Le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies devrait créer une commission d’enquête internationale et indépendante sur les abus commis par toutes les parties au conflit au Yémen, ont déclaré mardi Human Rights Watch et 61 autres organisations non gouvernementales nationales, régionales et internationales (ONG), dans une lettre adressée aux pays membres du Conseil.
Le Yémen est actuellement le théâtre de la plus grave crise humanitaire dans le monde, avec au moins sept millions de personnes au bord de la famine et des centaines de milliers atteintes du choléra.
Le gouvernement yéménite et la coalition qui le soutient, dirigée par l’Arabie saoudite, ont failli à leur responsabilité d’enquêter de manière impartiale et transparente sur les abus présumés commis par leurs forces.
« Les pays membres du Conseil ont capitulé deux fois sous les pressions de la coalition dirigée par l’Arabie saoudite et ont failli à leur devoir de prendre une position basée sur les principes, alors qu’ils étaient confrontés à de multiples crimes de guerre et à la plus grave crise humanitaire dans le monde », a affirmé John Fisher, directeur du bureau de Genève de Human Rights Watch. « En septembre, ces gouvernements ne doivent pas céder aux pressions politiques mais, au contraire, répondre de manière à mieux porter secours au peuple yéménite et à assurer que le Conseil s’acquitte de son mandat en favorisant transparence et responsabilité quelles que soient les parties impliquées. », a ajouté M.Fisher.
« Les pays membres du Conseil des droits de l’homme devraient faire honneur à leur mandat, entendre ces appels et mettre en place un organe qui puisse commencer à remettre en cause petit à petit l’impunité, qui est actuellement l’un des aspects centraux de la guerre du Yémen. »
Le Haut-Commissaire de l’ONU aux droits de l’homme, le directeur de l’OCHA, la principale agence humanitaire de l’ONU, ainsi que le Groupe d’experts du Conseil de sécurité sur le Yémen, ont également appelé à l’ouverture d’une enquête internationale sur les abus commis au Yémen. Ils ont été rejoints dans cet appel par des dizaines d’organisations yéménites basées dans des zones qui sont sous le contrôle soit des forces Houthi-Saleh, soit du gouvernement yéménite soutenu par la coalition.
Le bureau du Haut-Commissaire aux droits de l’homme de l’ONU a spécifiquement confirmé que depuis mars 2015, au moins 5 110 civils ont été tués et 8 719 blessés lors du conflit, mais a noté que « le nombre total est probablement bien plus élevé ».
En 2015 et 2016, le Conseil des droits de l’homme s’est abstenu de créer un organe international d’enquête sur les abus commis au Yémen, adoptant à la place des processus qui – en l’espace de deux ans –n’ont pas abouti à des enquêtes impartiales, indépendantes et transparentes qui seraient nécessaires face à la gravité des violations commises au Yémen. Les 62 organisations signataires de la lettre ont exhorté le Conseil à mettre sur pied une commission d’enquête internationale et indépendante ayant pour mandat d’établir les faits et les circonstances, de recueillir et de conserver les éléments de preuve et de clarifier les responsabilités pour les violations et abus présumés, dans l’optique de faire rendre des comptes à long terme.
Avec hrw.org