L’invasion du Qatar par l’Arabie saoudite est très peu probable, estime le professeur de l’Université de Georgetown au Qatar et expert du Club de Discussion Valdaï, Anatol Lieven. Cependant, selon lui, Riyad pourrait soutenir un coup d’État à Doha.
Le professeur de l’Université de Georgetown au Qatar Anatol Lieven est convaincu que l’Arabie saoudite ne risque pas d’envahir le Qatar, ce qui pourrait avoir des conséquences imprévisibles pour la région toute entière.
«L’invasion saoudienne du Qatar est très peu probable, car cela mettrait les Etats-Unis dans une position très inconfortable. De plus, un contingent militaire turc, bien que peu nombreux, est déployé dans le pays. Si les Saoudiens tuent des militaires turcs au cours d’une invasion armée, cela conduira à une grave détérioration des relations entre la Turquie et l’Arabie saoudite, et peut-être à une modification de la carte du Moyen-Orient, ce qui serait grave», a souligné M. Lieven.
Il a également rappelé la pratique des coups d’État dans les pays du Golfe et n’a pas exclu que Riyad puisse soutenir un coup d’État au Qatar via l’une des branches de la famille royale afin de faire tomber l’Émir actuel. Il a de même noté qu’il n’y a pas longtemps, de tels évènements avaient eu lieu en Arabie saoudite.
«Quelque chose de semblable (coup d’État, ndlr) est arrivé en Arabie saoudite la semaine dernière. Du point de vue du Qatar, c’est peut-être le plus grand danger. Si le coup d’Etat échoue, la crise peut se poursuivre pendant un temps assez long avec des conséquences imprévisibles pour le Qatar et la région dans son ensemble», a conclu Anatol Lieven.
Pour rappel, l’Arabie saoudite, Bahreïn, l’Égypte et les Émirats arabes unis ont rompu le 5 juin leurs relations diplomatiques avec le Qatar, l’accusant de soutenir le terrorisme et de se rapprocher de l’Iran chiite, grand rival régional du royaume saoudien. Le Qatar, qui a le soutien de la Turquie, rejette fermement ces allégations.
Les quatre pays arabes demandent notamment au Qatar de rompre les relations diplomatiques avec l’Iran, de fermer la base militaire turque sur son territoire et de mettre fin à la diffusion de la chaîne de télévision Al Jazeera.
Doha, à son tour, a qualifié les requêtes d’irréalistes et a appelé à les réviser.
Source: Sputnik