Le communiqué final de la réunion extraordinaire de la Ligue arabe au Caire, tenue dimanche à la demande de Ryad, n’a pas surpris les Libanais. Les ministres arabes ont qualifié de ‘terroriste’ le parti de résistance libanais, le Hezbollah.
Seuls le Liban et l’Irak ont émis des réserves et n’ont pas endossé les points du communiqué de la ligue arabe concernant le Hezbollah.
Le ton du communiqué a toutefois été plus bas que les attentes saoudiennes. Selon des sources égyptiennes, citées par le quotidien libanais AlAkhbar, le ministre saoudien des Affaires Etrangères voulait suspendre le membership du Liban auprès de la Ligue arabe et réclamait le retrait du Hezbollah du gouvernement ou au moins la condamnation du gouvernement libanais pour « les actes commis par le Hezbollah terroriste ». Et d’ajouter : « Le Caire a refusé une exclusion de n’importe quelle partie libanaise et une sanction du peuple libanais pour le choix de ses représentants ».
Dans ce contexte, le chef de la diplomatie libanaise, Gebran Bassil, a mené plusieurs tractations afin d’arracher un refus arabe de la condamnation du gouvernement libanais.
La Ligue dénonce l’agression flagrante de l’Iran
S’agissant de l’Iran, les ministres saoudiens et bahreinis ont prononcé des discours acerbes, en accusant Téhéran de déstabiliser la région.
Dans un communiqué final au terme de la réunion, la Ligue arabe a condamné le « tir de missile balistique de fabrication iranienne depuis le Yémen », et dénoncé une « agression flagrante ».
Le 4 novembre, l’armée saoudienne a dit avoir intercepté au-dessus de l’aéroport de Ryad un missile tiré par Ansarullah, en riposte aux massacres saoudiens à l’encontre du peuple yéménite. Les autorités saoudiennes prétendent que ce missile est de fabrication iranienne, ce que Téhéran a démenti.
La Ligue arabe rejoint ainsi la position de Ryad, comme l’avait dit plus tôt son secrétaire général Ahmed Aboul Gheit: « les capitales arabes sont dans la ligne de mire des missiles balistiques de Téhéran ».
Le communiqué final affirme aussi le droit de Ryad et de Manama à la « légitime défense » de leurs territoires.
Il accuse en outre « le Hezbollah et les Gardiens de la révolution iraniens de financer et d’entraîner des groupes terroristes à Bahreïn » et « fait assumer au Hezbollah terroriste, un partenaire dans le gouvernement libanais, la responsabilité de fournir aux groupes terroristes dans les pays arabes des armes sophistiquées et des missiles balistiques ».
L’Iran, lui, dément être à l’origine des troubles dans la région, pointant au contraire « le rôle destructeur » de son rival saoudien.
Le communiqué final des ministres arabes des Affaires Etrangères a également chargé le groupe arabe à New York d’informer et de discuter avec le chef de l’Onu, Antonio Guterres, des « violations iraniennes liées à son programme balistique et à son soutien militaire fourni aux milices terroristes au Yémen ».
Le communiqué a en outre réitéré son intention de « suspendre les chaines de télévisions financées par l’Iran et qui diffusent via des satellites arabes, vu qu’elles menacent la sécurité régionale arabe ».
Ryad ne restera pas les bras croisés
L’Arabie saoudite a averti l’Iran dimanche qu’elle ne resterait pas « les bras croisés » face à sa politique « agressive » au Moyen-Orient.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères Adel al-Jubeir, a lancé une attaque en règle contre l’Iran et ses « agents », en allusion au Hezbollah libanais et au mouvement d’Ansarullah au Yémen.
« L’Arabie saoudite ne restera pas les bras croisés face aux agressions de l’Iran et n’épargnera aucun effort pour défendre sa sécurité nationale », a dit M. Jubeir dans un discours en séance plénière.
« Garder le silence sur les agressions iraniennes à travers ses agents dans la région ne mettra aucune capitale arabe à l’abri des missiles balistiques », a-t-il ajouté.
Il convient de noter que le ministre yéménite des Affaires étrangères a jugé ridicules les allégations du secrétaire général de la Ligue arabe et du chef de la diplomatie saoudienne qui ont accusé les combattants d’Ansarullah du Yémen d’avoir visé La Mecque et les lieux sacrés des musulmans.
Le ministre yéménite a précisé : « Ceux dont la politique repose sur le carnage des Yéménites n’ont pas le droit de se nommer les gardiens des lieux sacrés, alors que leurs mains sont souillées du sang des innocents. »
Le Hezbollah, une ‘menace’
Dans un registre tout aussi virulent, cheikh Khaled ben Ahmad Al-Khalifa, ministre des Affaires étrangères de Bahreïn, pays allié de Ryad, a estimé que le Liban est sous le « contrôle total » du Hezbollah.
« Ce parti terroriste ne conduit pas seulement des opérations à l’intérieur des frontières du pays, mais il traverse toutes les frontières de nos nations. C’est une menace pour la sécurité nationale arabe », a-t-il prétendu.
Source: Médias