Le président libanais Michel Aoun a estimé lundi que l’aide de l’ONU devait désormais servir à organiser le retour des réfugiés syriens dans leur pays et non à les « maintenir dans des camps de misère » au Liban où 1,5 million de Syriens ont trouvé refuge depuis le début du conflit.
« En ce qui concerne le problème des migrants syriens au Liban, j’ai notifié au président (Emmanuel) Macron l’urgence d’organiser leur retour dans leur pays, surtout que la majorité des régions dont ils sont venus sont à présent sécurisées », a-t-il dit à l’issue d’un entretien avec le président français à l’Elysée, rapporte Reuters, cité par Le Figaro.
« Dans leur cas, nous ne voulons pas attendre leur retour volontaire, ils n’ont pas de statut de réfugiés politiques au Liban », a-t-il ajouté, au premier jour de sa visite d’Etat en France. « De plus, leur condition de vie chez nous est précaire avec des risques sanitaires importants ».
« L’aide fournie par les Nations unies pour les maintenir dans des camps de misère doit être utilisée pour les ramener dans leur pays à partir de maintenant », a-t-il estimé. Selon les autorités libanaises, le coût cumulé du conflit syrien pour le Liban dépasse les 18 milliards de dollars. La croissance économique du pays n’est plus que de 1% par an, quand elle dépassait 8% en moyenne avant le début du conflit en Syrie.
Saluant l’engagement et le « sens moral remarquable » des autorités libanaises dans ce dossier, Emmanuel Macron a estimé que « le Liban porte un fardeau trop lourd pour lui ».
Mais, a-t-il ajouté, « c’est dans le cadre de la solution politique trouvée (à la crise syrienne-NDLR) que le sujet des réfugiés aujourd’hui au Liban peut être utilement et durablement traité ».
« L’absence de solution politique crédible en Syrie empêche le retour durable dans leur pays de ces réfugiés, aussi notre volonté est de pouvoir travailler activement avec vous, avec les Nations unies, sur cette question liée à la stabilité régionale », a-t-il dit.
Macron veut organiser 2 conférences d’aide au Liban
Sur un autre plan, Macron a déclaré que la France veut organiser pour le Liban une conférence internationale d’aide à l’armée, ainsi qu’une conférence des investisseurs, indique l’AFP.
Paris veut « répondre aux besoins des forces libanaises en partageant son savoir-faire en matière de déminage et de lutte anti-terroriste, avec l’ouverture en octobre au Liban d’une école de déminage humanitaire, l’envoi d’experts, et en mobilisant ses partenaires autour d’une conférence de soutien à l’armée libanaise, avec l’Italie et l’ONU », a déclaré le président français.
« L’armée libanaise paie un lourd tribut » pour son combat contre Daech et son engagement vis-à-vis des populations, « et doit être aidée davantage », a-t-il dit. La France veut accroître son aide à l’armée libanaise depuis la suspension par l’Arabie Saoudite en 2016 d’un programme d’aide saoudien de 2,2 milliards d’euros qui prévoyait la livraison d’équipements militaires français (blindés, hélicoptères, canons…).
Emmanuel Macron a aussi accepté l’invitation de Michel Aoun de se rendre au Liban au printemps 2018.
« La France a besoin d’un Etat fort au Liban », a-t-il ajouté, précisant vouloir associer le Liban à son initiative de « groupe de contact » pour trouver une solution politique en Syrie et régler la crise des réfugiés. Il a également dit vouloir développer « la francophonie et la francophilie » au Liban en dressant une « feuille de route » qui sera signée à Beyrouth lors de sa visite.
Source: Médias