles était « inopportune ».
Néanmoins, les Kurdes n’ont pas l’intention de s’arrêter. D’après la députée du parlement irakien du parti démocrate kurde Vian Dakhil, les différentes forces politiques se préparent malgré tout au référendum.
Les dirigeants du Kurdistan irakien affirment qu’une issue positive du référendum n’entraînerait pas la proclamation d’indépendance de la région mais servirait uniquement de prétexte pour entamer les consultations avec Bagdad au sujet de cette séparation.
Dans le même temps, les autorités irakiennes centrales réagissent mal aux tentatives de porter atteinte à l’intégrité du pays. Sans compter le litige sur l’appartenance de Kirkuk et des régions voisines riches en pétrole. Avant l’offensive de Daech (organisation terroriste interdite en Russie), elles étaient contrôlées par Bagdad mais avec l’apparition de terroristes les forces gouvernementales ont fui la région, et désormais ces territoires sont contrôlés par Erbil. De plus, la proclamation d’indépendance de la région autonome pourrait servir d’exemple aux Kurdes des pays voisins tels que la Turquie, la Syrie et l’Iran, ce qui risquerait de provoquer une escalade dans toute la région.
Source: Sputnik